Homélies du Père Jacques Pineault

C 06 LUC 06, 17.20-26 (11)

Chimay : 16.02.2025

Jsus avec aptresFrères et sœurs, les textes bibliques de ce dimanche résument ce qu’il y a de plus important dans le christianisme. Tout repose sur la confiance que nous mettons en Jésus. Être chrétien c’est s’engager derrière lui. C’était déjà, bien avant Jésus, le message du prophète Jérémie : « Heureux l’homme qui met sa confiance dans le Seigneur » (Jr 17,7). Il nous faut recevoir cet appel du prophète comme un avertissement et une invitation urgente à la conversion. C’est en nous appuyant sur Dieu que nous trouverons le vrai bonheur.  C’est en fermant le parapluie de nos résistances à Dieu que nous lui permettons de venir jusqu’à nous, de faire sa demeure en nous et de nous faire bénéficier des fruits de son Esprit Saint, de ses bénédictions.

C 05 LUC 05, 01-11 (18)

Chimay : 09.02.2025


Dim5Frères et sœurs, Isaïe est sans doute le plus grand prophète de l’Ancien Testament ; la première lecture (Is 6,1-8) nous raconte comment il a été envoyé en mission : ce fut une vision grandiose qui lui a fait entrevoir la grandeur et la sainteté de Dieu. À cette occasion, le prophète Isaïe découvre que le Dieu trois fois saint ne dédaigne pas de choisir pour envoyés des hommes pécheurs.

C BAPTÊME DU SEIGNEUR LUC 03,15-16.21-22 (15)

Chimay : 12.01.25


Bapt JesusFrères et sœurs, depuis Noël, nous allons de révélation en révélation. La nuit de Noël, c’était la Bonne Nouvelle annoncée aux bergers (Lc 2,1-14) ; à travers eux, elle était adressée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Dimanche dernier, c’était la fête de l’Épiphanie (Mt 2,1-12) ; celle de la Bonne Nouvelle annoncée aux mages et, à travers eux, à toutes les nations, à tous ceux qui ne connaissent pas Dieu, car son amour est offert à tous.

C PRÉSENTATION DU SGR LUC 02, 22-40 (3)

Chimay : 02.02.2025

Prsentation          Frères et sœurs, 40 jours après la naissance du Seigneur, le 2 février, la Présentation de Jésus au Temple de Jérusalem est un complément du cycle de Noël. La fête est sous le signe de la lumière, en raison de la parole du vieillard Siméon, qui voit dans l’Enfant « la lumière qui se révèle aux nations » (Lc 2,32). Le mot Chandeleur vient précisément de candela – la chandelle – reprise dans l’expression fête des chandelles. En fait, à l’époque des Romains, il s’agissait d’une célébration en l’honneur du dieu Pan. Toute la nuit, les dévots de cette divinité païenne parcouraient les rues de Rome en agitant des flambeaux. En 472, le pape Gélase 1er décida de christianiser cette fête en la faisant coïncider avec la célébration de la Présentation de Jésus au Temple. De là la bénédiction traditionnelle des cierges avant la Messe et la procession qui anticipe en quelque sorte celle de la nuit pascale. (Pour être complet il faut ajouter qu’au cours des anciennes lupercales romaines, il convenait également de manger une galette de céréales en l’honneur de Proserpine pour obtenir d’elle la fertilité de la terre. Cette pratique s’est maintenue jusqu’à nos jours dans la tradition des crêpes de la Chandeleur !)

La solennité de ce jour nous introduit au mystère de l’incarnation comme l’événement de la rencontre entre Dieu et les hommes. Tout le récit de la présentation de Jésus au Temple est empreint de la rencontre ou de la visitation de Dieu. Une rencontre qui n’a rien de formel : tout se passe dans la simplicité d’un dialogue, d’un échange de regard, d’un sourire, d’un geste respectueux, dans lesquels Dieu et l’homme s’approchent, s’apprivoisent, s’engagent mutuellement.

Car c’est bien le Seigneur qui, porté dans les bras de Marie, entre dans son Temple : il est chez lui dans cet édifice ; c’est lui qu’on y adore. Et pourtant, seul deux vieillards vont le reconnaître là où il se donne à contempler : dans l’humilité d’un enfant offert à nos regards. Dieu n’est pas derrière l’autel des sacrifices ; il ne se rassasie pas du sang des animaux : « C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice » (Mt 9,13). Et encore : « Le sacrifice qui plaît à Dieu, c’est un cœur brisé ; du cœur brisé, ô mon Dieu, tu n’as point de mépris ! » (Ps 50). Le cœur que le Seigneur aime est le cœur repenti, qui renonce à vouloir mettre la main sur Dieu, à chercher à le manipuler par sacrifices interposés, et accepte de s’ouvrir à une vraie rencontre, humble et sincère.

Rencontre déconcertante il est vrai : le Verbe éternel cache sa divinité sous le voile de l’humanité qu’il reçoit de la Vierge, et s’offre à nous comme un petit enfant dans les bras de sa mère, tout aussi dépendant d’elle que nous l’avons tous été de notre mère. En lui nous sommes invités à reconnaître le Fils de Dieu qui se fait Fils de l’homme pour ne pas nous anéantir sous le poids de sa gloire divine. Qui en effet pourrait tenir sous le regard de Dieu ? : « L’homme ne saurait me voir et vivre ! » lit-on au livre de l’Exode (Ex 33,20).

