3ième dimanche B

Frères et Sœurs,
pour Jean-Baptiste, la mission du précurseur s’achève.
le Messie tant attendu est là
et d’emblée, pour Jésus,
c’est l’annonce de la Bonne Nouvelle ;

 

« LES TEMPS SONT ACCOMPLIS…, »
Lorsque Jésus dit :
« LES TEMPS SONT ACCOMPLIS.. » et ce qui suit
« LE RÈGNE DE DIEU EST TOUT PROCHE »
cela doit s’entendre dans l’ordre spirituel
et non dans l’ordre temporel.
Le règne de Dieu peut être là pour certains s’ils ont le cœur ouvert
et ne jamais l’être pour d’autres s’ils ont le cœur fermé.

Au scribe qui estimait que
« DIEU PRÉFÈRE L’AMOUR AUX SACRIFICES, »
Jésus lui dira :
« TU N’ES PAS LOIN DU ROYAUME DE DIEU. »
Dans l’évangile que nous venons d’entendre :
« LES TEMPS SONT ACCOMPLIS,
LE RÈGNE DE DIEU EST TOUT PROCHE, »
on pourrait se demander :
«COMMENT ENTRER DANS LE ROYAUME …
PUISQU’IL EST TOUT PROCHE ? »
A vrai dire,
ce n’est peut-être pas à nous d’entrer dans le royaume…. mais bien le Royaume qui doit entrer en nous,
car si selon Jésus il faut chercher le Royaume des cieux comme le trésor suprême :
« CHERCHEZ LE ROYAUME ET LE RESTE VOUS SERA DONNÉ PAR SURCROIT. »

Si le Royaume est le trésor par excellence :
« LÀ OÙ EST TON TRÉSOR -dira Jésus- LÀ AUSSI SERA TON CŒUR.

Ce royaume des cieux se situe au cœur de l’homme.
C’est bien pour cela que le cœur humain,
au sens biblique du terme,
n’est pas non plus de ce monde.
Notre cœur est la part céleste de notre condition humaine.
Aussi, Jésus peut dire :
« MON ROYAUME N’EST PAS DE CE MONDE. »
C’est dire aussi que le cœur humain
qui imprègne tout le comportement n’est pas de ce monde.
Si le règne de Dieu n’est pas de ce monde.
Il n’empêche que rien de ce qui constitue ce monde
dans ce qu’il a de bon ne lui est pourtant étranger.

Le règne de Dieu si le cœur humain s’ouvre à lui,
ce règne doit se répandre dans tout ce qui constitue la personne humaine et même par delà…
dans son environnement,
dans tout ce qui constitue les milieux de la vie
de la personne humaine.
Ainsi donc,
le règne de Dieu doit imprégner la personne humaine
à la manière d’une huile qui imprègne tout ce qu’elle touche de façon à ce que l’être humain rayonne dans les différents milieux de vie qui l’entoure.
ou,
pour reprendre une autre image,
à la manière du levain qui, enfouit dans la pâte,
fait lever cette pâte.
Le disciple du Christ devient ainsi presque malgré lui un ferment dans le monde des relations humaines,
dans les milieux de vie
qui ne sont que des milieux provisoires, transitoires car dit Jésus à ses disciples :
« JE M’EN VAIS VOUS PRÉPARER UNE PLACE
ET LÀ OÙ JE SUIS VOUS Y SEREZ VOUS AUSSI. »
Notre véritable cité est au-delà de ce monde qui passe.

Un autre exemple du Royaume très éclairant lui aussi,
c’est celui d’une lampe que l’on place sur un candélabre ;
qu’on le veille ou non cette lampe éclaire tous ceux qui sont dans environnement.
Ainsi donc,
le règne de Dieu loin d’être une affaire privée,
le règne de Dieu est au cœur des relations humaines
pour autant que l’on garde le cœur ouvert
car si le cœur humain se ferme le règne de Dieu n’est plus dans ce cœur.

« LES TEMPS, SONT ACCOMPLIS, LE RÈGNE DE DIEU EST TOUT PROCHE… »
et Jésus ajoute
car c’est là qu’il veut en venir :
« CONVERTISSEZ-VOUS ET CROYEZ À LA BONNE NOUVELLE. »
C’est l’évangile de ce dimanche.

Dire : « CONVERTISSEZ-VOUS » en ajoutant
« CROYEZ À LA BONNE NOUVELLE » c’est redire la même chose. en littérature cela s’appelle un pléonasme, une redondance.
mais en fin de compte,
qu’elle est-elle cette Bonne nouvelle
à la quelle il faut croire.

On pourrait la résumer en trois mots :
« DIEU NOUS AIME »
Tout ce qui est développé en long et en large
en plus de huit cents pages
dans le « Catéchisme de l’Église Catholique »
est condensé dans ces trois mots : « DIEU NOUS AIME.»

