5ième de carême B

Frères et Sœurs,
le passage de l’évangile selon S. Jean
que nous venons d’entendre se situe juste après le récit
qui relate l’entrée triomphale de Jésus à Jérusalem ;
ce sera le thème de dimanche prochain :
le dimanche des Rameaux.

 

Dans ce que nous venons d’entendre aujourd’hui
Il y est question de « L’HEURE ». L’heure de Jésus.

Plusieurs fois dans l’évangile de Jean,
Jésus fait allusion à cette heure
En disant :
« MON HEURE N’EST PAS N’EST PAS ENCORE VENUE. »

En S. Jean
la relation de Jésus à son Père des Cieux
est telle que Jésus dira un jour :
« MA NOURRITURE – CE QUI ME FAIT VIVRE-
EST DE FAIRE LA VOLONTÉ DE MON PÈRE. »
Et la volonté du Père c’est- quel qu’en soit le prix –
se réconcilier l’humanité avec lui.

Le Créateur veut établir
ou plutôt rétablir avec le fleuron de sa création à savoir l’humanité…
il veut rétablir quoi ?
il veut rétablir une relation d’une telle qualité
que c’est l’image de la famille qui prévaut.
Or,
Pour rétablir une telle relation…entre Dieu et l’humanité,
l’heure n’est pas encore venue.

Il y a quelques années une chanson intitulée :
« POUR FAIRE UN MONDE, MON DIEU QUE C’EST LONG »
Le chanteur décrivait quelques étapes de la création,
entre autres:
« pour faire un arbre, mon Dieu que c’est long
« pour faire un âne, mon Dieu que c’est long
Et enfin:
«pour faire un homme, mon Dieu que c’est long. »

Et le chanteur n’avait probablement pas en tête
que pour faire un homme à la mesure même de Dieu
dont le modèle est son Fils Jésus incarné
mon Dieu que c’est long… »
Or,
la volonté, disons l’élan du cœur de Dieu
c’est d’appeler… tous les humains à vivre….
mais à vivre de la vie même de Dieu.
car c’est là, en l’homme, et nulle part ailleurs
que Dieu veut trouver sa gloire.

Le grand Irénée de Lyon proclamait
« LA GLOIRE DE DIEU C’EST L’HOMME VIVANT…
Mais on connait moins la suite
Car si « LA GLOIRE DE DIEU C’EST L’HOMME VIVANT
s. Irénée ajoute :
ET LA VIE DE L’HOMME C’EST VOIR DIEU. »

LA VIE DE L’HOMME C’EST VOIR DIEU
Cela me rappelle la vie d’un homme, Jacques Fesch….
condamné à la peine capitale (décapité).
En prison cet homme fait un retour sur lui-même
et se converti en profondeur.

Un peu avant sa décapitation…il est averti de l’exécution :
Il dit en se préparant pour aller à l’échafaud :
« DANS 5 HEURES JE VERRAI JÉSUS. »

On murmure qu’un jour, vraisemblablement,
il pourrait être béatifié.

Dans la parabole de l’enfant prodigue…
Lorsque celui-ci revient vers son père,
Celui-ci n’a qu’un mot « VITE, FAISONS LA FÊTE
MON FILS ÉTAIT MORT. IL EST REVENU LA VIE… »

Pour les humains, voir Dieu en Jésus-Christ
C’est Vivre de la vie même de Dieu
c’est en cela que Dieu trouve sa gloire.
Voilà le projet de Dieu !

Cet amour-là c’est l’ amour fou de Dieu
et S. Paul dira très justement dans la 1ère lettre aux Corinthiens,1,25:
« CE QUI EST FOLIE DE DIEU
EST PLUS SAGE QUE LES HOMMES »
L’ACCOMPLISSEMENT de ce projet du Père
C’est là pour Jésus que se situe son heure.

