Homélies du Père Jacques Pineault

A 17 MATTHIEU 13,44-52 (17)

Chimay : 30.07.2023

Frères et sœurs, les textes de la bible de ce jour évoquent une sorte de joyeuse chasse au trésor. Tout le monde cherche quelque chose. Les pêcheurs sont en quête de gros poissons. Le bijoutier remue ciel et terre pour trouver la perle rare, sans parler du chercheur d’or ou de ceux qui cherchent l’âme sœur. Dieu lui-même cherche à donner sa gloire à tous ceux qu’Il appelle. Chacun doit lui exprimer son désir : « Demande ce que je dois te donner » (1R 3,5). Nous avons entendu le témoignage du jeune roi Salomon (1R 3,5-12). Il aurait pu demander au Seigneur de longs jours, d’abondantes richesses ou encore la mort de ses ennemis. Que faut-il pour gouverner un peuple ? Un long règne, l’opulence, la victoire sur ses adversaires ? Mais Salomon a compris que le plus important n’est pas là. Il demande la sagesse du jugement. Il demande « un cœur attentif pour qu’il sache gouverner le peuple et discerner le bien et le mal » (1R 3,9). Il demande à Dieu le don de bien servir l’alliance entre Dieu et son peuple. Autrement dit, il demande l’amour de Dieu et de son prochain. Tout cela n’a rien à voir avec la gloire personnelle, les richesses, la considération et les honneurs.

A TRANSFIGURATION MATTHIEU 17, 01-09

Chimay : 06.08.2023

Frères et sœurs, en cette fête de la Transfiguration du Seigneur, la liturgie nous propose des textes bibliques qui nous parlent de la gloire de Dieu. Le premier est tiré du livre de Daniel (Dn 7,9-14) dans l’Ancien Testament. C’est un texte un peu déroutant pour ceux qui le découvrent ; mais ce qu’il faut y voir, c’est la bonne nouvelle qu’il nous laisse : le Fils de l’homme est intronisé devant Dieu pour recevoir la royauté sur tous les peuples. Lors de la Transfiguration, les apôtres ont connu un avant-goût de cette gloire de Jésus.

A 14 MATTHIEU 11, 25-30 (13)

Chimay : 09.07.2023

Frères et sœurs, comme toujours la Parole de Dieu de ce dimanche nous adresse un message d’espérance. C’est le salut qui est annoncé aux petits, aux pauvres et aux exclus. Cette bonne nouvelle rejoint tous ceux et celles dont la vie est un fardeau très lourd à porter. Jésus appelle à lui tous ceux qui peinent sous le fardeau de leurs souffrances, de leurs misères ou de leurs erreurs. Son cœur doux et humble saura nous aimer et nous soulager.

A 16 MATTHIEU 13, 24-43 (15)

Chimay : 23.07.2023

Frères et sœurs, nous sommes invités ce dimanche à découvrir le vrai visage de Dieu. Autrefois, on se le représentait comme un Dieu vengeur qui condamne sans pitié tous les faisant-mal. De fait, les abominations commises étaient incroyables. Et pourtant, Dieu n’a exterminé personne. Il a fait preuve à notre égard d’une patience extraordinaire. Dans sa bonté, il est venu au secours de notre faiblesse. Son grand désir a toujours été que le pécheur se convertisse et qu’il vive (Ez 18,23). Cela vaut même pour les ennemis de son peuple.

A 13 MATTHIEU 10, 37-42 (9)

Chimay : 02.07.2023

Frères et sœurs, dans l’Évangile de ce dimanche, Jésus nous adresse des paroles très fortes. Nous y trouvons trois éléments absolument essentiels : l’accueil, l’attachement à Jésus et la marche à la suite du Christ. C’est à l’accueil que nous réservons au plus petit des croyants que se mesure notre accueil du Christ lui-même.