Marie et Joseph viennent au Temple pour accomplir un précepte de la Loi ; mais ce faisant, ils présentent aux hommes religieux rassemblés dans le Temple, celui qui vient accomplir tous les préceptes et toutes les lois reçues du Très-Haut dans le contexte de la première Alliance. Pourtant, ce ne sont pas les prêtres chargés du culte, ni les docteurs chargés de l’interprétation de la Torah qui viennent l’accueillir, mais deux pauvres que Dieu aime précisément en raison de leur humilité de cœur. C’est parce qu’ils ont le cœur pur – purifié de tout orgueil – qu’ils peuvent « voir Dieu » (Mt 5,8) et reconnaître la présence du Messie dans l’enfant présenté ce jour-là au Temple.

La grande conversion à laquelle nous sommes invités dès les premières pages de l’Évangile de Luc consiste à nous laisser surprendre par un Dieu déconcertant, qui cherche à engager avec nous un dialogue empreint de simplicité et de familiarité. N’est-ce pas ce que fera Jésus tout au long de sa vie publique ? Il appelle ses disciples « pour être avec lui » (Mc 3,14), il les invite à entrer dans son intimité ; il vit avec eux en communauté – ce que ne faisait aucun rabbi de l’époque – il trouve sa joie à partager leur convivialité, et instituera même le mémorial de sa Pâques au cours d’un repas familial.

Aujourd’hui « le Roi de gloire, le Seigneur, le fort, le vaillant des combats, le Dieu de l’univers » (Ps 23) nous visite ; il « veut demeurer chez nous » (Lc 19,5). Ne le cherchons pas dans l’éclat du feu ou dans la rumeur du tonnerre : il vient à nous comme le pauvre, le mendiant d’amour ; comme un enfant dépendant, ou comme ce frère ou cette sœur qui ont besoin de mon aide, de mon accueil, de mon écoute, de mon sourire. Notre cœur est-il suffisamment simplifié pour laisser à Dieu la liberté de nous visiter de manière aussi déconcertante ? Notre regard est-il assez purifié de l’orgueil pour le reconnaître dans un enfant ? Notre désir de la rencontre est-il assez fort pour lui faire une place et lui répondre amour pour amour ?

En rappelant le lien entre la Fête de la Présentation et la Journée de la Vie Consacrée, le pape Benoît xvi exhortait les religieux à être au sein du Peuple de Dieu « comme des sentinelles que l’on aperçoit et qui annoncent la vie nouvelle déjà présente dans l’histoire ». Le dévouement complet des personnes consacrées à Dieu et à leurs frères, « doit devenir pour le monde d’aujourd’hui le signe éloquent de la présence du Règne de Dieu. Leur façon de vivre et d’agir doit manifester sans équivoque la pleine appartenance au seul Dieu. Leur abandon total dans les mains du Christ et de l’Église est le message fort et clair de la présence de Dieu en un langage compréhensible aussi à nos contemporains. Ceci est le premier service que les personnes consacrées rendent à l’Église et au monde ».

Par contre, le pèlerinage de foi et de consécration de la Vierge Marie constitue l’archétype de celui de chaque baptisé. Il l’est d’une façon particulière pour ceux qui embrassent la vie consacrée. Mais comme il est réconfortant de savoir que Marie est à nos côtés, en tant que Mère et Maîtresse, sur notre itinéraire de baptisé !

C ÉPIPHANIE MATTHIEU 02,01-12 (4)

Chimay : 05.01.2025

Rois Mages CopieFrères et sœurs, les premiers adorateurs de ce mystérieux Enfant, né dans la lignée du Roi David, étaient pour le moins surprenants : des bergers – population mal famée en Israël. Nous pourrions penser que les choses rentrent dans l’ordre avec l’Évangile de ce jour : les Mages représentent une caste sacerdotale – voire royale – chez les Perses ; venus du lointain Orient, ils viennent présenter comme il se doit leurs hommages au Messie. En fait, le scandale ne fait que croître ! Les bergers de mauvaise réputation appartenaient au moins au peuple élu, alors que ces princes étrangers sont franchement des païens. On comprend l’émoi que suscite leur quête auprès du roi Hérode et des sages de Jérusalem : « En quel lieu devait naître le Christ ? »

C 03 LUC 01,01-04 ;04,14-21 (14) Chimay : 26.01.2025

 

St LucFrères et sœurs, la liturgie aujourd’hui nous propose deux textes qui nous invitent à méditer sur notre rapport à la Parole de Dieu telle qu’elle se lit dans l’Écriture. Néhémie et saint Luc nous parlent tous deux d’une bonne nouvelle, d’une parole de bénédiction à accueillir « prosternés devant le Seigneur, le visage contre terre » (Ne 8,6). Dieu nous a tant aimés qu’il nous a adressé la Parole ! Ce ne peut être pour nous qu’un motif de joie et de bénédiction. « La joie du Seigneur est notre rempart » (Ne 8,10).

C SAINTE FAMILLE LUC 02, 41-52 (15) Chimay : 29.12.2024

Ste FamilleFrères et sœurs, dans le prolongement de Noël, nous célébrons aujourd’hui la fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph. Il s’agit d’une famille humaine toute simple mais totalement conduite dans la foi. Jésus, le Fils éternel du Père, s’est incarné dans une famille humaine, celle de Marie et de Joseph. Ils sont unis par un amour intense, fondé sur celui qu’ils reçoivent de Dieu. C’est un exemple qui est proposé à toutes nos familles. Elles sont appelées à vivre d’un amour enraciné dans l’amour de Dieu. Bien vivre, c’est vivre en aimant. Et cela ne sera possible que si nous puisons à la source de Celui qui est l’amour. « Dieu est Amour » (1 Jn 4,8).