C 29 LUC 18, 01-08 (23)
Chimay : 19.10.2025
Frères et sœurs, dans l’évangile de ce jour, « Jésus dit une parabole pour montrer qu’il faut prier sans se lasser » (Lc 18,1). Voilà un message qu’il veut faire passer en nos cœurs. C’est ce qu’on veut nous faire comprendre dans l’extrait du livre de l’Exode que nous avons entendu (Ex 17,8-13). Il nous montre Moïse suppliant le Seigneur pendant que Josué combat victorieusement les Amalécites. Cette lecture est une réponse à la question que se posaient les hébreux : « Le Seigneur est-il au milieu de nous ou pas ? »
Cette question a été posée par le peuple d’Israël à Moïse alors qu’ils étaient éprouvés et frustrés dans le désert, parce qu’ils manquaient d’eau et craignaient de mourir de soif. Il peut arriver que les circonstances de notre vie nous amènent à la même question car nous sommes nous aussi éprouvés et incertains pour notre avenir. Alors il ne faut pas tomber dans le piège qui nous ferait croire que le Seigneur nous a abandonnés et que par conséquent, nous ne voulons plus croire en ce Dieu qui nous a déjà témoigné son assistance. Il nous a peut-être même secourus plus d’une fois dans le passé !
Ce récit biblique que vous trouvez dans le livre d’Exode (17,1-15, témoigne de la fidélité de Dieu à ses promesses pour ceux qui lui font confiance. Dieu, une fois encore, vous confirmera par sa Parole qu’il nous accompagne même dans les difficultés afin de nous amener à sa rencontre en vue du pays promis. Dieu tient toujours ses promesses ; c’est un principe central de nombreuses religions. Cela repose sur la conviction que Dieu est fidèle et que ses promesses, bien qu’elles puissent prendre du temps à s’accomplir, se réaliseront toujours, parfois d’une manière inattendue. La Bible est souvent citée pour illustrer cette fidélité à travers des exemples comme les promesses faites à Abraham et à Sara. Combien de récits dans la bible nous racontent les mêmes expériences ! Oui, le Seigneur est au milieu de nous, et cette présence peut être comprise de différentes manières, notamment comme étant au-dedans de nous, se manifestant lorsque nous sommes réunis en son nom, et comme étant présente à travers son amour et sa Parole. De plus, des passages bibliques insistent sur la manifestation de Dieu dans des situations concrètes et les épreuves.
Aujourd’hui, des hommes, des femmes et des enfants crient vers Dieu. C’est le cri des malades, des persécutés, des affamés, de tous ceux et celles qui sont victimes des hommes, de la haine, de la guerre, de la violence et du mépris. Ils sont nombreux dans le monde ceux et celles qui connaissent le malheur, la souffrance physique et morale. Il se peut même que certains n’appellent pas Dieu, tellement ils sont désespérés. Mais leur détresse est comme une prière. Dans notre célébration de ce dimanche, nous rassemblons tous les appels de toutes ces personnes. Cette intercession qui monte vers Dieu, nous l’unissons à la prière de toute l’Église pour le monde.
Mais il reste une question : Beaucoup disent qu’ils prient mais ils ont l’impression que leur prière n’est pas exaucée. C’est pour répondre à cette question que Jésus nous raconte la parabole que nous venons d’entendre. Il s’agit d’un juge qui reste sourd à la requête d’une veuve. Nous connaissons cela quand l’administration ne veut rien entendre ; c’est vraiment difficile d’obtenir gain de cause. Alors, Jésus prend cet exemple pour nous parler de Dieu. Ce juge a répondu à la demande de la veuve, car il n’en pouvait plus d’entendre ses supplications répétées. A plus forte raison, Dieu qui est Père, ne peut que rester attentif à toutes nos demandes. Saint Jean nous dit qu’il nous écoute, quoi que nous lui demandions : « Nous avons auprès de lui cette assurance : si nous demandons quelque chose conformément à sa volonté, il nous écoute. Et si nous savons qu’il nous écoute, quelle que soit notre demande, nous savons que nous possédons ce que nous lui avons demandé » (1 Jn 5,14-15).
En général, le problème ne vient pas de Dieu mais de nous. Dieu est toujours à l’écoute, mais bien souvent, il n’y a personne pour l’écouter. Nous ne pensons qu’à notre demande et nous n’obtenons pas la réponse que nous attendons. Et pourtant, nous avons été entendus bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. L’important c’est de demeurer en dialogue avec lui et de ne pas rester centrés sur nous et nos demandes. Il a infiniment mieux à nous donner. Le but de la prière, c’est de nous ajuster à Dieu qui ne demande qu’à nous combler. La question n’est pas de demander à Dieu d’agir en notre faveur, mais d’être sûrs de le laisser agir dans notre vie. Saint Paul nous le dit à sa manière : « Rien ne peut nous séparer de son amour » (Rm 8,38-39).
Nous comprenons alors pourquoi le Christ nous demande de prier sans cesse. Il est là, présent et agissant dans nos cœurs. Nous sommes invités à être unis à lui, car c’est lui qui prie sans cesse en nous tout au long de nos journées. Cela implique que nous prenions le temps de nous arrêter pour prier, seuls dans notre chambre ou avec la communauté chrétienne rassemblée pour l’Eucharistie. C’est ainsi que nous serons de plus en plus reliés à ce Dieu qui est Amour.
Quelqu’un a dit : « La véritable prière ressemble parfois à un saignement de cœur ». Cette phrase suggère que la prière authentique peut être une expression de souffrance profonde et sincère, impliquant une vulnérabilité émotionnelle plutôt que la simple récitation formelle d’une demande. Cette prière peut être une confrontation avec la douleur, le chagrin et la difficulté, une sorte de cri du cœur face à des circonstances accablantes. Elle n’implique pas toujours une résolution immédiate des problèmes extérieurs, mais plutôt une transformation intérieure, une manière de traverser la souffrance avec paix en se confiant à Dieu.
La parabole de l’évangile d’aujourd’hui se termine par une question posée à tous : « Le Fils de l’Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » (Lc 18,8). Le pire ennemi de la foi c’est le découragement, c’est quand on devient blasé, quand on ne voit que ce qui va mal. Le Seigneur nous met en garde contre ce danger. Croire, c’est s’obstiner dans la prière, c’est crier vers Dieu jour et nuit sans baisser les bras. Il ne manquera pas d’oiseaux de malheur pour semer le doute. Mais l’exemple de la veuve est là pour nous apprendre l’obstination dans la prière. La persévérance dans la prière est une preuve de notre foi, car elle démontre une confiance continue en Dieu et une attente de son intervention, même face aux difficultés et aux retards.