A 16 MATTHIEU 13, 24-43 (15)

Chimay : 23.07.2023

Frères et sœurs, nous sommes invités ce dimanche à découvrir le vrai visage de Dieu. Autrefois, on se le représentait comme un Dieu vengeur qui condamne sans pitié tous les faisant-mal. De fait, les abominations commises étaient incroyables. Et pourtant, Dieu n’a exterminé personne. Il a fait preuve à notre égard d’une patience extraordinaire. Dans sa bonté, il est venu au secours de notre faiblesse. Son grand désir a toujours été que le pécheur se convertisse et qu’il vive (Ez 18,23). Cela vaut même pour les ennemis de son peuple.

A 11 MATTHIEU 09,36 - 10,08 (7)

Chimay : 18.06.2023

Frères et sœurs, l’évangile de ce dimanche présente un Jésus ému. Jésus éprouve de la compassion. Cela lui arrive en présence des foules désorientées ou affamées, auprès des aveugles, à l’approche des lépreux et devant toutes sortes de personnes souffrantes, tourmentées, lasses, prostrées et désemparées, comme des brebis sans berger (Mt 9,36). Les récits témoignent que la compassion de Jésus précède la guérison des malades, la résurrection des morts, l’enseignement aux foules, la multiplication des pains... Autrement dit, elle est un indice du royaume de Dieu à venir.

Désormais, cette émotion qui s’accompagne d’une action en faveur d’autrui est bien plus qu’une vertu morale qui dicte un comportement. La compassion est une vertu spirituelle. Elle nous rapproche de Dieu et nous dévoile son royaume. Elle se cultive et elle se reçoit. La compassion est la trace de l’image de Dieu que nous portons chacune et chacun. Et nous l’avons reçue gratuitement !

Plein de compassion, source profonde de son ministère, Jésus décrit l’étendue et l’urgence du besoin missionnaire. Ainsi Matthieu veut montrer comment la mission de Jésus, Messie de Parole et Messie guérisseur, définit l’engagement missionnaire. La tâche est immense, la foule en donne un petit aperçu : de tous côtés, à travers l’espace et le temps, on attend des paroles d’espoir. La responsabilité qui incombe tant à Jésus qu’aux siens est planétaire, si limitée que soit la dimension du monde connu d’alors. Le Sauveur tente de partager ici sa compassion, sa vision du monde. Aux siens, sans doute sévères dans leur jugement, désabusés peut-être, à tout le moins bouleversés, il lance une invitation à la prière et à la mission : « Priez le Maître d’envoyer des ouvriers… » (Mt 9,38). Puis, aussitôt il ajoute : « Allez ! je vous envoie ! » Les foules d’aujourd’hui ne réclament-elles pas encore des apôtres ?

Pour décrire la mission, Matthieu privilégie l’image classique : la moisson, prélude aux moissons déjà mûres et abondantes. Le travail sera long, il exige une main-d’œuvre nombreuse quelle que soit l’heure de l’embauche. Ces ‟Marines” de l’évangélisation, ce groupe tactique est d’histoire. Dès l’an 49, l’apôtre Paul en reconnaît l’existence ; en I Co 15,5, il fait mention des Douze, témoins privilégiés du Seigneur ; leur rôle est prépondérant dans les premières communautés pascales. Il fit les Douze, mentionne Marc, en parlant de l’institution comme d’un événement distinct de leur envoi en mission (Mc 3,14.16). Mais, en attendant, le troupeau doit trouver son pasteur ; la moisson est abondante, proclament les évangélistes. Aussi Jésus confie-t-il aux Douze le soin de rassembler les brebis de tous les enclos (Jn 10,16).

Ces Douze, qui sont-ils ? Matthieu, en vue de la mission galiléenne, bloque ici les deux appels : celui de la vocation et celui de la mission. Ces Douze seront des envoyés. La liste comporte deux couples de frères : Simon et André, Jacques et Jean. Matthieu ajoute quelques précisions qui lui sont propres : Pierre est le premier de la liste. (16,17). Au sujet de Matthieu, l’énumération précise qu’il est le publicain, le douanier appelé, Lévi de son petit nom. Enfin Thaddée s’identifie avec Jude (Lc 6,16 ; Ac 1,13). Seul trois des Douze apôtres comportent quelques précisions concernant leur origine ou avenir : Matthieu, le publicain, Simon le zélote ultra-nationaliste et Judas le traître.

