A PÂQUES 06 JEAN 14,15-21 (15)

Chimay :14.05.2023

 

Conduits par l’Esprit Saint

Frères et sœurs, quand nous lisons le livre des Actes des apôtres, nous y découvrons comment la bonne nouvelle de l’Évangile s’est répandue dans les premiers temps de l’Église. La croix du Christ a porté des fruits qui demeurent. Elle a donné aux apôtres l’audace de l’assurance. Mais tout cela ne s’est pas passé sans persécutions. Il y a eu la mort du diacre Étienne. Pierre et Jean ont été appréhendés et mis en prison. Saul, futur saint Paul, a persécuté l’Église. Mais rien ni personne n’a pu arrêter la progression de la parole de Dieu. Le diacre Philippe a été envoyé en Samarie, non pour se cacher, mais pour y prêcher. Tout cela, il l’accomplit en lien avec ceux qui lui ont confié cette mission. Ces derniers viendront de Jérusalem pour authentifier son travail.

Il faut savoir que la Samarie était une région méprisée. Les juifs pieux évitaient de fréquenter les Samaritains et de leur parler. Ces derniers étaient considérés comme des infidèles au Dieu d’Israël. Mais touchés par la grâce, beaucoup se sont convertis et se sont fait baptiser. « Pierre et Jean leur imposèrent les mains, et ils reçurent l’Esprit Saint » (Ac 8,17). Ce fut une Pentecôte pour les Samaritains. Nous avons là un exemple du sacrement de confirmation, par lequel la venue de l’Esprit ratifie le baptême. Nous devons rendre grâce pour les hauts faits de Dieu. À ses yeux, personne n’est irrécupérable. Comme Philippe, nous sommes envoyés pour accomplir des gestes qui guérissent, qui libèrent, qui relèvent et redonnent vie et espérance, avec l’aide de Dieu et de la prière. Le texte lu aujourd’hui dit bien : « À leur arrivée, ceux-ci prièrent pour ces Samaritains, afin qu’ils reçoivent l’Esprit Saint » (Ac 8,15).

Dans la seconde lecture (IPi 3,15-18), c’est Pierre qui s’adresse à des chrétiens qui se heurtent à la calomnie et à la persécution de la part de leurs adversaires. L’apôtre leur indique la ligne de conduite à tenir. Ils ne doivent jamais renoncer à témoigner de leur foi. Mais ils doivent réagir avec douceur contre les attaques en respectant leurs ennemis. « Car mieux vaudrait souffrir en faisant le bien, si c’était la volonté de Dieu, plutôt qu’en faisant le mal » (IPi 3,17). Au moment où il écrit sa lettre, certains chrétiens ont renié leur foi car ils ont eu peur du danger. En écoutant ce message de Pierre, comment ne pas penser aux nombreux chrétiens d’aujourd’hui qui sont également persécutés à cause de l’Évangile ? C’est dans ce monde tel qu’il est que nous avons à témoigner de notre attachement au Christ. Et c’est pour remplir cette mission qu’il nous envoie l’Esprit Saint.

C’est cette promesse que nous avons entendue de la part de Jésus au moment où il se prépare à « passer de ce monde à son Père ». S’adressant à ses disciples, il leur dit : « Je prierai le Père et il vous donnera un autre défenseur qui sera pour toujours avec vous » (Jn 14,16). Ce défenseur, l’Évangile de Saint Jean l’appelle « le Paraclet ». Dans le monde juif le paraclet c’était le notable qui s’interposait entre le juge et l’accusé. C’était un homme au-dessus de tout soupçon qui était écouté et respecté ; il avait la possibilité de casser une condamnation et de faire libérer l’accusé sous sa responsabilité et au nom de sa propre réputation.

