15ième dimanche C

Frères et Sœurs,
Il voulait mettre Jésus à l’épreuve
ce docteur de la Loi
qui vient poser une question à Jésus :
« MAÎTRE, dit-il,
QUE DOIS-JE FAIRE
POUR AVOIR EN HÉRITAGE LA VIE ÉTERNELLE ? »

 

C’est une excellente question.

Et Jésus en pédagogue accompli,
va faire mieux que lui répondre.
Jésus va donner à celui qui pose la question,
l’occasion de donner lui-même la réponse.
Bien !
Mais, en répondant lui-même à sa propre question
ce docteur de la Loi va se compromettre
dont il doit envisager sa manière de vivre.

En effet, à sa question :
« QUE DOIS-JE FAIRE
POUR AVOIR EN HÉRITAGE LA VIE ÉTERNELLE »
Jésus répond :
« DANS LA LOI,
QU’Y A-T-IL D’ÉCRIT ?
ET COMMENT LIS-TU ? »
Remarquons que Jésus pose deux questions :
D’une part « QU’Y A-T-IL D’ÉCRIT ? »

Et, d’autre part,
« ET COMMENT LIS-TU CE QUI EST ÉCRIT DANS LA LOI ? »
Autrement dit :
« COMMENT INTERPRÈTES-TU
CE GRAND COMMANDEMENT ?
D’emblée, le docteur de la Loi répond
en citant le passage clé
qui se trouve dans le livre du Deutéronome.

Il s’agit de la prière dite SHEMA
que tout juif pieux fait matin et soir à savoir :
«TU AIMERAS LE SEIGNEUR TON DIEU
DE TOUT TON CŒUR,
DE TOUTE TON ÂME,
DE TOUTE TA FORCE
ET DE TOUTE TON INTELLIGENCE,
ET TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME.
JÉSUS LUI DIT :
« TU AS RÉPONDU CORRECTEMENT.
FAIS AINSI ET TU VIVRAS. »
Le passage d’évangile que nous venons d’entendre
est de S. Luc, l’évangéliste de cette année.

Dans l’évangile de S. Matthieu et de S. Marc
à la question posée à Jésus sur le premier commandement,
c’est Jésus qui répond :
« LE PREMIER COMMANDEMENT
C’EST D’AIMER DIEU DE TOUT SON CŒUR… »
et Jésus ajoute :
« LE SECOND COMMANDEMENT LUI EST SEMBLABLE :
« TU AIMERAS TON PROCHAIN COMME TOI-MÊME. »
L’originalité que Jésus apporte
c’est non seulement de mettre sur le même pied
L’AMOUR DE DIEU et L’AMOUR DU PROCHAIN
comme le fait la fameuse prière en Israël.

Pour Jésus :
« TU AIMERAS TON PROCHAIN »
est ABSOLUMENT SEMBLABLE
au premier commandement :
« TU AIMERAS LE SEIGNEUR TON DIEU. »

Or, l’amour de Dieu n’a pas de limite
et donc, pour Jésus,
l’amour du prochain ne doit pas avoir de limite.

Mais ce n’est pas tout.
Jésus devine que ce docteur de la Loi cherche à le coincer.
Cet homme de la Loi sait que Jésus fréquente
les pécheurs ,
les publicains,
les gens de mauvaise vie
et les samaritains…
ce qui n’est pas le cas du juif pieux
comme l’est ce docteur de la loi.

D’où la question que ce dernier pose à Jésus
et qui est centrale dans ce passage évangélique.

Cette question de cet homme de la Loi,
nous l’avons entendue :
« ET QUI EST MON PROCHAIN ? »
Sous entendu, pour ce docteur de la Loi,
jusqu’où va le devoir d’aimer son prochain?
Pour lui,
LE PROCHAIN, c’est celui qui observe la loi,
à l’exclusion de ceux qui ne pratiquent pas la Loi
autrement dit : LES ENNEMIS DE LA FOI JUIVE.

Dans l’évangile selon S. Matthieu ch. 5 :
Jésus dit :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
« Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.

C’est bien comme cela que tu lis la Loi
mais ce n’est pas ce qui est écrit dans la Loi.

Alors, à la question
que Jésus attendait de la part de ce savant de la Loi,
à savoir : « ET QUI EST MON PROCHAIN ? »
En guise de réponse,
Jésus raconte une histoire, une parabole
dans laquelle Jésus met en évidence…
un samaritain et donc un impie,
un ennemi du vrai Dieu
car les samaritains adorent un faux dieu.

Une fois l’histoire racontée –
nous venons de l’entendre dans l’évangile de ce dimanche-
Jésus ne demande pas :
« CET HOMME A DEMI-MORT SUR LA ROUTE
A ÉTÉ LE PROCHAIN DE QUI. ?»
Non ! Jésus demande :
« LEQUEL DES TROIS VOYAGEURS,
le prêtre, le lévite, le samaritain,
« LEQUEL S’EST MONTRÉ LE PROCHAIN
DE CET HOMME BLESSÉ SUR LA ROUTE ? »

Avec Jésus,
il n’est plus question de se demander :
« qui est mon prochain ? »
Mais bien
« de qui me suis-je fais le prochain ? »

Avec Jésus, c’est autrui qui devient le centre…
de qui je dois me rendre proche.

Proche non pas de celui pour qui j’ai de la sympathie,
mais proche de quiconque je dois me faire proche
par une disposition du cœur.

Frères et Sœurs,

S’il est quelqu’un qui s’est fait le prochain-sans exclusive-mais avec, il est vrai, une préférence pour les pauvres,
c’est Jésus le Fils de Dieu.

En prenant notre condition humaine…
Jésus de Nazareth s’est fait proche de nous tous.

Il nous est bon de garder en mémoire
cette parabole du bon samaritain.
Tout particulièrement en cette année liturgique..
durant laquelle nous méditons l’évangile de S. Luc,
appelé l’évangile de la miséricorde.

Mais plus précisément encore en cette année jubilaire
50 ans après le concile Vatican II
dont le pape François a voulu en faire
l’année de la miséricorde.

Miséricorde : un des plus beaux mots de la langue française.
Dans ce mot qui unit la misère et le cœur.
la miséricorde : avoir un cœur sensible à la misère.

En cette Eucharistie,
ne faisant qu’un avec celui qui s’est fait notre prochain
afin que nous devenions –
c’est tout le sens de notre communion sacramentelle-
Oui !
Afin qu’avec le Christ Jésus
Nous devenions nous aussi le prochain
envers tous ceux vis-à-vis de qui nous nous rendons proche.

C’est bien le dernier mot de notre évangile
où Jésus dit au docteur de la Loi
comme
il le dit aujourd’hui à chacun et chacune de nous :
« VA, ET TOI AUSSI FAIS DE MÊME »…