Et c’est au moment où des grecs représentant probablement tout ce monde païen
que quelques-uns parmi ces grecs,
qui participaient au pèlerinage pascal à Jérusalem…
quelques-uns abordèrent Philippe et lui firent cette demande :
« NOUS VOUDRIONS VOIR JÉSUS. »
Cette phrase est lourde de sens.
Si ces gens venus à Jérusalem
peut-être pour adorer Dieu demandent à voir Jésus
c’est, pour le dire autrement,
que le chemin pour aller à Dieu c’est Jésus,
l’Envoyé du Père.
« NOUS VOUDRIONS VOIR JÉSUS. »
La plénitude de la contemplation de Dieu
c’est de voir Jésus,
aussi,
ces grecs sont vraisemblablement inspirés lorsqu’ils demandent à Philippe : « NOUS VOUDRIONS VOIR JÉSUS »
Il est vrai que « L’ESPRIT SOUFFLE OÙ IL VEUT. »

« PHILIPPE qui a reçu cette demande des grecs
VA LE DIRE À ANDRÉ ET TOUS DEUX VONT LE DIRE À JÉSUS.
TOUS DEUX
car il faut être deux pour un témoignage authentique.
Le message de ces deux témoins
-à savoir que des grecs qui demandent à voir Jésus-
est pour Jésus
LA PORTE DU ROYAUME
QUI S’OUVRE À TOUTE L’HUMANITÉ.
Alors pour Jésus , manifestement :
« L’HEURE EST VENUE
POUR LE FILS DE L’HOMME D’ÊTRE GLORIFIÉ. »

La B.N.
Autrement dit : voir Jésus
Déborde les frontières d’Israël.
Si des grecs veulent voit Jésus,
La B.N. s’ouvre sur le monde entier.
Même si pour que la B.N. soit annoncée au monde entier
Mon Dieu que c’est long… »

Pour Jésus l’accomplissement de sa mission est là.
Oui ! L’HEURE EST VENUE.
Mais cette heure bénie entre toutes a quelque chose de redoutable.
Ecoutons Jésus :
«L’HEURE EST VENUE
POUR LE FILS DE L’HOMME D’ÊTRE GLORIFIÉ. »
Il ajoute : « AMEN, AMEN, JE VOUS LE DIS :
SI LE GRAIN DE BLÉ TOMBÉ EN TERRE NE MEURT PAS,
IL RESTE SEUL ;
MAIS
S’IL MEURT, IL DONNE BEAUCOUP DE FRUIT. »

Si le Père et le Fils trouvent leur gloire
dans cette vie divine communiquée aux hommes,
le Père et le Fils vont consentir à en payer le prix…
un prix à la hauteur de cet enjeu :
« MAINTENANT JE SUIS BOULEVERSÉ » dit Jésus.
« QUE PUIS-JE DIRE ? DIRAIS-JE :
« PÈRE DÉLIVRE-MOI DE CETTE HEURE ?
– MAIS NON ! C’EST POUR CELA QUE JE SUIS PARVENU
À CETTE HEURE – CI !
PÈRE, GLORIFIE TON NOM ! »
que ton nom de Père
se vérifie dans cette filiation universelle
qui ne peut venir que de toi…
et qui nous vient par le Fils.
« C’est alors qu’une voix qui vient de l’Au-delà proclame :
« JE L’AI GLORIFIÉ ET LE GLORIFIERAI ENCORE. »
CE N’EST PAS POUR MOI
QUE CETTE VOIX S’EST FAIT ENTENDRE,
dit Jésus, C’EST POUR VOUS. »
Car celui par qui s’accomplit cette œuvre
est bien plus qu’un maître à penser ;
c’est un maître à vivre..
Un maître à vivre qui donne de vivre en sacrifiant la sienne.

Frères et Sœurs ,

nous trouvons aussi dans cet évangile ce passage
« CELUI QUI AIME SA VIE LA PERD ;
CELUI QUI S’EN DÉTACHE EN CE MONDE
LA GARDE POUR LA VIE ÉTERNELLE.
Et Jésus ajoute : « SI QUELQU’UN ME SERT,
MON PÈRE L’HONORERA.. »

C’est comme si Jésus voulait nous unir à cette rédemption dont nous sommes l’objet.
Durant cette quinzaine qui s’ouvre,
puissions-nous réaliser le prix que nous avons aux yeux de Dieu.
C’est ce prix que Jésus a consenti à payer
par fidélité à la volonté du Père
dont la volonté est de sauver l’humanité quoi qu’il en coûte.
D’où les derniers mots de Jésus en croix :
« PÈRE, TOUT EST ACCOMPLI. »

Vivons cette liturgie pascale dans sa totalité
car la résurrection du Christ
est aussi la nôtre en germe lors de notre baptême
et qui ne demande qu’à grandir.

En l’occurrence méditons cette parole de S. Thomas d’Aquin :
« EN TOUTES CHOSES IL FAUT CONSIDÉRER LA FIN. »