17ième ordinaire A

Frères et Sœurs,

Sans vouloir plagier le dicton:
« AUX ÂMES BIEN NÉES,
LA VALEUR N’ATTEND PAS LE NOMBRE DES ANNÉES »,
on pourrait dire aussi :
LA VALEUR D’UN ÉCRIT NE DÉPEND PAS DE SA LONGUEUR.

 

En effet, dans ce court passage d’évangile,
nous avons trois petites paraboles concernant le Royaume.

Retenons les deux premières.
Deux mini-paraboles qui se ressemblent comme deux gouttes d’eau.

Essayons d’en extraire ce qui est réellement en jeu dans ces mini paraboles.

« LE ROYAUME DES CIEUX EST COMPARABLE, dit Jésus,
À UN TRÉSOR CACHÉ DANS UN CHAMPS…. »
Un trésor !
Et c’est bien de cela qu’il s’agit lorsqu’il est question
du royaume des cieux »

Or, ce champ n’ appartient pas à l’homme qui l’a découvert
car ce trésor est inestimable…
cet homme n’a pas les moyens d’acheter ce trésor.
Alors , que faire ?
Cet homme doué du bon sens qu’on les gens de la terre,
S’il n’a pas L’ARGENT DISPONIBLE POUR UN TEL TRÉSOR
Ce champ, il le veut même AU PRIX FORT
en sorte que le propriétaire
ne puisse résister à vendre ce champ.

Alors il va vendre tout ce qu’il possède
afin d’avoir de quoi acheter ce champ.
Du coup,
le trésor dans le champ qu’il aura acheté
ce trésor sera SIEN comme si cela lui tombait du ciel.

L’autre parabole est du pareil au même :
Sauf qu’ici, il s’agit d’un négociant,
un homme d’affaire qui a du flair ;
son regard ne le trompe pas.
Il perçoit une perle de grande valeur ;

« C’est combien cette perle ? »
« c’est autant ! » dit le marchand.
Il marchande un peu… mais pas trop
afin que l’affaire ne lui échappe.

Il demande au marchand de mettre cette perle de côté,
le temps de revenir avec la somme nécessaire.
Notre amateur de perles fines
toujours à l’affût de faire un excellente affaire, s’arrange,
il vend tout ce qu’il a pour réaliser l’affaire de sa vie.

À y regarder de près la pointe de l’une et l’autre parabole
ne porte pas sur le trésor comme tel, d’une part,
ni sur la perle d’un grand prix. d’autre part.
Ce qui est en jeu
c’est le COMPORTEMENT du laboureur et du négociant.

Ce que Jésus voudrait faire comprendre à ses auditeurs
c’est la manière d’être et d’agir des protagonistes de ces paraboles.

A ceux qui entendent sans vraiment comprendre
ce qui est en jeu dans ces petites histoires…
ils s’en iront se disant :
« CE LABOUREUR ET CE NÉGOCIANT
ILS NE MANQUENT PAS D’ASTUCE. »

Pour ces curieux qui se contentent de peu,
ils s’en retourneront « gros Jean comme devant ».

Tandis qu’à ses disciples,
ces inconditionnels qui suivent Jésus à la trace,
Jésus leur dira :
« À VOUS,
IL EST DONNÉ DE COMPRENDRE CE QUI EST CACHÉ
DANS LES PARABOLES. »

Et s’il est vrai que le meilleur commentaire de la Bible…
c’est la Bible elle-même
nous pouvons, dès lors,
recourir avec pertinence
à ce que Jésus dira ailleurs à ses disciples
et qui N’EST PLUS UNE PARABOLE, mais la réalité.
Il s’agit , nous allons le voir,
de la rencontre de Jésus avec un homme qui lui demande :

« BON MAÎTRE QUE DOIS-JE FAIRE POUR AVOIR PART À LA VIE ÉTERNELLE,

Et Jésus entre en dialogue avec cet homme
en lui disant en long et en large:
«NE FAIS PAS CECI,…FAIS CELA !... »

L’HOMME RÉPOND :
« MAÎTRE,TOUT CELA JE L’AI OBSERVÉ DÈS MA JEUNESSE»

ALORS JÉSUS LUI DIT
SI TU VEUX ÊTERE PARFAIT:
« VA , VENDS CE QUE TU POSSÈDES,

Jusque là,
c’est exactement ce que font
dans les deux paraboles en question ce dimanche ;

et le laboureur qui a l’œil sur le trésor dans un champ,

et le négociant qui a trouvé la perle de grande valeur.

Dans les paraboles il est bien question de vendre
mais vendre pour pouvoir acheter.

Mais entre les paraboles entendues qui sont des histoires ;
Et l’entretien de Jésus avec cet homme riche,
entretien qui n’est plus une parabole
mais un entretien qui lui est bien réel.

