Saint Joseph

Scourmont, jeudi 19 mars 2020

2 S 7, 4-5a.12-14a.16 – Ps 88

Rm 4, 13.16-18.22 – Mt 1, 16.18-21.24a

 Saint Joseph, un modèle pour les disciples de Jésus

L’une des prières de cette messe (la Prière sur les offrandes) présente saint Joseph comme celui qui s’est consacré tout entier à servir Jésus, le Fils de Dieu, né de la Vierge Marie.

1. Joseph passe tout de suite de l’écoute à l’exécution

L’un des points remarquables dans son comportement, c’est qu’il passe tout de suite de l’écoute à l’action. Nous venons de l’entendre dans l’évangile selon saint Matthieu. Il entend le message de l’ange : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse. » Il ne dit rien, il ne répond pas, mais il exécute l’ordre donné sans attendre un instant de plus : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit. » Zacharie avait mis en doute la parole de l’ange lui annonçant la naissance de son fils Jean. Marie, lors de l’Annonciation, avait exprimé à l’ange les questions qu’elle se posait légitimement. Rien de tel dans l’annonce à Joseph. L’ange parle et Joseph exécute. Il en sera de même pour la fuite en Égypte, ou pour le retour d’Égypte : pas de discussion, mais l’action, la mise en œuvre sans délai de ce qui a été commandé, et qu’il perçoit comme étant la volonté de Dieu.

Cela suppose d’abord de la part de Joseph qu’il comprend tout de suite ce dont il s’agit, ce qui lui est demandé. Il reconnaît d’emblée son interlocuteur – ce n’est pas le Mauvais, mais un ange de Dieu –, car il est habitué des choses divines. Pourquoi ? On peut penser que Joseph, le taciturne, passe sa vie silencieuse dans la méditation des choses de Dieu. C’est un familier du divin. Sinon, comment aurait-il fait pour reconnaître un message de Dieu dans les paroles de l’ange ?

Et puis, Joseph ne se contente pas de comprendre ce qui lui est demandé, il le met tout de suite en œuvre : prendre chez lui son épouse devenue enceinte il ne sait comment, ou, plus tard, fuir avec elle et l’enfant en Égypte pour échapper à Hérode. En même temps qu’un grand contemplatif, Joseph est un homme d’action efficace. Rien ne semble lui faire peur. Il était capable de faire bien plus qu’un modeste travail d’artisanat dans la petite ville de Nazareth ; il ne semble pas douter de ses capacités, sans doute parce qu’il se sait assisté de la force divine : il sait que Celui qui donne des ordres procure aussi la force d’y répondre.

Ce que Dieu nous demande aujourd’hui, nous pouvons aussi l’accomplir tout de suite, sans discuter, si nous avons assez de foi pour croire qu’il va nous donner la force de collaborer à son œuvre dans nos vies.

2. Joseph, celui qui fait exister Marie et son enfant, Jésus

Ce qui est finalement demandé à Joseph dans les diverses occasions mentionnées par l’Évangile n’est rien de moins que de donner à Marie et à Jésus les moyens d’exister. Certes, ce n’est pas lui qui a engendré Jésus, mais c’est lui qui lui a donné son nom – Jésus –, et qui l’a nourri. Ne l’appelle-t-on pas d’ailleurs le « père nourricier » de Jésus ? Sans lui, que seraient devenus Jésus et Marie ? S’ils n’ont pas eu à souffrir de la faim, c’est grâce à Joseph. S’ils ont toujours eu un toit pour se reposer, c’est grâce à Joseph. S’ils ne sont pas tombés dans les filets du roi Hérode, c’est grâce à ce père merveilleux.

Ce n’est pas nous qui avons engendré Jésus en nos cœurs, mais c’est la grâce de l’Esprit saint par le sacrement du baptême. Cependant, c’est à nous qu’il revient de contribuer à le faire grandir en nous. Si nous ne pouvons rien sans la grâce, la grâce ne peut rien sans nous. Pour cela, il nous revient de lui donner un espace pour vivre, en déblayant notre cœur de tout ce qui l’encombre. C’est ce que l’on appelle le plus souvent le combat spirituel, le combat contre tout ce qui empêche le Christ de se développer en notre être et en notre vie : notre péché, tout d’abord, mais aussi, nos pensées, tout ce qui n’est pas droit, pur ou lumineux. Jésus veut vivre en nous, jusqu’à y prendre toute la place. Comme Joseph, offrons-lui le gîte et le couvert : un toit pour préserver l’intimité de la rencontre ; un couvert pour qu’il croisse jusqu’à nous envahir tout entiers.

3. Vie intérieure et vie active

Et si cette vie intérieure se développe et si elle est authentique, ce n’est jamais au détriment de la vie active. Seuls, ceux qui sont pleinement habités par Jésus peuvent se répandre en charité sans mesure pour leurs frères. Et cette charité elle-même, signe de la présence du Christ, est garante de cette présence : là où se vit la charité, l’Esprit d’amour ne peut être absent, car il n’y a pas d’autre charité que celle qui vient de Dieu.

Que saint Joseph intercède pour nous. À sa suite, à la suite de Marie, son épouse, soyons prêts à répondre sans attendre, par des actes, à tout ce que l’ange du Seigneur nous propose aujourd’hui.