29ième dimanche du Temps ordinaire A
Frères et sœurs,
lorsque dans l’évangile,
Jésus est mis en présence des pharisiens
gardons en toile de fond
ce qui se passe à Jérusalem le jour des Rameaux
et que St Matthieu nous rapporte
au ch.21 juste avant celui que nous lisons présentement.


Il y est question de
L’ENTRÉE TRIOMPHALE DE JÉSUS À JÉRUSALEM,
entrée messianique où le peuple ne s’y est pas trompé
lorsqu’il clame : « HOSANNA AU FILS DE DAVID. »
c’était bien là reconnaître publiquement en Jésus :
LE ROI – MESSIE ATTENDU DE LA LIGNÉE DE DAVID.

Or, aussitôt après son entrée à Jérusalem ,
Jésus se rend au temple
où il fustige les marchands du temple.
Le peuple est en effervescence.
Quant aux gardiens romains, de leur côté,
ne se mêlant pas des manifestations religieuses juives….
ils se contentent de regarder;
ils interviennent seulement lorsque l’ordre public est menacé.

Ah ! l’occupant romain.
voilà ce qui donne à penser aux pharisiens.
« ILS S’EN VONT TENIR CONSEIL…À PROPOS DE JÉSUS.

Les pharisiens qui ont une grande influence sur le peuple
craignent de perdre cette influence
car il n’y en à plus que pour Jésus !
« BÉNI SOIT CELUI QUI VIENT AU NOM DU SEIGNEUR. »
proclame-t-on lors de son entrée à Jérusalem.

C’est là un langage messianique intolérable pour les pharisiens
c’est un sacrilège…un blasphème. Trop, c’est trop !

Il est temps…estiment ceux-ci de ramener l’ordre….
entendez l’ordre religieux !
« LES PHARISIENS SE CONCERTENT DONC
POUR VOIR COMMENT PRENDRE EN FAUTE JÉSUS
EN LE FAISANT PARLER. »
Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans
d’ Hérode.
Si les pharisiens, de leur côté,
subissent plus ou moins bien l’occupation romaine…
tout en redoutant que la foi d’Israël…
ne se contamine au contact du paganisme des romains ;

Les hérodiens, eux, sont partisans du pouvoir impérial.

Drôle de « ménage » direz-vous.
Les Pharisiens et les Hérodiens gardant leur point de vue…
mais…sur un point ils sont d’accord !
ILS SONT D’ACCORD POUR TENDRE UN PIÈGE À JÉSUS.
ils lui demandent :
« MAÎTRE, DIS-NOUS FRANCHEMENT TON AVIS.
EST-IL PERMIS – OUI OU NON –
DE PAYER L’IMPÔT À L’EMPEREUR ? »

Les Pharisiens et les Hérodiens sirotent déjà leur victoire
qui ne peut leur échapper.

En effet,
si Jésus répond :
« NON ! IL NE FAUT PAS PAYER L’IMPÔT À CÉSAR… »
il va se mettre à dos les partisans d’Hérode
qui auront vite fait
de dénoncer Jésus comme ennemi de l’empereur.

Si Jésus répond :
« OUI ! IL FAUT PAYER L’IMPÔT… »
il va heurter le sentiment populaire ;
il risque de passer pour un collaborateur de l’occupant romain
et du coup,
son attitude miséricordieuse à l’égard des publicains
apparaîtra comme une complaisance
envers ces malhonnêtes percepteurs d’impôts honnis du peuple.
Bref, que Jésus répondent « OUI » ou qu’il réponde « NON »
à la question de payer l’impôt à César, Jésus est perdu.
Ils avaient dit :
« MAITRE, RÉPONDS-NOUS FRANCHEMENT ! »
et Jésus répond franchement : « HYPOCRITES ! »
À cela,
ses détracteurs ne s’attendaient vraiment pas….
pas plus qu’ils ne s’attendaient à la suite :
« MONTREZ-MOI – leur dit-il – LA MONNAIE DE L’IMPÔT.
CETTE EFFIGIE ET CETTE INSCRIPTION DE QUI SONT-
ELLES ? »
Nous connaissons leur réponse
et ensuite, la réponse de Jésus.

Par son « RENDEZ À CÉSAR CE QUI EST À CÉSAR,
ET À DIEU CE QUI EST À DIEU , »
Jésus introduit dans le monde de son temps
une distinction proprement révolutionnaire,
car…ce dont rêvait le peuple,
c’est UN MESSIE POLITICO-RELIGIEUX.
Nous connaissons suffisamment les dérives….
lorsqu’il y a fusion entre l’ordre politique et l’ordre religieux
il y a fatalement la confusion… qui en découle.

les apôtres eux-mêmes
ne pensaient pas autrement que le peuple.
Après la résurrection de Jésus,
tout au début du livre des Actes des Apôtres,
ceux-ci lui demandent :
« EST-CE MAINTENANT, SEIGNEUR,
QUE TU VAS RÉTABLIR LE ROYAUME EN ISRAËL ? »…
sous entendu, évidemment,
un royaume ou le politique et le religieux sont étroitement imbriqués.

