Homélies du Père Jacques Pineault

C PÂQUES 02 JEAN 20,19-31 (16)

Chimay : 27.04.2025

Paques2 

Frères et sœurs, ce deuxième dimanche de Pâques est pour nous celui de la divine miséricorde. Les lectures bibliques nous montrent à quel point notre Dieu est miséricordieux.

La première lecture est extraite du livre des Actes des Apôtres (Ac 5,12-16). Elle nous montre des communautés chrétiennes qui ont accueilli cette miséricorde du Seigneur. Leur rencontre avec lui a totalement changé la vie de ces gens. Ils comprennent qu’ils sont appelés à devenir une communauté de partage, de prière et de découverte de Dieu. L’unanimité des premiers chrétiens faisait l’admiration de tous et entraînait des conversions. Cette miséricorde dont nous bénéficions aussi est offerte à tous les hommes du monde entier.

C PÂQUES 01 JEAN 20, 01-09 (10)

Chimay : 20.04.2025

 

           Frères et sœurs, en ce dimanche de Pâques, nous célébrons avec tous les chrétiens le Christ ressuscité. Il s’agit de sa victoire sur la mort et le péché, de notre victoire sur la mort et sur le péché. Cet événement s’est produit sans que personne ne puisse le voir ni le décrire. Du plus grand mystère de l’histoire, il n’y a pas de témoins directs, ni de caméras cachées pour nous le faire voir en rétro-vision.

C VENDREDI SAINT JEAN 18,01-19,42 (6) Chimay : 18.04.2025

Vendredi Saint 

Frères et sœurs, le prophète Isaïe (52,13-53,12) a annoncé le chemin du Serviteur du Seigneur. Il sera lumière pour les multitudes, signe d’alliance, flèche de choix dans le carquois du Seigneur. Il a une oreille de disciple pour entendre sa parole, dût-il durcir son front face à ses adversaires. D’ailleurs désormais, ses adversaires semblent l’emporter. Silencieux comme une brebis menée à l’abattoir, le Serviteur n’a même plus visage humain, devant lui on se détourne. Pourtant, brebis dispersées de toutes parts, nous avons éprouvé qu’il nous rassemblait.

De qui parle ce texte d’Isaïe écrit six siècles avant Jésus ? Il a été médité longuement par les premiers chrétiens, leur donnant peu à peu les mots pour dire l’horreur du scandale de la croix. L’évangéliste Jean a des paroles fortes, fulgurantes même, pour dire la Passion. Les soldats qui arrêtent Jésus tombent face contre terre quand il leur dit, non pas simplement « c’est moi », mais « Je suis » (Jn 18,6-7). Ces mots ont l’incandescence du buisson ardent. C’est le nom même de Dieu. Pilate échangera avec Jésus en une singulière remise en question de son pouvoir : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi si tu ne l’avais reçu d’en haut » (Jn 19,11). Il ne pourra alors que balbutier une interrogation : « Qu’est-ce que la vérité ? » (Jn 18,38). Il nous faudra aussi laisser se déployer l’onde de choc de sa parole devant tous : « Voici l’homme » (Jn 19,5), défiguré, moqué, et pourtant image de Dieu. Élevé de terre, il est source, pour toujours du salut.

Tous ceux qui ont eu à souffrir et à donner leur vie pour leurs frères trouvent en Jésus l’accomplissement de l’espérance qui les portait, car lui, il sauve la multitude des hommes.

En ce Vendredi Saint la mort du Christ révèle un Dieu qui nous aime sans mesure. Il n’a pas refusé son Fils unique. Il l’a livré pour sauver tous les hommes. Bien sûr, il n’a pas voulu qu’il meure ainsi. Il a simplement voulu qu’il nous aime comme lui, le Père, nous aime. Le Christ nous a aimés jusqu’à mourir sur une croix. Dans sa Passion c’est l’amour du Père qui est à l’œuvre. C’est la réussite du projet de Dieu annoncé dans la première lecture : « Mon serviteur réussira » (Is 52,13).

À première vue, cette réussite n’est pas très évidente. En effet, nous voyons une foule qui rejette Jésus. Puis il y a la croix, la mort atroce réservée aux esclaves. Mais le serviteur broyé deviendra le Sauveur de tous ses frères. C’est par la croix que Jésus est devenu cause du Salut éternel. Saint Jean nous présente la Passion comme une marche triomphale du Fils de Dieu vers son Père. Il nous faut la lire comme un récit de glorification.