Oui ! En Jésus, l’Envoyé du père, DIEU NOUS AIME ; Puisque Dieu nous aime
Dieu respecte la LIBERTE de la personne humaine, même si celle-ci se fourvoie…
à la manière de l’enfant prodigue
qui revient vers son père
après que ce fils se soit brisé
comme un vase qui tombe en miette;

Mais ce fils en brisant sa vie a brisé le cœur de son père.
Nous devinons aisément que ce père de l’enfant prodigue est le portrait de notre Père céleste.

Mais pourquoi ne l’empêche-t-il pas d’aller vers sa perte ?

Quand on aime, on respecte la liberté de l’être aimé,
même si celui-ci s’arrache à l’affection qui le comblait.

Parce que Dieu respecte
la liberté de celui qu’il a créé à son image
mais Dieu souffre de voir son image ainsi bafouée
et peut-être plus encore quand un juste est bafoué par un frère créé lui aussi à l’image de Dieu.
Mais la miséricorde de Dieu est sans limite.
Il est toujours prêt à renouer avec ce mécréant sans foi ni loi.
Mais alors il n’y aurait pas de punition pour le méchant ?
Si !
mais ce n’est pas Dieu qui le punit.
celui qui fait le mal est la première victime de ses méfaits.
Il se punit lui-même. Son cœur créé pour être la demeure de Dieu, ce cœur devient un enfer. Il n’y a d’ailleurs pas d’autre enfer que le cœur qui consciemment et avec entier consentement se fourvoie.
Et le Père ?
Il attend toujours à la porte de ce cœur brisé le retour du prodigue.
Lorsque nous allons proclamer dans un instant notre credo :
« CREDO IN UNUM DEUM
PATREM OMNIPOTENTEM”

« je crois en Dieu le Père tout-puissant. »
Cette toute puissance est une toute puissante d’amour.
La dureté n’est pas dans le cœur de Dieu
Et s’il y a un juge pour juger l’ingratitude de l’intéressé
qui le condamne c’est,
en conscience, le cœur de celui fait le mal qui se retourne contre lui-même. »
Par contre,
ce qui glorifie Dieu,
S. Irénée de Lyon le dit, on ne peut plus admirablement :
« LE GLOIRE DE DIEU, C’EST L’HOMME VIVANT…
VIVANT DE LA VIE MÊME DE DIEU. »
Vivre de la vie même de Dieu c’est vivre sa vie à l’ombre de l’Esprit Saint : l’Esprit d’amour qui comble le Fils de Dieu,
Jésus-Christ que nous appelons Notre Seigneur.
Il est la seule icône à laquelle nous avons à nous référer, en rejetant loin derrière nous toutes les idoles quelles qu’elles soient.
Voilà où nous conduit cette parole de Jésus à ses disciples :
« CONVERTISSEZ-VOUS
ET CROYEZ À LA BONNE NOUVELLE. »

Frères et sœurs,

Cet évangile que nous venons d’entendre comporte un complément qui vaut son pesant d’or :
« PASSANT AU BORD DU LAC DE GALILÉE,
JÉSUS VIT SIMON ET SON FRÈRE ANDRÉ
EN TRAIN DE JETER LEURS FILETS :
C’ÉTAIENT DES PÊCHEURS.
JÉSUS LEUR DIT :« VENEZ DERRIÈRE MOI.
JE FERAI DE VOUS DES PÊCHEURS D’HOMMES ; »

Être pêcheurs d’hommes à la suite de Jésus ce n’est
certainement pas embobiner les autres par ruse
mais avoir un immense respect pour l’autre,
pour tout autre.
Cela est possible lorsqu’on a le coeur habité par Dieu.
Avoir dans son cœur Dieu pour locataire
cela ne peut passer inaperçu.
Cela ne peut rester sans effet.
Puissions-nous être habité par l’espérance
de façon à être comme l’écrit S. Pierre dans sa première lettre :
« SOYEZ TOUJOURS PRÊT À JUSTIFIER VOTRE ESPÉRANCE DEVANT CEUX QUI VOUS EN DEMANDENT COMPTE. »

Aussi Jésus nous oriente et nous accompagne toujours sur nos chemins de vie afin d’être
habité par Dieu et le rayonner en étant
comme l’huile qui fait tâche d’huile sur ce qu’elle touche,
ou bien en étant levain qui fait lever la pâte,
ou encore comme une lampe allumée sur un lampadaire

C’est ce que S. Jean de la croix dit à sa façon :
« LÀ OÙ IL N’Y A PAS L’AMOUR,
RÉPANDEZ L’AMOUR
ET VOUS RECUEILLEREZ L’AMOUR. »
C’est ainsi que Jésus fera de nous
des « PÊCHEURS D’HOMMES. »