C PENTECÔTE JEAN 14,15-16.23b-26 (16)

 Pentecost2

Scourmont : 08.06.2025

Frères et sœurs, nous venons d’écouter le récit de la Pentecôte tel qu’il nous est rapporté par saint Luc dans le livre des Actes des Apôtres (Ac 2,1-11). Ce récit est bien connu. Il nous parle d’abord d’un violent coup de vent : « … la maison où étaient les apôtres en fut remplie tout entière » (Ac 2,2). Il fallait bien cette bourrasque énergique pour secouer ces hommes timides et craignant d’être découverts par les Romains. / Une rafale de feu était également nécessaire pour embraser ces disciples effrayés. Le texte dit : « … apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux » (Ac 2,3). / Seul l’Esprit Saint pouvait faire sortir ces hommes traqués de leur refuge : « Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit » (Ac 2,4). / Réunis dans la crainte de l’avenir, les Apôtres, bousculés par la force de l’Esprit Saint, vont désormais annoncer, à chacun dans sa langue, la Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu. 

L’Esprit Saint, c’est la force qui vient du Père et du Fils ; elle est destinée à permettre de vaincre le mal, de trouver une manière de ne pas être atteints par les critiques et la persécution, mais aussi d’affirmer sa foi avec conviction. La foi des disciples avait traversé une rude épreuve, ayant comme seul soutien, la promesse de Jésus de leur envoyer son Esprit. Mais les disciples ne pouvaient imaginer ce qu’il leur préparait.

Justement, l’Esprit Saint agit à travers la foi disponible de ceux qui n’ont plus rien à perdre. Les disciples accueillant l’Esprit Saint sont embarqués dans une aventure missionnaire aussi soudaine qu’étonnante. Le violent coup de vent qui les embrase enflamme chacun d’eux d’un langage nouveau. Les voici sur la place publique, parlant aux gens de Jérusalem. Et toutes les nations sous le ciel les entendent dans leur dialecte. Cette foi missionnaire de Pentecôte est l’élan vivifiant qui a construit toutes les communautés chrétiennes jusqu’à nos jours.

Avec l’Esprit Saint, nous avons tout le contraire d’une Église enfermée, repliée sur elle-même. Le pape François nous le disait à sa manière : « Une Église enfermée sent le renfermé ». Saint Paul nous dit que l’accueil de l’Esprit Saint nous rapproche étroitement du Père qui fait de nous ses enfants et ses héritiers. Nous sommes donc poussés à sortir « sur les places et sur les parvis » (Odette Vercruysse) pour y chercher tous les amis de Dieu. Tous les hommes sont des amis de Dieu. Et Dieu veut que tous soient sauvés. C’est pour tous que Jésus est mort sur la croix. Notre mission n’est pas de le « faire croire » mais de le « faire savoir ». Beaucoup le font jusqu’au martyre.

Frères et sœurs, nous avons encore en tête les mots de Jésus, cette promesse à ses disciples : « Je ne vous laisserai pas seuls... Je vous enverrai un Défenseur » (Jn 14,18). Encore et encore la parole s’accomplit. Souffle et feu, l’Esprit s’empare de vies d’hommes pour en faire des passionnés de l’Évangile. D’une poignée d’hommes emmurés dans leur peur et cloîtrés dans leur cénacle fermé, l’Esprit fait d’infatigables témoins, des prédicateurs enthousiastes, des ambassadeurs du Christ jusque dans le don d’eux-mêmes au risque de leur vie. Avec eux, l’Église naît au souffle de l’Esprit et prend la mer, entraînant dans son sillage toute l’humanité sauvée par la mort et la résurrection du Christ. C’est ce même Esprit qui construit aujourd’hui encore nos communautés, nos paroisses, nos diocèses... L’Esprit de Pentecôte nous anime. Il fait de chacun de nous des fils et des filles de Dieu. « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (Rm 8,14). Les cardinaux eux-mêmes, réunis en conclave, nous ont révélé que se connaissant fort peu entre eux ils ont demandé à l’Esprit Saint de leur révéler celui que le Seigneur avait choisi pour être le prochain pape. Ce fut tellement rapide et étonnant que beaucoup de gens n’en croyaient pas leurs yeux de voir un Américain devenir pape et être acclamé par des milliers de personnes.

Ce qui est formidable en ce jour de Pentecôte, c’est de voir toute cette foule rassemblée autour des apôtres. Chacun les entend dans sa langue maternelle. Car l’Évangile est pour tous les peuples ; il est offert aux adolescents comme aux scientifiques, aux banlieusards, aux ouvriers et aux paysans, aux gens pieux comme aux touristes. Il est une Bonne Nouvelle qui les rejoint tous dans ce qu’ils vivent. L’Évangile s’adresse à eux avec le langage de l’amour. L’Esprit de Dieu, c’est l’amour personnifié. Saint Jean nous le dit souvent dans ses lettres : « Dieu est amour » (1 Jn 4,8). C’est de cela que nous avons à témoigner. Dieu aime passionnément ce monde et il veut le sauver. S’il ne nous aimait pas, il ne nous maintiendrait pas dans l’existence.

Dans la lettre aux Romains (Rm 8,8-17), saint Paul s’adresse aux chrétiens de Rome mais aussi à chacun de nous. Dans un premier temps, il évoque le sort pathétique de l’homme pécheur. Mais avec la présence de l’Esprit Saint en nous, tout change. Si nous nous laissons conduire par l’Esprit de Dieu, nous devenons vraiment des fils de Dieu. Ce n’est pas un Esprit qui fait de nous des esclaves entretenus dans la peur, mais un Esprit qui fait de nous des fils, des héritiers de Dieu, des hommes libres héritiers avec le Christ. Bien sûr, il y a des obstacles et des échecs. « Nous sommes tous esclaves de nos tendances mauvaises. Mais l’Esprit nous en libère et nous aide à pratiquer le bien. C’est ainsi que nous devenons véritablement libres ».

Ainsi, l’événement de la Pentecôte clôt l’évangile et ouvre le chapitre des temps de l’Église : c’est l’époque de la propagation de l’Évangile et du témoignage intrépide des chrétiens ; de la traduction de la « Bonne Nouvelle ». Cette solennité nous rappelle que nous sommes introduits dans le même courant et que nous sommes appelés à transmettre ce que nous avons reçu, à faire fructifier la semence de l’Évangile, qui tombe constamment sur notre terre.

Dans un monde de meurtri par les guerres et les violences, l’Esprit Saint vient faire de nous des artisans de paix, de réconciliation et de communion fraternelle. Il « souffle où il veut et nul ne sait ni d’où il vient, ni où il va » (Jn 3,8). Qu’Il vienne affermir notre foi.