En lisant ce récit de la Passion, nous découvrons que Jésus a parfaitement conscience de ce qui va lui arriver. C’est lui qui donne librement sa vie : « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne » (Jn 10,18). C’est lui qui interpelle Judas et non l’inverse : « Ce que tu as à faire, fais-le vite » (Jn 13,27). Il porte lui-même sa croix. Crucifié, il confie sa mère au disciple qu’il aimait. Puis il dit « J’ai soif » et enfin « Tout est accompli » (Jn 19,28.30). En mourant, Jésus pose un acte d’amour suprême envers le Père entre les mains duquel il remet l’Esprit. Par son Esprit répandu sur le monde, Jésus devient roi d’une royauté qui n’est pas de ce monde. Enfin, franchissant les cieux, il établit un pont entre Dieu et l’humanité.

En ce Vendredi Saint, nous nous tournons vers la croix du Christ et nous faisons silence. Nous ne demandons pas au Seigneur de comprendre ce trop grand mystère mais d’y communier. Pour nous chrétiens, c’est une démarche absolument essentielle. Au cours de cette célébration, une grande prière universelle nous sera proposée pour le monde entier. C’est en effet pour tous les hommes de tous les temps que Jésus a donné sa vie. Il n’y a pas d’être humain qui souffre dans le monde sans que le cœur du Christ ne vibre à sa souffrance.

En ce jour, notre pensée et notre prière vont vers tant d’hommes et de femmes qui portent une croix douloureuse. Pour beaucoup cette croix s’appelle solitude, longue maladie, précarité, guerre, trahison, abandon… Nous n’oublions pas les victimes de la haine et de la violence des hommes, en particulier ceux qui sont retenus loin de chez eux contre leur volonté.  Nous pensons aussi aux chrétiens persécutés et aux victimes de la guerre dans de nombreux autres pays. Beaucoup sont persécutés à cause de leur foi. Ils sont les nouveaux martyrs d’une chaîne incessante.

Mais à travers ces petits, ces exclus, ces personnes qui souffrent, le Seigneur est là. Il se reconnaît dans celui qui a faim, celui qui est malade et seul, celui qui est persécuté. Il nous rejoint dans notre vie et notre mort pour que nous soyons avec lui dans sa résurrection. En ce Vendredi Saint, nous contemplons la gloire de Celui qui nous a aimés jusqu’au bout. Et avec toute l’Église, nous chantons et nous proclamons : « Victoire, tu règneras ; O Croix, tu nous sauveras ».

C PÂQUES 00 LUC 24, 01-12 (7) Chimay : 19.04.2025

                   Frères et sœurs, toutes ces lectures bibliques qui nous sont proposées pour cette veillée pascale nous montrent que Dieu n’a jamais cessé d’être présent à son peuple. Il est celui qui crée le monde avec amour et par amour (Gn 1,1-2,2). Il est encore celui qui a vu la misère de son peuple et qui veut le sauver (Ex 14,15-15,1). Tout au long des siècles, le monde a beaucoup changé. Mais Dieu n’a pas changé. Malgré les infidélités de son peuple, Dieu reste fidèle à son alliance (Is 54,5-14). Et il envoie des prophètes pour le lui dire (Is 55,1-11 ; Ba 3,9-4,4 ; Ez 36,16-28). Au cours des périodes sombres, ces derniers sont intervenus pour appeler le peuple à la conversion : « Revenez à moi de tout votre cœur… » (Jl 2,12).

Notre monde aussi a beaucoup changé. Mais Dieu reste le même. Il est le Dieu de l’alliance, celui qui continue à aimer son peuple d’un amour passionné. L’important ce n’est pas d’adapter notre religion à ce monde, mais de nous ajuster à Dieu qui nous appelle à revenir vers lui. Avec lui, le mal et la mort ne peuvent avoir le dernier mot.

C’est cette bonne nouvelle qui nous est rapportée dans l’Évangile de saint Luc. Il nous parle des femmes qui sont venues au tombeau de grand matin. Ce sont les mêmes qui avaient suivi Jésus jusqu’au pied de la croix. Elles ont été plus courageuses que les hommes. Ces derniers se sont cachés car ils avaient peur d’être recherchés et poursuivis par les juifs et les Romains. Elles, elles ont suivi leur Maître jusqu’au pied de la croix. Elles se tenaient à distance, regardaient le tombeau et comment le corps de Jésus avait été mis. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Le jour du sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte. En venant au tombeau en ce matin de Pâques, elles croyaient pouvoir embaumer son corps.