De quels pouvoirs sont-ils investis ? Celui de chasser les mauvais esprits et de guérir les infirmes ; bref, l’autorité de Jésus qui a lui-même chassé les esprits mauvais. Les Douze marcheront ainsi dans les traces du Maître : Prêcher l’évangile du Royaume en guérissant toute maladie et toute langueur parmi le peuple. « Il a pris sur lui nos infirmités et s’est chargé de nos maladies », proclamait Is 53,4. Ainsi en sera-t-il des siens.

Aux Douze, associés provisoires du Messie, Jésus donne des consignes. Avant tout, un ordre restreignant la mission à Israël, excluant païens et Samaritains : « Allez aux brebis perdues de la maison d’Israël, livrées à l’errance par les mercenaires et les pillards » (Jn 10). C’est sans doute des archives de la mission que Matthieu tire ces consignes ignorées de Marc et de Luc, et sans doute aussi supprimées ultérieurement par égard pour leurs auditeurs, grecs et païens. Elles sont la mémoire des premiers pas de l’Église missionnaire en Galilée. D’ailleurs Matthieu terminera son évangile par un tout autre mot d’ordre : « De toutes les nations, faites des disciples » (28,19). Jusqu’à la victoire pascale, les disciples devront militer.

« Vous avez vu ce que j’ai fait à l’Égypte, dit le Seigneur, comment je vous ai portés comme sur les ailes d’un aigle et vous ai amenés jusqu’à moi » (Ex 19,4).  Voilà ce que fait le Seigneur quand son peuple est en désarroi ou abattu, comme des brebis sans berger. Les images de la Bible sont fortes. Il nous suffit cependant de regarder autour de nous pour saisir qu’elles ne sont pas de la poésie ou de l’histoire ancienne. C’est notre histoire. Celle d’aujourd’hui. Et c’est le temps de la moisson de Dieu, en attente de moissonneurs, dit Jésus. Non de laboureurs ou de semeurs, le travail a été fait – par le Seigneur, ou d’autres que nous. Il faut des moissonneurs.

Voilà encore des images agricoles, qui recouvrent d’autres réalités très concrètes. Il s’agit de libérer l’homme des esprits qui l’enserrent, sous mille formes, de l’avidité des richesses et du repli sur soi et sur ses frontières, intérieures ou extérieures. Guérir, voilà l’essentiel, rendre libre, redonner force, goût de vivre, joie, élan, et goût de Dieu aussi. En un premier temps, Jésus circonscrit la mission aux « brebis perdues de la maison d’Israël » (Mt 10,6). Mais au cœur de l’Évangile, nous le savons, est planté l’arbre de la croix aux bras larges ouverts. L’Esprit de Pentecôte nous souffle d’aller plus loin encore, dans la même générosité totale : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (Mt 10,8).

Cet amour inconditionnel de Dieu transparaît dans le comportement concret de Jésus qui, « voyant les foules, fut saisi de compassion envers elles parce qu’elles étaient désemparées et abattues comme des brebis sans berger » (Mt 9,36). Dès lors, il va leur trouver douze bergers qui seront totalement à leur service. Douze, parce qu’il y avait douze tribus en Israël. Car c’est à Israël d’abord qu’il les envoie lors de leur première mission, avant que cette mission ne s’élargisse au monde entier, comme l’indiquera la dernière phrase de l’évangile de Matthieu.

La liste des envoyés est-elle close ? Ces Douze ont couvert leur temps et les espaces qui leur avaient été confiés. Mais l’espace et le temps se sont prolongés : la moisson est plus grande que jamais et les ouvriers moins nombreux que par le passé. Même si le nombre importe peu – Jésus a débuté avec les douze apôtres seulement. L’offre d’emploi est ouverte ; à nous d’y répondre, nous en sommes tous responsables, tous des apôtres missionnaires, dans notre espace familial, paroissial et ecclésial.