LUC 01, 26-38 (1)
Scourmont : 25.03.2022
Homélie
Frères et sœurs, en ce jour de la fête de l’Annonciation du Seigneur, nous célébrons Marie, complètement transformée par la grâce, prête à accueillir l’Esprit Saint. L’humanité, totalement disponible à l’action de Dieu, donne à Dieu de pouvoir prendre chair et de se manifester au monde. Cette totale adéquation à la volonté divine permet à celui qui n’est que « oui au Père » d’entrer dans l’histoire pour dire à l’humanité l’amour du Père pour elle.
Lorsque l’homme s’accorde totalement avec Dieu, tout devient possible. La disponibilité de Marie est une invitation pour nous à ne jamais voir la volonté de Dieu comme une réalité contraignante qui nous serait extérieure, mais comme une invitation à nous rendre disponible pour que le salut se manifeste en nous et autour de nous.
Ce récit de l’Annonciation, nous le connaissons bien. C’est l’instant divin qui bouleversa l’humanité : L’ange Gabriel se rendit chez Marie pour lui annoncer qu’elle avait été choisie pour être la mère de son Fils. Marie répond librement : « Voici la servante de Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole » (Lc 1,38).
Imaginant s’adresser à l’Ange de l’Annonciation, Saint Augustin demande : « Dites-moi donc, Ange de Dieu, d’où vient cette faveur à Marie ? » La réponse, dit le Messager, est contenue dans les paroles mêmes de la salutation : « Je te salue, Comblée-de-grâce » (cf. Sermon 291,6).
Effectivement, l’Ange, en « entrant chez elle », ne l’appelle pas par son nom terrestre, Marie, mais par son nom divin, comme Dieu la voit et la qualifie depuis toujours : « Comblée-de-grâce » (Lc 1,28). Le livre de l’Apocalypse ne dit-il pas : « Je donnerai à chacun … un caillou blanc sur lequel est inscrit un nom nouveau, que personne ne connaît à part celui qui le reçoit » (Ap 2,17).
Nous aussi nous sommes tous choisis par Dieu pour incarner sa bonté, sa tendresse, sa justice. Il a besoin de nos mains pour continuer les siennes. Il a besoin de nos lèvres pour prononcer ses paroles. Pour cela il faut être à l’écoute comme la Vierge Marie si l’Esprit Saint nous inspire. Il a besoin de nos yeux pour voir la souffrance humaine et la soulager. Quelle que soit la question qu’il nous pose, il nous invite à lui dire « oui ».
Accepterions-nous la venue du Christ en nous et dans notre vie ? De notre oui dépend notre futur et la subite transformation de notre esprit et de notre quotidien. Porter Dieu en soi et l’offrir au monde a pour conséquence une joie que nul ne peut nous ôter. A l’instant où nous disons oui, l’amour surgit comme un raz de marée emportant tout sur son passage. C’est une aventure magnifique qui commence. Il n’y a pas de plus grand honneur que d’être les serviteurs de l’amour.
Comme la Vierge Marie, quel que soit notre âge et notre état de santé, Dieu nous confie une mission. Il a besoin de nous et de notre accord. Ne craignons pas si nous avons trouvé grâce auprès de Dieu : cette mission est tournée vers le bonheur, le nôtre et celui des autres. Vivre sous le regard de Dieu c’est savoir que l’on avance avec Jésus et Marie sur le chemin des hommes, le chemin des disciples. Ce chemin nous conduit là où sont déjà ceux qui nous ont précédés, dans le ciel de Dieu et de lumière. C’est là qu’ils nous attendent…
Le Carême est là pour nous apprendre à dire le « oui » de Marie ; il est celui de notre baptême. Et en même temps, nous apprenons continuellement à nous l’approprier, à le développer, à le faire pénétrer dans tous les recoins de notre existence. « Convertis-toi et crois à la Bonne Nouvelle ». Marie a accompagné Jésus jusqu’au bout de son chemin terrestre. Soyons sûrs qu’elle nous portera jusqu’au bout de notre effort, maintenant et à l’heure de notre mort.
En terminant, je cite un extrait de cette prière bien connue de Saint Bernard :
MARIE
Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur.
En suivant Marie, on ne dévie pas, on ne désespère pas ;
Si elle te protège, tu ne craindras pas ;
Si elle te guide, tu ne connaîtras pas la fatigue.
Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but.
Et quand les vents de la tempête se lèvent, regarde l’Étoile qui s’appelle Marie.