7ème dimanche du Temps ordinaire C

Frères et sœurs,
je me souviens, il y a quelques années de cela,
c’était lors de la préparation du baptême d’un nouveau-né.
Un jour, cet enfant aura à ratifier ou pas ce choix
que ses parents auront pris à son égard.


Quant à eux, ses parents,
ils s’ engagent,
tout en sauvegardant la liberté de l’enfant,
à respecter ce choix par ce qu’il faut bien appeler :
l’ EDUCATION.
Or, pour faire bref, la meilleure éducation
n’ est-ce pas de donner L’ EXEMPLE ?

L’ exemple du vivre en chrétien
c’ est s’ ouvrir à l’ AMOUR DE DIEU
pour vivre de cet AMOUR .

Or, Jésus annonce la couleur,
la REVOLUTION que réalise cet amour ne le cède
qu’à l’ EXIGENCE de cet art d’aimer :
« JE VOUS LE DIS – déclare Jésus-
A VOUS QUI M’ ECOUTEZ,
AIMEZ VOS ENNEMIS .
J’ en étais arrivé là,
dans ce foyer très accueillant
lorsque le grand père qui assistait à l’échange
ne pût se retenir :

« JE SUIS CHRETIEN – dit-il –
MAIS PARDONNER A MES ENNEMIS…..CA NON ! »
Jésus, il est vrai, met la barre très haut
pour quiconque veut marcher à sa suite.
Comme il est parfois difficile d’aimer !
Et encore si ce n’ était que difficile,
Il peut arriver que ce soit IMPOSSIBLE.

Jésus ne charge pas les épaules de ses disciples
d’un FARDEAU IMPOSSIBLE.
N’est- ce- pas lui qui a dit :
« CE QUI EST IMPOSSIBLE AUX HOMMES
EST POSSIBLE A DIEU. »
Ce que l’on ne possède pas par NATURE….
la nature étant blessée…..depuis les origines,
CE QUE L’ON NE POSSEDE PAS PAR NATURE,
on peut toujours le demander
et l’accueillir….PAR GRÂCE …..
GRÂCE QUI NE SERA JAMAIS REFUSEE
A QUI LA DEMANDE.

La vie chrétienne ne s’inscrit pas dans la logique
D’UNE PERFORMANCE TOUTE HUMAINE.
Ce ne sont pas les humains qui sont en cause……
mais Dieu.
S. Paul le dit, on ne peut plus clairement
dans sa première lettre aux Corinthiens :
« QU’AS-TU QUE TU N’AIES RECU ?
ET SI TU L’AS RECU,
POURQUOI T’ENORGUEILLIR
COMME SI TU NE L’AVAIS PAS RECU ? »
Jésus va éclairer davantage encore ses disciples
lorsqu’il dit :
« SOYEZ MISERICORDIEUX
COMME VOTRE PERE EST MISERICORDIEUX. »
A vrai dire, d’après le grand exégète Xavier Léon-Dufour
le mot « COMME » ne traduit pas toute la force
exprimée par l’évangéliste.
Plutôt que traduire :
« …COMME VOTRE PERE EST MISERICORDIEUX »,
il faudrait dire :
« SOYEZ MISERICORDIEUX DE LA MISERCORDE QUI
EST CELLE DE VOTRE PERE QUI EST AUX CIEUX. »

Il n’ empêche que cela ne va pas de soi
car l’INFINIE miséricorde du Père se loge dans le cœur humain qui lui connaît la FINITUDE.

Sans vouloir plagier la pensée de Pascal on pourrait dire :
« LE CŒUR DE DIEU A SES RAISONS
QUE LA RAISON HUMAINE NE CONNAÎT PAS. »

C’est à ce niveau que nous pouvons goûter la LIBERTE
que S. Paul qualifie comme étant
« LA LIBERTE DES ENFANTS DE DIEU. »

N’ est- ce pas là, peut-être,
notre plus beau titre de gloire : ÊTRE LIBRE .

Voyons ce que recouvre, pour nous, cette expression :
« ETRE LIBRE ».
Là, une fois de plus,Jésus se montre un PEDAGOGUE- NE
pour ses disciples.
C’est une des pages les plus bouleversantes de l’Evangile

« JE VOUS LE DIS, - c’est Jésus qui parle –
A VOUS QUI M’ECOUTEZ : AIMEZ VOS ENNEMIS. »
Mais bien sûr,
il avait raison ce brave grand’ père ........
lors de la préparation du baptême de son petit fils ;
PAR SES SEULES FORCES NATURELLES
IL LUI ETAIT DIFFICILE sinon
IMPOSSIBLE D’AIMER SES ENNEMIS.

Et l’on peut dire, d’une façon générale :
celui qui garde une AGRESSIVITE
à l’ égard de quelqu’un
il reste PRISONNIER de son AGRESSIVITE.
Il ne connaît pas la paix du cœur,
il N’EST PAS LIBRE.

D’autre part,
celui qui SUBIT l’agression ….
s’il ne s’émancipe pas de l’injure qui lui est faite.....
en acte ou en parole…..
en parole...ce qui fait parfois plus mal encore,
s’il ne triomphe pas de MAL par le BIEN,
lui non plus n’est pas un homme LIBRE.
C’est ce que Jésus veut dire par ces mots :
« A CELUI QUI TE FRAPPE SUR UNE JOUE,
PRESENTE L’AUTRE. »
Autrement dit,
sois vainqueur du mal qu’on te fait en faisant le bien.
Tu auras ce bien inestimable d’être un HOMME LIBRE.

Quand Jésus dit :
« HEUREUX LES DOUX…
ILS POSSEDERONT LA TERRE…PROMISE. »
Bien plus encore que d’être dans le Royaume,
c’est leur COEUR qui sera transfiguré .....
pour devenir une porte du ROYAUME.

La DOUCEUR EVANGELIQUE elle est une des facettes
du don de l’Esprit dont parle S. Paul aux Galates.

« LE FRUIT DE L’ ESPRIT - dit S. Paul – C’EST l’AMOUR
qui se traduit en JOIE, PAIX, PATIENCE,
BONTE, BIENVEILLANCE, FOI,
DOUCEUR, MAÎTRISE DE SOI. CONTRE DE TELLES CHOSES – ajoute S. Paul –
IL N’ Y A PAS DE LOI. »
ON EST LIBRE !
S. Augustin renchérit en s’écriant :
« AIME, ET FAIS CE QUE TU VEUX. »

Pour être complet,
il faut encore parler d’un autre
qui peut faire souffrir,
qui peut faire mal ;
cet autre qui tient l’être humain replié sur lui-même
et l’empêche d’être LIBRE ,
CET AUTRE : c’est SOI-MÊME à l’égard de SOI-MÊME.

 

Dans les années 50 paraît un film avec Pierre Fresnay
dans le rôle d’un prêtre défroqué.
A ce prêtre qui se détruit intérieurement sa mère lui dit :
« MON FILS, TU ES PRISONNIER DE TOI-MÊME. »

Gardons-nous de faire de nous-mêmes
l’ univers le plus carcéral qui soi.
Ayons à cœur d’être BONS…..pour les autres et pour nous-mêmes.
Soyons pour tout être humain
en commençant par nous-mêmes....
profondément bons .

OUI ! « SOYONS MISERICORDIEUX ….
COMME NOTRE PERE EST MISERICORDIEUX.

FRERES et SŒURS,

Si nous ne retenons que quelques mots
de cette célébration…..
peut-être cette phrase que nous avons reprise
comme refrain au chant d’entrée :
« METS- EN NOUS TON ESPRIT, SEIGNEUR,
ET NOUS AIMERONS. »