Homélies de Dom Armand Veilleux

24 juillet 2022 --  17ème dimanche "C"

Gen 18, 20-32; Col 2, 12.14; Luc 11, 1-13

 

H O M É L I E

           Dans la section de l’Évangile de Luc que nous lisons depuis plusieurs dimanches, celui-ci décrit la montée de Jésus vers Jérusalem et y place des événements que les autres évangélistes ont placés à d’autres moments de la vie de Jésus.  On trouve aussi en cette section des récits que Luc est le seul à raconter.  Ce qui était le cas de l’évangile du Bon Samaritain d’il y a quinze jours celui de Marthe et Marie de dimanche dernier.  Dans le texte que nous venons de lire, Luc rapporte deux enseignements de Jésus sur la prière que nous avons aussi en Matthieu, c’est-à-dire le Pater et l’exhortation : « demandez et vous recevrez... etc. » Et, entre ces deux enseignements Luc place un autre enseignement de Jésus, qu’il est le seul à raconter : celui de l’ami importun. Arrêtons-nous un peu à ce morceau.

23 juillet 2022 – Fête de sainte Brigitte de Suède

Ex 20, 1-17; Mt 13, 18-23

Homélie

           Le premier octobre 1999, à l’ouverture du synode des évêques sur l’Europe, le pape Jean-Paul II nommait trois femmes comme copatronnes de l’Europe : Catherine de Sienne, Edith Stein et Brigitte de Suède.  Cette dernière est inscrite comme « mémoire »  dans le calendrier de l’Église universelle, mais on la célèbre comme fête en Europe. Toutes trois sont des femmes ayant su joindre dans leur vie une profonde relation personnelle avec Dieu, tout en exerçant un rôle important dans la société et l’Église.

           Brigitte, mariée au prince Ulf Gudmarson, était mère de huit enfants. Devenue veuve à l’âge de 41 an, elle institua un nouvel ordre religieux, l’ordre du Très saint Sauveur, qui prendra le nom de « les Brigittines » après avoir agi plusieurs années comme régente du royaume. Devenue religieuse elle-même, elle s’installa à Rome à partir de 1350 et y vécu durant 24 ans, travaillant à l’unité au sein de l’Église et préparant le retour du pape d’Avignon à Rome.  Elle est un modèle de contemplative dans l’action, sachant unir une vie de prière à une implication ardente et intelligente dans les affaires de l’Église et de la société.

           L’Évangile choisi pour cette fête de sainte Brigitte est le passage de Matthieu où est expliqué la parabole de la semence de Dieu tomba en diverses sorte de sol. Non seulement Brigitte se nourrit de l’Écriture Sainte, mais elle fut gratifiée de nombreuses « révélations » dont plusieurs papes et même un Concile (celui de Bâle en 1436) confirmèrent l’authenticité. Une Parole reçue et partagée.

           Dans une Europe dont la construction demeure difficile, elle est un exemple d’une vie toute donnée au Christ, d’abord comme mère de famille, et régente de tout un royaume, puis comme religieuse préoccupée de la bonne marche de toute l’Église.

Armand Veilleux

19 février 2022 -- Mardi de la 16ème semaine paire

Mi 7, 14-15. 18-20; Mt 12, 46-50

Homélie

Dans la tradition juive la famille et le clan avaient une importance extrême.  La fidélité à la famille et au clan était plus importante que toute autre chose.  Jésus manifeste certes un amour tendre pour sa mère; durant son enfance il est soumis à son père et à sa mère.  Mais en même temps, il met fin à la suprématie de la famille et au caractère exclusif des relations avec celle-ci.  L'amour ne doit plus avoir de frontières.  Il doit être étendu à tous, même aux ennemis. 

22 juillet 2022– Fête de sainte Marie-Madeleine

2 Co 5, 14-17 : Jn 20, 1.11-18

 

Homélie

Marie-Madeleine est sans doute la femme mentionnée dans l'Évangile au sujet de laquelle on sait le plus de choses (bien qu'il ne soit pas toujours absolument clair de quelle "Marie" les Évangélistes parlent).  Lorsqu'elle lava les pieds de Jésus et les arrosa de parfum, Jésus dit que partout où l'Évangile serait enseigné on raconterait ce qu'elle avait fait "en mémoire d'elle". Et cependant ce qui a été surtout retenu de Marie-Madeleine par saint Jean, et qui est l'objet du texte d'Évangile que nous venons de lire, c'est qu'elle fut le premier témoin de la Résurrection de Jésus. 

18 juillet 2022 – Lundi de la 16ème semaine paire

Michée 2, 1-5 ;  Matthieu 12, 38-42

Homélie

           Le prophète Jonas fut envoyé par Dieu aux païens de Ninive.  Mais il ne voulait pas de cette mission, aussi il s’enfuit vers Tarsis.  Cette fuite le conduit -- et conduit ses compagnons de voyage -- dans une tempête terrible.  Au coeur de cette tempête il reconnaît son péché et accepte – demande même – d’être jeté à la mer.  Il entreprend alors un chemin de solitude, dont le ventre de la baleine est un symbole, et il entreprend finalement sa mission de prédication.  Cependant il lui apparaît encore inconcevable qu’une ville païenne se convertisse, et il est mécontent de sa conversion.  Dieu lui fait finalement comprendre par l’image de la plante qui croît en un jour et meurt aussi vite, tout l’amour miséricordieux qu’il porte pour la ville païenne de Ninive autant que pour le Peuple d’Israël.

