21 février 2018, mercredi de la 5ème semaine ordinaire B

1R 10, 1-10; Mc 7,14-15.17-23

Homélie

           La lecture d’Évangile que nous venons d’entendre est la continuation de celle d’hier.  Marc nous y raconte l'une des rencontres difficiles et douloureuses entre Jésus et les autorités du peuple – c’est-à-dire Pharisiens et Scribes -- qui se sont donnés comme tâche de le prendre en faute, pour se débarrasser de lui.  Jésus les traite une fois de plus d'hypocrites, car ils ont fini par donner tellement d'importance aux pratiques religieuses extérieures, qu'ils ont perdu de vue la relation entre ces pratiques et l'expérience personnelle de Dieu.

           Déjà, dans l'Ancien Testament, plusieurs siècles après Moïse, les grands prophètes d'Israël avaient dénoncé la séparation entre la pratique religieuse et l'union avec Dieu -- une pratique par laquelle on essayait de se tranquilliser la conscience, sans avoir à pratiquer la justice et la solidarité. (voir, par exemple, Is 1, 10-18;  58, 1-12;  Am 5, 18-25;  Zach 7)  Lorsque les Pharisiens et les Scribes reprochent à Jésus le fait que ses disciples ne se plient pas aux exigences rituelles établies par leurs traditions, Jésus peut facilement leur répondre en citant l'une de ces invectives prophétiques.

           L'enseignement de Jésus dans cet Évangile se fait en trois temps et à trois niveaux différents.  Pour les Pharisiens et les Scribes, qui ne sont aucunement intéressés à recevoir de lui un enseignement, mais plutôt à lui tendre des pièges pour le conduire à sa perte, Jésus se contente de leur reprocher leur hypocrisie et l'erreur fondamentale qui les a conduits à préférer leurs propres préceptes à la loi suprême de l'amour de Dieu et du prochain.  À la foule, encore disposée à recevoir son enseignement, il affirme la nature de la véritable pureté devant Dieu.  Celle-ci réside dans la droiture du coeur et non dans le fait d'avoir posé tel ou tel geste ou de les avoir omis.  Enfin, aux disciples, il ajoute une mise en garde.  Oui, ils doivent se garder de toute impureté -- non pas des impuretés rituelles dont les Pharisiens et les Scribes avaient établi de longues listes, mais de l'impureté qui vient d'un coeur faux, lequel engendre inconduite, vols, meurtres, etc.  Le tout se résume dans une formule lapidaire :  ce qui rend une personne impure n'est pas ce qu'elle mange, mais bien ce qui sort de son coeur, si son coeur n'est pas totalement donné à Dieu.

Armand VEILLEUX