Mais rien ne se passe comme elles l’avaient prévu. Quand elles arrivent, elles trouvent la pierre roulée à côté d’un tombeau vide. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Deux messagers du Seigneur interviennent. Si elles veulent trouver Jésus, ce n’est pas dans un cimetière qu’il faut le chercher. « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? » (Lc 24,5). Il est sorti de son tombeau ; il est vivant. Cette bonne nouvelle, il faut l’annoncer à tous, et en premier aux disciples. Ces derniers ont du mal à croire les femmes. Pour eux, c’était impensable. Les disciples, à commencer par Pierre, refusent de croire les femmes qui sont les premières à témoigner. Mais la victoire du Christ ressuscité a été plus forte que leurs réticences.

Car les femmes s’appuient sur les paroles du Christ pour témoigner devant les autres disciples, au cœur de ce qui est en train de devenir l’Eglise. « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : “Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite”. Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites » (Lc 24, 6-8). La reprise de l’enseignement du Maître éclaire l’événement de sa résurrection, et transforme intérieurement les trois Marie et leurs compagnes. Au début, elles gardent les yeux baissés vers le sol, effrayées par ce qu’elles voient, et craintives peut-être devant la mission qu’elles reçoivent. Plus tard, ces femmes n’auront plus les yeux baissés, et témoigneront hardiment de la joie de Pâques.

Voilà cette bonne nouvelle qui a été transmise de génération en génération. C’est à nous maintenant de prendre le relai pour qu’elle continue à être annoncée. Dans certains pays, les chrétiens le font au péril de leur vie. Mais rien ne peut empêcher la progression de la Parole de Dieu. Nous-mêmes, nous sommes envoyés dans le monde d’aujourd’hui pour être témoins et messagers de Jésus ressuscité. Notre mission c’est de dire et de témoigner. Mais le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. L’Évangile restera toujours une force communicative pour les hommes d’aujourd’hui, plus puissant que nos peurs et nos réticences.

Cette mission qui nous est confiée. Portons-la dans notre prière. La parole que nous avons à proclamer ce n’est pas la nôtre mais celle de Jésus. C’est pour cela que nous avons sans cesse à nous ajuster à lui. C’est avec lui que notre vie pourra devenir un authentique témoignage.

Voilà un programme pour le temps pascal : ne plus être les yeux baissés vers le sol, mais lever les yeux vers le Seigneur, car il nous envoie témoigner au cœur du monde par l’amour et le service.

C JEUDI SAINT JEAN 13, 01-15 (6)

Chimay : 17.04.2025 

Sainte Cne 

Frères et sœurs, la première lettre de saint Paul aux Corinthiens de la liturgie de ce Jeudi Saint nous présente l’institution de l’Eucharistie, et l’Évangile du lavement des pieds nous en donne l’interprétation par Jésus lui-même. L’Eucharistie nous enracine dans le passé de la mort de Jésus qui nous sauve, et elle nous fait proclamer la présence actuelle du Ressuscité.

C PÂQUES 00 LUC 24, 01-12 (7) Chimay : 19.04.2025

                   Frères et sœurs, toutes ces lectures bibliques qui nous sont proposées pour cette veillée pascale nous montrent que Dieu n’a jamais cessé d’être présent à son peuple. Il est celui qui crée le monde avec amour et par amour (Gn 1,1-2,2). Il est encore celui qui a vu la misère de son peuple et qui veut le sauver (Ex 14,15-15,1). Tout au long des siècles, le monde a beaucoup changé. Mais Dieu n’a pas changé. Malgré les infidélités de son peuple, Dieu reste fidèle à son alliance (Is 54,5-14). Et il envoie des prophètes pour le lui dire (Is 55,1-11 ; Ba 3,9-4,4 ; Ez 36,16-28). Au cours des périodes sombres, ces derniers sont intervenus pour appeler le peuple à la conversion : « Revenez à moi de tout votre cœur… » (Jl 2,12).

Notre monde aussi a beaucoup changé. Mais Dieu reste le même. Il est le Dieu de l’alliance, celui qui continue à aimer son peuple d’un amour passionné. L’important ce n’est pas d’adapter notre religion à ce monde, mais de nous ajuster à Dieu qui nous appelle à revenir vers lui. Avec lui, le mal et la mort ne peuvent avoir le dernier mot.