Par son « RENDEZ À CÉSAR CE QUI EST À CÉSAR »
Jésus désacralise la sphère du politique.
Du coup,
Jésus provoque à refuser tout blocage
entre le politique désacralisé
et l’univers spirituel qui lui est sacré.

Le « RENDEZ À CÉSAR CE QUI EST À CÉSAR »
nous convie à prendre au sérieux tout le temporel…
les tâches socio-économique et politique.
Et que dire des tâches financières…
lorsque l’argent, un bien qui rend fou lorsqu’il devient idole
en prenant la place de Dieu qui, lui, rend sage.

Tout le temporel relève de la mission confiée à l’homme….
Dès le début du livre de la Genèse, il est écrit :
« DOMINEZ LA TERRE ET SOUMETTEZ-LÀ ! »

Mais,
si la pièce de monnaie à l’effigie de l’empereur
renvoie au temporel,
Jésus ajoute- car c’est là qu’il veut en venir –
« ET RENDEZ À DIEU CE QUI EST À DIEU. »

Ce qui est à Dieu,
c’est ce qui porte L’EFFIGIE DE DIEU :
C’EST LA PERSONNE HUMAINE.
n’est-elle pas créée à l’image de Dieu ?
à l’effigie de Dieu ?
il nous incombe de reconnaître que,
nous et tous les humains,
nous sommes créés à l’image de celui qui est l’image de Dieu.
comme le dit S. Paul aux Colossiens en parlant du Christ :
« IL EST L’IMAGE DU DIEU INVISIBLE. »
De part son incarnation,
celui que S. Jean appelle le « VERBE »,
le Verbe devient l’Image visible du Dieu invisible.
il est Dieu en partage,
en communion indéfectible avec son PÈRE
dans l’unité indissociable de L’ESPRIT SAINT.

Et nous, en ne faisant qu’ UN AVEC LUI…
-c’est bien le sens de l’Eucharistie qui nous rassemble-
NOUS DEVENONS, PAR LUI, AVEC LUI ET EN LUI
LA PART DE DIEU.
« RENDEZ À DIEU –dit Jésus - CE QUI EST À DIEU. »

Par cette Eucharistie
nous rendons à Dieu ce que nous sommes.. la part de Dieu.
Image de Dieu…plus ou moins défigurée par le péché

le péché c’est le refus de Dieu ?
le péché c’est le refus d’être l’effigie de Dieu ;
c’est le refus de se laisser aimer par lui…
avec ce que cela entraîne à l’égard de l’humanité…
qui s’expose alors aux « IDENTITÉS MEURTRIÈRES »…
mais aussi avec ce que cela entraîne
à l’égard du non respect de LA CRÉATION
-la création… ce berceau de l’humanité -
qui reste pour nous la première étape du Royaume,
du Royaume des Cieux s’entend
mais du Royaume de Cieux
qui n’ignore pas pour autant le ou les royaume(s) d’ici-bas.

En effet,
la personne humaine est partie intégrante
de l’un et de l’autre royaume.

Tout être humain est, par nature et à part entière
du royaume d’ici- bas, symbolisé par le « César » dont il est question dans l’évangile de ce jour.

Mais tout être humain… est appelé à être
non plus par nature mais par grâce
à être pleinement du Royaume des Cieux symbolisé
par l’être humain en tant que image de Dieu.

Cette image de Dieu qui garde au fond d’elle-même
quelque chose de la ressemblance divine.
S. Bernard dit que cette ressemblance divine
même si elle est très abîmée par le péché,
elle en garde néanmoins la trace de Dieu.
D’autant plus que CETTE IMAGE DE DIEU EN NOUS
EST RESTAURÉE DANS LE CHRIST….
c’est l’œuvre de l’Esprit Saint qui tel un orfèvre
nous façonne de façon plus merveilleuse encore
avec pour modèle le Fils unique de Dieu…
tout en respectant, bien sûr, notre liberté….
car notre liberté humaine est aussi à l’image de la liberté Dieu….elle est intouchable !

FRÈRES ET SŒURS,
gardons-nous de perdre irrémédiablement
cette image divine en nous…
« ELLE A DU PRIX AUX YEUX DE DIEU. »
Écoutons ce que nous dit S. Augustin,
au sermon 24 sur l’ évangile :
« SI LA PERTE D’UNE PIÈCE DE MONNAIE TE FAIT PLEURER
PARCE QUE TU AS PERDU L’IMAGE DE CÉSAR,
FAIRE INJURE, EN TOI, À L’IMAGE DE DIEU,
NE SERA – CE POINT POUR TOI UN SUJET DE LARMES. »