B 03 MARC 01, 14-20 (10)
Scourmont : 21.01.2024
Frères et sœurs, le pape François nous propose de faire de ce dimanche le dimanche de la Parole. Ce sera chaque année le 3e dimanche du Temps ordinaire. Cette Parole, c’est celle du Seigneur, qui doit être annoncée à temps et à contretemps. « Malheur à moi si je n’annonçais pas la Parole de Dieu », écrivait saint Paul aux Corinthiens (1Co 9,16). Car le Seigneur veut que tous se convertissent et soient sauvés. Par conséquent nous sommes tous envoyés pour être les messagers de cette Parole ; notre mission n’est pas de faire croire mais de la dire et d’en témoigner. Par exemple : de témoigner de la Parole qui me concerne, de celle qui m’habite. Saint Marc nous dit, lui, aujourd’hui : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15). Un autre pourra prier avec une parole de Jésus dans son cœur : « Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Ces paroles nous habitent, nous transforment, font de nous petit à petit des chrétiens. Nous ne devons pas oublier que le Seigneur est avec nous. C’est lui qui agit dans le cœur de ceux et celles qui entendent sa Parole et la reçoivent.
C’est ce qui se passe avec Jonas (Jon 3,1-10). Il est envoyé à Ninive, la grande ville du monde païen le plus endurci et le plus éloigné de Dieu. La Parole qu’il proclame est un message de destruction : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite » (Jon 3,4). Jonas croyait sa mission impossible : annoncer à l’une des villes les plus puissantes de l’époque que Dieu va la détruire parce qu’il en a assez de voir la méchanceté de ses habitants. Jonas résiste, refuse car il croyait assister prochainement à la destruction de cette ville. Mais les gens se sont convertis ; ils se sont détournés de leur conduite mauvaise. Aussitôt qu’ils ont entendu l’avertissement, leur sens moral les a poussés à reconnaître leur péché, et à faire pénitence sous le sac et la cendre en implorant la miséricorde de Dieu. Jonas ne s’y attendait pas. Il ne s’attendait pas à ce que Dieu agisse dans le cœur de ceux qui entendraient la parole proclamée par lui au nom de Dieu. Dieu agrée la repentance : il ne veut pas la mort des pécheurs, mais qu’ils se convertissent (Ez 18,23).
Comme Jonas, nous vivons dans un monde où beaucoup se sont détournés de Dieu. Nous sommes appelés en envoyés, non pour annoncer leur destruction, mais pour témoigner de l’amour qui est en Dieu. Il est le Dieu de l’univers y compris des étrangers. Sa présence n’est pas limitée à un lieu, à un pays ni à une religion. Ceux que nous considérons comme des païens sont parfois plus prêts que nous à écouter la Parole de Dieu. Souvent des gens très loin de l’Église décident de se convertir à Jésus Christ. Un indice de cela de nos jours, c’est que des adultes de plus en plus nombreux demandent le baptême chaque année. C’est ainsi que le Seigneur agit dans le cœur de ceux et celles qui entendent sa Parole et la reçoivent.
Le psaume 24 que nous avons médité est la prière de celui qui se met à l’écoute de la Parole de Dieu, qui ouvre la Bible pour l’étudier et la réfléchir. Par cette prière, il demande à Dieu de l’aider à trouver un chemin de conversion. Quelles que soient nos errances ou nos injustices passées, nous pouvons toujours nous tourner vers le Dieu de toutes miséricordes et lui demander que sa Parole agisse en nous.
L’Évangile nous montre Jésus qui prêche la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Tout commence en Galilée. Cette région dont on disait qu’il ne pouvait sortir rien de bon est devenue un carrefour de païens, une terre de ténèbres et de débauche. Tout comme Jonas, Jésus se rend vers un lieu de perdition. Mais au lieu d’annoncer la catastrophe, il lance un appel pressant : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle. Le Royaume de Dieu est tout proche » (Mc 1,15).
Pour embraser le monde, Jésus fait appel à des disciples. La Bonne Nouvelle a besoin de voix pour se dire, elle a besoin de mains pour se faire, elle a besoin d’humains pour se transmettre. Des hommes sont au travail, Jésus les voit et les appelle. Il ne les choisit pas parmi les notables du Temple mais parmi de simples pêcheurs. Ces hommes, surpris dans leur travail, laissent tout tomber et se mettent à suivre Jésus. Pour André, Simon, Jacques et Jean, c’est le début d’un grand amour. Ils vont accueillir la Bonne Nouvelle et toute leur vie en sera transformée. Ils sont devenus les apôtres que nous connaissons, car ils ont témoigné de la vérité de Dieu jusqu’à l’offrande de leur vie.
Une question importante se pose pour nous : sommes-nous désireux de connaître les voies de Dieu, désireux de nous attacher au Christ pascal ? Il est bon de nous arrêter pour faire le point. Certes, la mission nous appelle mais celle-ci ne pourra porter du fruit authentique que si elle est enracinée dans un compagnonnage exigeant avec le Christ. Le seul dommage, c’est le bonheur dont nous nous privons volontairement lorsque nous ne laissons pas Dieu habiter notre demeure.
Comme ces apôtres, comme Paul et comme Jonas, nous sommes tous appelés par le Seigneur. En tant que chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour être témoins et messagers de l’Évangile. Nous sommes envoyés ensemble, en communion les uns avec les autres et avec le Christ. Ce rappel nous est communiqué en pleine semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Cette unité est absolument indispensable au témoignage que nous avons à donner. Depuis des années, des initiatives sont prises pour aider les chrétiens de différentes confessions à se rencontrer, à prier ensemble et à se rapprocher du Christ. C’est autour de lui que se construira l’unité de ses disciples.
En nous rassemblant à l’église en ce dimanche, nous venons puiser à la source de l’Amour qui est en Dieu. Nous nous nourrissons de sa Parole et de son Eucharistie. Nous lui demandons qu’il nous donne la force et le courage pour la mission qu’il nous confie : « Toi qui es la Lumière du monde, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour » (Raymond Fau).
Chacun de nous est appelé à suivre le Christ. Les apôtres vont devenir les piliers de la première Église. Saint Marc souligne l’immédiateté de la réponse de ces pêcheurs qui ont entendu la Parole de Dieu. C’est parfois dans la fulgurance d’une décision que notre vie prend tout son sens.