5 mars 2022 -- Samedi après le Mercredi des Cendres

Is 58, 9b-14 ; Lc 5, 27-32

 

 

H O M É L I E

           Il est vraiment intéressant de voir comment Jésus, dans les débuts de son ministère public, alors même que les foules courent après lui, appelle une à une quelques personnes à devenir ses disciples en leur disant simplement: "suis-moi".  Et dans chaque cas il s'agit précisément d'hommes qui ne faisaient pas partie de ces foules d'admirateurs ou de curieux et qui, en général, étaient tout bonnement à leur travail. Après les pêcheurs, Simon, Jacques et Jean, voici maintenant qu'il appelle un collecteur d'impôt.

           Figure fascinante que ce Lévi.  C'était un homme de la société, qui, en tant que fonctionnaire de l'empire romain, avait une position enviable, même s'il était considéré comme pécheur par les Pharisiens à cause de sa collaboration avec le pouvoir occupant.  À l'appel de Jésus il se lève immédiatement, quitte tout et le suit.  Il y a quelque chose cependant qu'il n'oublie pas et n'abandonne pas.  Ce sont ses amis.  Il les invite à un grand festin pour célébrer ce moment important dans sa vie et il invite aussi Jésus et ses premiers disciples. 

           On ne sait ce qu'il faut admirer le plus chez Lévi:  la rapidité avec laquelle il répond à l'appel de Jésus, ou la fidélité à ses amis, même s'ils appartiennent désormais à un monde différent du sien.  Il n'est pas question de faire pression sur eux pour les "convertir", mais simplement de les associer à sa joie, tout comme l'Époux associe ses amis à la sienne.

           Évidemment, les Pharisiens, victimes comme toujours de leurs structures mentales, ne peuvent comprendre.  Surtout ils ne peuvent comprendre que Jésus et ses disciples acceptent de manger avec cette foule.  Cette fois-ci, c'est aux disciples qu'ils posent la question:  "Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs?"  -- C’est Jésus qui prend la parole; et, comme presque toujours dans les situations semblables, il ne répond pas directement à leur question, les amenant à un autre niveau et énonçant un principe supérieur.  Il cite d'abord un proverbe populaire:  "Ce ne sont pas les bien portants qui ont besoin du médecin mais les mal portants." Et il ajoute: "Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs à la conversion » laissant ainsi la porte ouverte à eux aussi pour qu'ils se convertissent. 

           L'appel à le suivre, c'est-à-dire à être ses disciples, est réservé à quelques personnes librement choisies par Lui; l’appel à la conversion est lancé à tous.  À nous aussi.

Armand Veilleux