B 04 MARC 01, 21-28 (12) Scourmont : 31.01.2021

Frères et sœurs, les textes bibliques de ce dimanche nous adressent un message d’espérance. Dans ce monde qui est le nôtre, qui se relève péniblement d’une pandémie universelle, nous en avons bien besoin, de l’espérance.

 

Le livre du Deutéronome (18,15-20) nous invite à méditer sur les paroles adressées à Moïse, porte-parole de Dieu, qui dit : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18,15). Ce prophète sera Jésus. Or le rôle du prophète c’est précisément d’écouter et d’expliquer que Dieu n’abandonne pas son peuple. Il est toujours là pour nous accompagner, nous guider et nous enseigner. Mais Jésus est plus qu’un porte-parole, il est Parole de Dieu. Ce qu’il attend de nous, c’est que nous l’écoutions au plus profond de notre cœur.

Les premiers chrétiens qui ont relu ce passage du Deutéronome l’ont appliqué effectivement à Jésus. L’apôtre Pierre a même compris que lui seul a « les paroles de la Vie éternelle » (Jn 6,68). Lui seul peut libérer l’humanité et reconstituer son peuple. Alors, « aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur » (Ps 94,7-8). Car cet appel est important pour notre monde d’aujourd’hui. Ils sont nombreux ceux et celles qui ont abandonné toute pratique religieuse. Pour eux, la foi est devenue quelque chose d’accessoire. Ils ont fermé non seulement leurs oreilles, mais aussi leur cœur à la Parole de Dieu. Ils n’ont plus d’espérance.

Et un autre constat s’impose : quand on chasse le côté religieux de notre vie, il revient sous sa forme la plus perverse. Les superstitions occupent un terrain de plus en plus important. On a peur du Vendredi 13, des chats noirs. On court après ceux qui ont des pouvoirs, ceux qui prédisent l’avenir, les voyants, les médiums, les gourous en tous genres. C’est de ce danger que le Seigneur nous prévient quand il met sur notre route des hommes et des femmes qui témoignent de sa Parole.

Dans sa lettre aux Corinthiens (1 Co 7,32-35), saint Paul nous recommande de rester attachés au Seigneur sans partage. Cet appel s’adresse à tous. Il rejoint ceux qui sont mariés et ceux qui ne le sont pas. Il faut se rappeler qu’à l’époque beaucoup vivaient dans le luxe et la luxure dans la ville de Corinthe. Mais quand on a rencontré le Christ et qu’on l’a accueilli, c’est toute la vie qui est changée. Nous en avons de nombreux témoignages au cours de l’histoire de l’Eglise. Saint Paul n’est pas le seul converti sur un chemin de Damas. L’important c’est de rester unis au Seigneur, chacun selon sa propre vocation. Tous s’aident alors à vivre un amour vrai envers le Seigneur et entre nous.

Dans l’Évangile, nous voyons Jésus arriver à Capharnaüm avec sa petite communauté de disciples. Le jour du Sabbat (un samedi), il entre à la synagogue et se met à enseigner. Cela nous indique que la Parole de Dieu est une priorité absolue ; c’est une parole à écouter, à accueillir, à prier et à annoncer. La principale préoccupation de Jésus c’est précisément de communiquer la parole de Dieu avec la force de l’Esprit Saint. La réaction de la foule face à Jésus montre à quel point il était différent des autres rabbins. Quand il enseignait, il ne se contentait pas de répéter simplement ce que d’autres avaient enseigné et ne s’appuyait pas sur l’autorité des autres enseignants. Les gens qui sont là sont stupéfiés car « il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes » (Mc 1,22).

Ces derniers ainsi que les docteurs de la loi ne faisaient qu’imposer des lois, mais ils n’entraient pas dans le cœur du peuple. Dans les paroles humaines de Jésus, au contraire, on reconnaissait l’autorité même de Dieu. Il rejoignait les cœurs en vérité. Une des caractéristiques de sa parole d’ailleurs, c’est qu’elle fait ce qu’elle dit. C’est une parole qui libère. Ce que dit Jésus arrive vraiment : l’homme possédé est libéré de son mal (Mc 1,26).

Saint Matthieu, dans son récit du Sermon sur la montagne, nous transmet la saveur du style d’enseignement de Jésus – « Vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… Eh bien moi, je vous dis… » (Mt 5,33-34). C’est précisément cette autorité nouvelle qui a suscité la réaction de Satan. Jésus le reconnaît et l’interpelle vivement : « Tais-toi ! Sors de cet homme ! » (Mc 1,25).

Souvent nous nous inquiétons et nous craignons que le péché et le mal aient prise sur nous et que nous ne puissions pas y échapper. Nous pensons que nous ne pouvons pas vivre comme le Seigneur nous le demande. Il faut du temps pour que l’image qu’on se fait de Dieu se purifie, ainsi que sa relation aux hommes. C’est ainsi que le peuple a connu des périodes d’intense ferveur, mais aussi d’infidélité, de conversion et de renouveau. Et pourtant, la parole de Jésus fait fuir le mal sur le champ. Il peut faire la même chose en nos vies, si nous appelons son aide : « Seigneur, si tu le veux, tu peux me purifier » (Mt 8,2). L’Évangile est Parole de vie. Il libère ceux qui sont esclaves de tant d’esprits mauvais de ce monde, l’esprit de vanité, l’attachement à l’argent, l’orgueil, la gloire, la sensualité, le pouvoir, la domination. L’Évangile change le cœur, il transforme les inclinations au mal en intentions au bien. C’est de cela que nous témoignons en devenant chrétiens et messagers de la Parole de Dieu.

Cet Évangile d’aujourd’hui a été écrit pour nous. Il est la bonne nouvelle qui opère quand nous nous laissons transformer par elle. Le pape François nous recommande d’avoir un contact quotidien avec l’Évangile : « Il faut se nourrir chaque jour de cette source intarissable de salut », dit-il. Il ajoute même que chacun devrait avoir un petit livre des évangiles dans sa poche. La Parole de Dieu manifestée en Jésus est bien plus forte que tous les démons et tous les esprits mauvais. Avec lui, le mal n’aura pas le dernier mot. Il fuira plutôt.

Comme autrefois dans la synagogue, le même Jésus rejoint les communautés réunies en son nom dans toutes les églises du monde. Il nous fait entendre sa Parole. Il vient nous libérer de toutes nos possessions. Ouvrons-nous à cette Parole qui guérit et qui libère.

D’une manière certaine, lorsque Jésus parle, il transmet quelque chose de lui-même, quelque chose de son amour pour notre humanité, et en particulier pour ceux qui lui demandent son aide et mettent leur confiance en lui. Dans le monde d’aujourd’hui tant de voix peuvent nous troubler et nous faire douter de notre foi ! Pourquoi ne pas simplement écouter avec notre cœur le message simple que Jésus Christ est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6) ?