B 19 JEAN 06,41-51 (13)

Scourmont : 11.08.2024

 

Frères et sœurs, les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de la nourriture que Dieu nous donne. La première lecture (1 R 19,4-8) nous rapporte le témoignage du prophète Élie. Son grand souci était de ramener le peuple d’Israël à la fidélité au vrai Dieu. Il n’a jamais cessé de dénoncer ceux qui se vautraient dans le mal et la méchanceté. Se sentant menacé, il a dû s’enfuir au désert. Il pensait en finir avec cette vie. Mais Dieu veillait sur lui. Il lui a envoyé le pain qui lui donnera les forces nécessaires pour continuer sa longue marche.

Nous aussi, nous connaissons parfois des périodes difficiles, des déserts. Mais le Seigneur ne nous abandonne jamais. Il nous donne à nous aussi le pain dont nous avons besoin pour continuer notre route. Chacun de nous peut penser à une parole d’encouragement, une rencontre qui nous a fait du bien, un geste d’amitié, un secours inespéré. Mais le seul vrai pain, nous le trouvons dans l’assemblée du dimanche. C’est Jésus lui-même qui se donne. Il est le vrai pain de la route par sa Parole et par son Eucharistie. Nous chrétiens, nous avons tous besoin de cette nourriture que Dieu nous donne pour continuer notre marche. Et nous le savons d’expérience.

C’est ce message que nous trouvons dans l’Évangile de ce jour. Saint Jean a longuement médité sur les paroles de Jésus. Ce qui le fait souffrir, c’est la désaffection des communautés chrétiennes vis-à-vis de l’Eucharistie. Et aujourd’hui, l’Évangile voudrait nous ramener à l’essentiel. Le Christ se présente à tous comme « le Pain descendu du ciel ». Il est le plus beau cadeau que Dieu ait pu faire à l’humanité. C’est Jésus qui se donne à nous pour que nous puissions vivre éternellement. C’est un cadeau imprévu et inattendu. Nous n’avons rien fait pour le mériter. Il s’agit d’un don gratuit de Dieu. Mais pour l’accueillir en vérité, un acte de foi est absolument nécessaire de notre part.

C’est ainsi que Jésus nous révèle qui il est en vérité. Et cette révélation provoque toujours une crise. Il y a ceux qui croient et ceux qui refusent de croire. Et dans notre monde d’aujourd’hui, ça n’a guère changé. Beaucoup se sont installés dans l’indifférence ou le refus. Ils ne voient en Jésus que le côté humain. Ils refusent de reconnaître sa divinité. Cet Évangile vient remettre en question ce que nous croyons savoir sur Jésus. Il n’est pas seulement l’homme de Nazareth ; il est le « Pain du ciel », la nourriture pour la route. Jésus nous dit qu’il faut venir à lui, le manger. Venir à lui, c’est croire en sa Parole, c’est s’en nourrir, c’est l’accueillir comme un don de Dieu.

Tout cela n’est possible qu’avec la foi. La tentation est grande de nous en tenir aux évidences. Aujourd’hui, le Christ vient nous appeler à une démarche de confiance. C’est une question de vie ou de mort spirituelle. Nous sommes invités à choisir la vie qui vient de Dieu. Ses paroles peuvent nous bousculer mais elles sont celles de la Vie éternelle. Chaque dimanche, le Seigneur vient nous nourrir de cette Parole et de son Eucharistie. C’est un don extraordinaire dont nous ne mesurons pas l’importance. Nous n’aurons jamais fini d’en découvrir la grandeur.

Et pourtant, depuis plusieurs années, nous constatons une désaffection. Beaucoup de jeunes et de moins jeunes y sont les grands absents. Ils ne croient pas que le Christ a livré son Corps et versé son Sang « pour nous et pour la multitude ». Heureusement il y a le jeune Carlo Acutis qui sera bientôt canonisé et qui disait que l’Eucharistie était son « autoroute vers le ciel ». Il est mort en 2006 d’une leucémie à l’âge de 15 ans. Au témoignage de sa mère, Carlo manifeste une piété précoce, récitant quotidiennement le chapelet dès l’âge de quatre ans et demi, et demandant à entrer dans toutes les églises pour, disait-il, « saluer le Christ ». Il a une dévotion particulière pour l’Eucharistie et pour la Vierge Marie, qu’il définit comme « l’unique femme de sa vie ». D’apparence ordinaire, il a des amis, aime le football et les animaux. Il est très intéressé par le monde de l’informatique. Il fait des montages de films, crée des sites Internet (notamment pour sa paroisse et son lycée) et se met au service des enfants, des personnes âgées et des plus pauvres, auxquels ce monde de l’informatique était moins accessible. Il est remarqué par ses professeurs pour ses bons résultats, et apprécié par ses camarades pour sa bonne humeur, sa générosité et sa gentillesse envers tous. Dans l’aumônerie du lycée, Carlo exerce une certaine influence par son exemple. Il transmet notamment l’importance qu’a pour lui l’Eucharistie : « C’est l’autoroute qui mène au ciel ». Le pape François le donne en exemple lors de son exhortation apostolique Christus vivit, pour avoir été « capable d’utiliser les nouvelles techniques de communication pour transmettre l’Évangile et communiquer ses valeurs et sa beauté ». Carlo sera canonisé en 2025 pendant l’année jubilaire.

La messe, c’est Dieu qui vient à notre rencontre et qui nous attend. C’est un rendez-vous d’amour qui nous est offert à tous. Dans sa lettre aux Éphésiens (Ep 4,30-5,2), saint Paul nous rappelle les dispositions à adopter pour accueillir ce don de Dieu. Il nous invite à vivre dans l’amour et l’unité. C’est une condition indispensable pour vivre l’Eucharistie en vérité. Des chrétiens divisés sont un contre-témoignage. Nous ne pourrons vraiment témoigner de l’amour de Dieu que si nous en vivons. Notre référence c’est Dieu ; c’est lui que nous devons imiter. C’est en lui seul que nous trouverons la joie et le bonheur, même dans les moments les plus difficiles.

En ce dimanche, nous sommes venus à Jésus ; c’est lui qui nous accueille. Comme l’a dit le pape François, il est « le visage de la miséricorde ». La miséricorde, c’est la loi fondamentale qui habite le cœur de chacun lorsqu’il jette un regard sincère sur le frère qu’il rencontre sur le chemin de la vie. La miséricorde, c’est le chemin qui unit Dieu et l’homme. Le pape Jean-Paul ii disait que dans sa miséricorde le Christ a donné Dieu aux hommes, et les hommes à Dieu. C’est sans doute ce qu’avait compris le bon larron sur la croix. Malgré sa misère de condamné, il offre son amitié à Jésus. Et Jésus, non seulement accepte son amitié, mais il lui propose l’éternité avec lui : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis » (Lc 24,43).

À la fin de la messe, quand le prêtre dit : « Allez dans la paix du Christ », cela signifie que le temps de la mission est là. Nous sommes envoyés auprès de tous ceux que nous rencontrerons sur notre route. En venant nous nourrir de la Chair et de la Parole du Christ, nous nous engageons à être les témoins de l’espérance qui nous anime. Que le Seigneur nous garde fidèles à cette mission qu’il nous confie.