C’est cette bonne nouvelle qui nous est rapportée dans l’Évangile de saint Luc. Il nous parle des femmes qui sont venues au tombeau de grand matin. Ce sont les mêmes qui avaient suivi Jésus jusqu’au pied de la croix. Elles ont été plus courageuses que les hommes. Ces derniers se sont cachés car ils avaient peur d’être recherchés et poursuivis par les juifs et les Romains. Elles, elles ont suivi leur Maître jusqu’au pied de la croix. Elles se tenaient à distance, regardaient le tombeau et comment le corps de Jésus avait été mis. Puis elles s’en retournèrent et préparèrent aromates et parfums. Le jour du sabbat, elles se tinrent en repos, selon le précepte. En venant au tombeau en ce matin de Pâques, elles croyaient pouvoir embaumer son corps.

Mais rien ne se passe comme elles l’avaient prévu. Quand elles arrivent, elles trouvent la pierre roulée à côté d’un tombeau vide. Saisies de crainte, elles gardaient leur visage incliné vers le sol. Deux messagers du Seigneur interviennent. Si elles veulent trouver Jésus, ce n’est pas dans un cimetière qu’il faut le chercher. « Pourquoi chercher parmi les morts celui qui est vivant ? » (Lc 24,5). Il est sorti de son tombeau ; il est vivant. Cette bonne nouvelle, il faut l’annoncer à tous, et en premier aux disciples. Ces derniers ont du mal à croire les femmes. Pour eux, c’était impensable. Les disciples, à commencer par Pierre, refusent de croire les femmes qui sont les premières à témoigner. Mais la victoire du Christ ressuscité a été plus forte que leurs réticences.

Car les femmes s’appuient sur les paroles du Christ pour témoigner devant les autres disciples, au cœur de ce qui est en train de devenir l’Eglise. « Rappelez-vous ce qu’il vous a dit quand il était encore en Galilée : “Il faut que le Fils de l’homme soit livré aux mains des pécheurs, qu’il soit crucifié et que, le troisième jour, il ressuscite”. Alors elles se rappelèrent les paroles qu’il avait dites » (Lc 24, 6-8). La reprise de l’enseignement du Maître éclaire l’événement de sa résurrection, et transforme intérieurement les trois Marie et leurs compagnes. Au début, elles gardent les yeux baissés vers le sol, effrayées par ce qu’elles voient, et craintives peut-être devant la mission qu’elles reçoivent. Plus tard, ces femmes n’auront plus les yeux baissés, et témoigneront hardiment de la joie de Pâques.

Voilà cette bonne nouvelle qui a été transmise de génération en génération. C’est à nous maintenant de prendre le relai pour qu’elle continue à être annoncée. Dans certains pays, les chrétiens le font au péril de leur vie. Mais rien ne peut empêcher la progression de la Parole de Dieu. Nous-mêmes, nous sommes envoyés dans le monde d’aujourd’hui pour être témoins et messagers de Jésus ressuscité. Notre mission c’est de dire et de témoigner. Mais le principal travail, c’est Dieu qui le fait dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. L’Évangile restera toujours une force communicative pour les hommes d’aujourd’hui, plus puissant que nos peurs et nos réticences.

Cette mission qui nous est confiée. Portons-la dans notre prière. La parole que nous avons à proclamer ce n’est pas la nôtre mais celle de Jésus. C’est pour cela que nous avons sans cesse à nous ajuster à lui. C’est avec lui que notre vie pourra devenir un authentique témoignage.

Voilà un programme pour le temps pascal : ne plus être les yeux baissés vers le sol, mais lever les yeux vers le Seigneur, car il nous envoie témoigner au cœur du monde par l’amour et le service.

C RAMEAUX LUC 22,14-23,56 (16)

Chimay : 13.04.2025

 Rameaux

Frères et sœurs, au commencement du temps, Dieu a créé l’univers pour en faire le théâtre de la relation d’amour qu’il voulait établir avec nous. Et puisque Dieu nous aime non pas en masse, mais d’une manière unique et personnelle, chacun de nous peut se dire : « Dieu a créé l’univers tout entier pour moi ». Et comme la désobéissance de nos premiers parents nous avait séparés de lui, il n’a pas voulu nous abandonner : il s’est choisi un peuple, qu’il a longuement disposé à accueillir la venue de son Fils ; au sein de ce peuple, il s’est préparé une demeure digne de lui, la Vierge Marie, préservée du péché pour être la Mère de notre Rédempteur. Dieu a créé Marie Immaculée, pour moi. Et « le Verbe s’est fait chair » (Jn 1,14), Dieu le Fils est né dans la pauvreté de l’étable, il a connu l’exil en Égypte. Dieu s’est fait pauvre pour moi. Pour nous, mais aussi pour moi !