L’Esprit Saint est pour nous ce Paraclet, ce défenseur qui intervient quand nous somme mis en accusation au nom de notre foi. Nous le voyons tous les jours, l’Église est tournée en dérision dès qu’elle prend position contre des orientations qui sont contraires à l’Évangile du Christ. Mais l’Esprit Saint intervient pour nous conseiller, nous encourager, nous consoler et nous soutenir dans les moments difficiles de notre vie. Il nous pousse inlassablement au sursaut et à l’initiative libératrice.

L’apôtre Pierre nous dit que nous devons être toujours prêts à nous expliquer devant ceux qui nous demandent de rendre compte de l’espérance qui est la nôtre (IPi 3,15). Mais pour répondre à cet appel, nous avons besoin, nous aussi, de l’Esprit de Saint. Il est là, du côté de ceux qui sont attaqués à cause de leur foi en Jésus-Christ. Il intervient aussi quand nous sommes confrontés à nos propres faiblesses, quand nous disons : « Je ne suis pas capable ». Il nous dit : « Vas-y, ne crains pas, je suis avec toi » (Is 41,10). 

Comment comprendre la ligne de démarcation entre les croyants et le « monde » ? Dans le Nouveau Testament, les acceptions de ce mot varient. Le monde peut être envisagé comme une réalité neutre, ou encore comme une réalité en perdition aimée de Dieu – puisqu’il a donné son Fils unique pour la sauver –, ou enfin comme une réalité hostile qui se situe du côté du mensonge et non de la vérité. Manifestement, c’est ce dernier sens qui domine dans l’évangile de ce jour, où Jésus et ses disciples apparaissent en procès avec ce monde et ce qu’il véhicule.

D’où la nécessité d’un Défenseur-Consolateur, l’Esprit de vérité « qui sera avec vous pour toujours ». N’est-ce pas lui qui permet de connaître Jésus au-delà des apparences et, par lui, de connaître le Père en qui il demeure ? Lui qui permettra de faire la différence entre la vérité et le mensonge ? Pour cela, le Paraclet, le Défenseur, l’Esprit de vérité nous aide à tenir bon au milieu des difficultés inhérentes à la vie, et, lorsque nous doutons de fatigue et de tristesse, défend en nous l’amour de Dieu manifesté en Jésus. Impossible de ne pas penser ici à la tromperie du serpent en Genèse, lequel falsifie le propos de Dieu et lui prête des motivations et des intentions négatives comme celles d’être jaloux de ses droits et de s’opposer à l’épanouissement de l’humanité.

À travers toutes les voix qui s’élèvent aujourd’hui, tous les chemins proposés, comment discerner la route à suivre ? Il semble que la fidélité au commandement de l’amour, à la parole du Christ, soit ici déterminante. Qu’est-ce qui rend le son de l’Évangile, qu’est-ce qui dilate mon cœur durablement, qu’est-ce qui me permet de progresser dans la connaissance de Dieu et de croître en humanité ?

Être disciple, c’est accueillir le Christ, l’écouter, nous laisser guider par lui. Mais comme le diacre Philippe, découvrir que le Seigneur l’a précédé dans le cœur de ceux qui sont sur sa route. En fait nous devrions être des contemplactifs : nous ressourcer en Dieu dans la prière (comme Marie aux pieds de Jésus), et rendre efficiente notre foi dans le service de nos frères et sœurs, aussi humbles soient-ils (comme Marie qui prépare le repas).

Cette annonce du Royaume de Dieu doit être joyeuse. Il s’agit d’une bonne nouvelle : Dieu nous invite au « festin des noces » c’est une invitation au bonheur et il faut que cela se voie dans notre vie. Nous sommes à quelques jours de la Pentecôte. Les apôtres s’y sont préparés avec Marie, la mère de Jésus. Elle est là, avec nous, pour nous aider à nous préparer à ce grand événement. Nous aussi, nous nous préparons à accueillir l’Esprit Saint et à répondre à l’amour du Christ qui s’est donné pour le salut du monde. Prions-le pour qu’il nous transforme au plus profond de nous-mêmes pour nous aider à vivre et à aimer comme lui et avec lui. Amen