20 juillet 2022 -- Mercredi de la 16ème semaine "B"

Jer 1, 1. 4-10; Mt 13, 1-9

Homélie

          Nous avons ce matin le même Évangile que nous avons eu il y a quelques semaines, le 15ème dimanche ordinaire.  Ce qui est important avant tout pour Jésus, dans cette parabole, ce ne sont pas les épines qui peuvent étouffer la semence reçue; ce n'est pas le terrain rocailleux, qui ne permet pas à la semence d'avoir des racines profondes; ce ne sont pas les oiseaux du ciel qui viennent manger les grains tombés sur le sentier; ce n'est même pas la bonne terre qui reçoit cette semence.  Ce qui est le plus important pour Jésus, c'est la semence même.  Et la semence dont il parle, c'est sa Parole, qui est aussi la Parole de son Père.

17 juillet 2022-fra -- 16ème dimanche "C"

Gn 18, 1-10; Col 1, 24-28; Lc 10, 38-42

 

H O M É L I E

           La première lecture de la Messe d'aujourd'hui nous donne un bel exemple d'hospitalité orientale.  C'est un genre d'hospitalité que nous trouvons encore dans les pays pauvres, mais qui se fait plus rare dans les pays riches.  Lorsqu'on accumule la richesse, se développe évidemment le désir de la protéger, et l'on devient moins enclin à la partager, sauf de façon sélective et facilement ostentatoire.

           Dans l'Évangile, nous ne voyons jamais Jésus organiser de grands festins auxquels il inviterait les foules ou même simplement ses amis.  Au contraire, il apparaît comme l'étranger qui a besoin de l'hospitalité des autres.  Même pour la dernière Cène, son dernier repas avec ses disciples, il se fait recevoir dans la maison d'un étranger.  Il est reçu à table dans leurs maisons par des publicains.  Il accepte l'invitation des Pharisiens.  Partout où il va, il apporte un message, il offre une parole.

           Jésus aime tout particulièrement l'hospitalité de ses amis très chers: Marthe, Marie et Lazare.  Je dois confesser que j'ai une très grande sympathie pour Marthe, et je pense que les commentateurs et les prédicateurs des siècles passés ne lui ont pas fait justice.  Il est vraiment trop facile -- même si c'est populaire -- de voir dans ce récit évangélique l'affirmation de la supériorité d'une forme de vie chrétienne sur les autres.

           En réalité, c'est bien Marthe qui est la figure la plus marquante de ce récit évangélique.  Jésus est son hôte; c’est elle qui le reçoit dans sa maison à elle.  Marie se trouve là, mais elle aussi est une invitée de Marthe.  Jésus n'est pas un hôte ordinaire.  Même pour ses amis les plus chers, il demeure un « étranger »; mais quand il vient quelque part, il apporte la Parole de Dieu à ceux qui le reçoivent, et c'est cette Parole qui compte plus que tout.

           Nous voyons cela également dans la première lecture.  Les Visiteurs d'Abraham lui portent une parole; et cette parole prendra chair dans le sein de Sara.  La réponse de Jésus à Marthe exprime la même réalité:  c'est que c'est sa parole et l'écoute de cette parole qui comptent plus que tout.  Or, la grande familiarité avec laquelle Marthe parle à Jésus indique bien qu'il y avait entre eux une relation profonde qui ne peut exister qu'entre deux personnes qui s'écoutent mutuellement.

           Dans le service de l'hospitalité, il y a divers éléments essentiels:  il faut recevoir l'hôte, converser avec lui, lui préparer un repas et lui offrir divers services.  Il n'y a pas de véritable hospitalité sans tous ces éléments.  Il ne suffit pas de s'asseoir aux pieds de quelqu'un pour l'écouter, pas plus qu'il ne suffit de lui servir le repas.  Marthe et Marie se partagent l'ensemble de ces éléments de l'hospitalité.  Et donc, lorsque Jésus dit à Marthe qui est en train de le servir que Marie a choisi la bonne part (tèn agathèn merída, que l'on traduit trop facilement par "la meilleure part" pour des raisons grammaticales non convaincantes), il ne parle pas d'une supériorité objective.  Il dit simplement que Marie a choisi la partie la plus agréable du service de l'hospitalité, et que cela ne lui sera pas enlevé.  Quant à Marthe, qui fait tout le service onéreux, comme Jésus le fera lui-même à la dernière Cène, il l'invite à le faire sans préoccupations et sans nervosité.  Tout ce que font les deux, Marthe et Marie, constitue le service intégral de l'hospitalité.  Les deux se complètent. Aucune n'est supérieure à l'autre.

           Une leçon additionnelle de ce récit est que Dieu ne veut pas seulement nous appeler à sa table, mais qu'il veut aussi être invité à la nôtre.  Il veut être notre hôte, comme Jésus fut l'hôte de Marthe qui le reçut dans sa maison.  Il se présente à nous dans la personne l'étranger, du pauvre, des rejetés, des réfugiés et des sans abris.  Si nous écoutons sa Parole, Lui et son Père feront en nous leur demeure.

Armand  Veilleux