SAINTS PIERRE ET PAUL MATTHIEU 16, 13-19 (4)
Chimay : 29.06.2025
Frères et sœurs, la liturgie nous invite à célébrer aujourd’hui la solennité
des deux Apôtres Pierre et Paul, les deux colonnes de l’Église comme aiment à les appeler les Pères de l’Église.elon l’antique tradition, la liturgie les célèbre ensemble, en faisant mémoire le même jour de leur martyre. Ensemble, ils ont scellé avec leur propre sang le témoignage qu’ils ont rendu au Christ par la prédication et le ministère ecclésial.nveloppe-toi de ton manteau et suis-moi » (Ac 12,8). C’est ainsi que l’ange s’adresse à Pierre, qui est détenu dans la prison de Jérusalem. Cette parole est à rapprocher de l’expression « se revêtir du Christ » de l’épître aux Romains (Rm 13,14), pour révéler la gloire de Dieu au monde. Et Pierre, selon le récit du texte sacré, « sortit, et il le suivait » (Ac 12,9). Le livre des Actes nous relate son évasion miraculeuse de la prison de Jérusalem. Par l’intervention extraordinaire de son ange, Dieu vient en aide à son apôtre pour qu’il puisse poursuivre sa mission. Une mission difficile, qui comporte un itinéraire complexe et exigeant. Une mission qui atteindra sa plus haute expression par le martyre à Rome.
Dans la deuxième lettre à Timothée, Paul réassumant quasiment tout son itinéraire apostolique et missionnaire, lui le persécuteur devenu l’apôtre des nations, affirme : « J’ai échappé à la gueule du lion ; le Seigneur me fera encore échapper à tout ce que l’on fait pour me nuire. Il me sauvera et me fera entrer au ciel, dans son Royaume » (2 Tm 4,17).
Pierre et Paul, tous les deux, furent envoyés par le Christ annoncer l’Évangile dans un contexte hostile à l’œuvre du salut. Et chacun de leur parcours témoigne que le Seigneur n’abandonne jamais dans sa mission celui qu’il a choisi et envoyé. « Le Seigneur m’a assisté pour que je puisse jusqu’au bout annoncer l’Évangile » (2 Tm 4,17), écrit saint Paul.
A Jérusalem, Pierre expérimenta cette résistance en étant emprisonné par le roi Hérode avec l’intention de « le faire comparaître devant le peuple juif » (Ac 12,4) dont il voulait s’attirer les faveurs. Mais, le Seigneur veillait sur celui qu’il avait choisi pour porter sa Bonne Nouvelle et il le libéra miraculeusement des mains d’Hérode.
Le Converti de la route de Damas, lui aussi, envoyé par le Ressuscité, devait rencontrer l’adversité dans l’annonce de l’Évangile du salut. Ses lettres ne sont-elles pas un témoignage des luttes et combats qu’il dut mener dans les différentes cités de l’Empire romain où l’Esprit Saint le conduisait ? Mais il nous le dit lui-même dans la deuxième lecture de ce jour : le Seigneur l’a toujours assisté, lui donnant d’échapper mainte fois à la gueule de lion, le remplissant de force pour pouvoir annoncer jusqu’au bout l’Évangile et le faire entendre aux nations païennes (2 Tm 4,17-18).
Pour Pierre et Paul, ce parcours apostolique et missionnaire allait s’achever à Rome, scellé dans le témoignage le plus éloquent qui soit : celui du martyre. A quelques années de distance, ils versèrent leur sang, consacrant ainsi cette ville une fois pour toutes au Christ, leur sang devenant avec celui de toutes celles et ceux qui subirent la persécution de Néron « semence de chrétiens. »
L’itinéraire de foi et d’amour qui conduisit Pierre et Paul de leur terre natale à Jérusalem pour arriver à travers le bassin méditerranéen jusqu’à Rome est en quelque sorte le modèle du parcours que chaque chrétien est appelé à accomplir pour témoigner du Christ ressuscité. Tout d’abord se laisser saisir par Jésus. Reconnaître en lui le Messie, le Christ, le Fils du Dieu vivant. Faire cette expérience de rencontre en vérité avec le Ressuscité et devenir en chaque circonstance de notre existence un signe éloquent de sa puissance victorieuse.
Au milieu des épreuves, à celui qui à chaque instant met sa confiance en Dieu, cela demeure possible. C’est pourquoi nous n’avons pas peur. Et cela est d’autant plus vrai qu’au cœur même de l’adversité et de la douleur, nous faisons aussi l’expérience de la présence réconfortante de l’Esprit. C’est alors que dans notre vie, comme dans celle de Pierre et de Paul, nous voyons s’accomplir ces paroles du psaume : « Je cherche le Seigneur, il me répond : de toutes mes frayeurs il me délivre » (Ps 33,5).
A propos des Apôtres Pierre et Paul que l’Église honore en ce jour, l’antienne d’ouverture de la messe dit ceci : « Voici les apôtres qui, durant leur vie sur terre, ont enraciné l’Église au prix de leur sang ». Voici Pierre et Paul qui ont donné leur vie pour toi.
Enraciner l’Église au prix du sang... C’est ce qu’ont fait Pierre et Paul jusqu’à en mourir. Enraciner l’Église au prix du sang... N’est-ce pas ce que font aujourd’hui encore à travers le monde les femmes et les hommes de tous âges qui, en versant leur sang, font prendre racine à l’Église ? « Tous m’ont abandonné, écrit Paul dans sa seconde lettre à Timothée ; le Seigneur, lui, m'a assisté » (2 Tm 4,17).
Au fond, en ce jour, l’Église célèbre une fête hautement missionnaire. Comment ne pas faire nôtres les supplications de la prière après la communion : « Seigneur, fais-nous vivre dans ton Église comme les premiers chrétiens ! » Tout un programme, mais qui nous donnera un seul cœur et une seule âme. Tout un programme, c’est vrai, alors que ce monde pressé ne prêche que le « chacun pour soi » et la réussite immédiate.
Puissent les saints apôtres Pierre et Paul nous donner la grâce de confesser ensemble la vraie foi et de la mettre chaque jour en lumière par nos paroles et nos actes. Et puisse leur exemple de vie nous conduire sur le chemin du salut
Oui, saint Pierre et saint Paul nous présentent le paradigme du chemin spirituel de tout chrétien : un itinéraire de conversion, de foi et d’amour à l’égard du Christ.