Ici, Jésus mentionne UN ÉLÉMENT D’UNE TOUTE AUTRE PORTÉE
pour trouver L’ÉLÉMENT INOUI sur un tout autre plan.
Car voilà ce qui change la donne.

Après que Jésus eut dit à cet homme riche qui cherche la
perfection:

« VENDS CE QUE TU AS »
Jésus n’ajoute pas :
« TU ACHÈTERAS LE ROYAUME. » comme dans les paraboles.
Non, car juste après cette précision capitale:
« SI TU VEUX ÊTRE PARFAIT,
VENDS CE QUE TU AS
DONNE- LE AUX PAUVRES
ET PUIS VIENS, SUIS-MOI. »
Sous-entendu :
« TU AURAS UN TRÉSOR INESTIMABLE…

NON PAS UN TRÉSOR ICI-BAS,
par ce que tu aurais vendu pour acheter soit le terrain,
soit la perle.
Mais ce que tu auras vendu pour le donner aux pauvres,
tu auras alors de quoi posséder un trésor,
une perle absolument inestimable
une perle dont on ne peut estimer le prix… ici-bas,

« MAIS DONT ON NE PEUT ESTIMER LE PRIX QUE DANS LES CIEUX. »
Encore que dans les cieux on ne doit pas calculer beaucoup
Car, là, il n’est pas question d’argent.

Vendre non pour acheter…comme dans les paraboles,
mais vendre de façon à accueillir GRACIEUSEMENT
la perle inestimable
que l’on ne peut obtenir avec de l’argent
mais seulement en ayant le cœur délesté,
désencombré
de tout ce qui le retient enfermé sur lui-même.

C’est pourquoi Jésus dit au jeune homme riche:
VA, VENDS, DONNE-LE AUX PAUVRES…
et puis VIENS …suis-moi !

Nous connaissons la première béatitude
qui est la porte à toutes les autres béatitudes:

En s.luc, il est dit
« BIENHEUREUX LES PAUVRES,
LE ROYAUME DES CIEUX EST À EUX. »

Mais en S. Matthieu dont nous lisons l’Evangile cette année,
Il est dit :
« HEUREUX LES PAUVRES DE CŒUR :
LE ROYAUME DES CIEUX EST À EUX. »
Cette précision me semble plus intéressante
car on peut être pauvre.
mais tout en ayant LE CŒUR RICHE du peu que l’on a
ou que l’on convoite avec appétit.

Ce pauvre-là
n’a pas UN CŒUR DE PAUVRE.
Entendons-nous bien.
Il ne suffit pas d’être pauvre.
Encore, faut-il avoir un cœur de pauvre.

À la limite,
ON PEUT ÊTRE RICHE DES BIENS QUI PASSENT
pourvu que l’on ait UN CŒUR DE PAUVRE,
UN CŒUR DISPONIBLE
pour ACCUEILLIR LE ROYAUME qui est UN DON de Dieu,
autrement dit :
qui ne peut être obtenu à prix d’argent.

Car pour celui qui garde UN CŒUR DE PAUVRE
LE PÈRE ET MOI- dira Jésus-
NOUS VIENDRONS À LUI
ET NOUS ÉTABLIRONS EN LUI NOTRE DEMEURE. »
Si bien que
à CEUX QUI ONT UN CŒUR DE PAUVRE
on ne peut que leur souhaiter
d’être RICHES DES BIENS QUI PASSENT
car alors, on peut être certain
-s’ils ont un cœur de pauvre-
qu’ils pourront faire
beaucoup de bien avec leurs biens.

 

FRÈRES ET SŒURS,

nous le comprenons bien,
LA VALEUR DU ROYAUME DES CIEUX
que nous suggère ces petites paraboles entendues ce dimanche,
cette valeur est incomparable.

On entre dans LE ROYAUME avec le cœur délesté des biens qui passent….
pour entrer en possession du seul vrai bien
qui ne passe pas et qui seul peut combler
à savoir: Avoir pour locataire le Père et le Fils par la présence de l’Esprit Saint qui habite en nos cœurs.

En ce temps de vacances qui nous laisse, peut-être,
plus de loisirs,
nous pourrions méditer cette réflexion du cardinal Newman.

Cette réflexion s’adresse à chacun et à chacune d’entre-nous, la voici :
« DEMANDONS-NOUS – dit le cardinal Newman –
SI LE ROYAUME DES CIEUX DISPARAISSAIT,
EST-CE QUE CELA CHANGERAIT QUELQUE CHOSE À NOTRE VIE ?
SI CELA NE CHANGERAIT RIEN, C’EST, conclut le cardinal,
QUE NOTRE VIE N’EST PAS ENCORE RISQUÉE
SUR LE CHRIST ET LE ROYAUME. »