De saint Matthias nous ne connaissons pas grand chose d'autre que ce qui nous est raconté dans le bref récit des Actes décrivant son élection. Et l'élément essentiel de ce récit est constitué par le discours de Pierre, qui nous révèle plusieurs détails importants sur l'Église primitive, et sur le sens de l'Évangélisation. Nous y voyons que cette Évangélisation consiste essentiellement à être "témoins de la Résurrection". Or, il n'y a pas eu, comme nous le savons, de "témoins" du moment précis de la sortie de Jésus du tombeau. Être "témoins de la résurrection" pour Pierre c'est avoir fait partie de la communauté de ceux qui ont suivi Jésus "tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean jusqu’au jour où il nous fut enlevé".
L’Évangéliste Luc est le seul à nous avoir donné une description de l’Ascension. Les trois autres Évangélistes ne séparent pas le moment de la résurrection de celui de son entrée définitive dans la gloire du Père. Le dernier chapitre de l’Évangile de Marc, que nous venons d’entendre, est une addition postérieure empruntée à Luc.
Tout au long de cette semaine, le lectionnaire férial nous fait lire une partie du long discours de Jésus à ses disciples durant la dernière Cène. Il leur promet l’envoi de l’Esprit Saint, leur annonce ce qu’ils auront à endurer et leur donne ses recommandations. En même temps, la première lecture de chaque jour, tirée des Actes des Apôtres, nous montre comment saint Paul et son compagnon Luc ont réalisé leur mission dans diverses villes païennes.
Nous arrivons presque à la fin de ce beau et long discours de Jésus à ses Disciples à la dernière Cène. Il leur a déjà dit beaucoup de choses profondes et difficiles. Il leur dit maintenant qu’il lui reste encore beaucoup de choses à leur révéler, mais qu’ils ne sont pas encore capables de les porter. Il leur annonce aussi que l’Esprit dont il leur parle depuis le début, et qu’il appelle toujours « l’Esprit de Vérité », les guidera vers la vérité tout entière. Il y a deux choses à remarquer dans cette promesse. Il y a tout d’abord le mot « guider ».
Dans l'Évangile de dimanche dernier, Jésus disait à ses disciples : "Je suis la vigne et vous êtes les sarments »; et il leur rappelait que seul celui qui demeure en lui porte des fruits. Dans l'Évangile d'aujourd'hui, qui est la suite du même discours, Jésus exprime la même préoccupation que ses disciples portent des fruits : "Je vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure".
À la fin de l’Évangile d’hier, Jésus confiait à ses disciples qu’il leur avait dit toutes ces choses afin qu’ils « se souviennent » qu’il les leur avait dites. Le souvenir, ou la mémoire, est une chose très importante dans la vie chrétienne. Au cœur même de la vie chrétienne il y a l’Eucharistie, que nous célébrons « en mémoire » de Jésus, comme il nous a dit de faire. C’est aussi en conservant une mémoire aussi constante que possible de Lui, qu’il nous est possible de vivre une prière continuelle, ce qui est l’un des éléments les plus fondamentaux de la vie chrétienne et de notre vie monastique.
Les lectures à l'Eucharistie durant ce temps pascal sont d'une richesse exceptionnelle. D'une part, dans l'Évangile, nous lisons les dernières recommandations de Jésus à ses disciples lors du dernier repas qu'il prit avec eux, telles qu'elles nous sont racontées par Jean; et d'autre part les lectures tirées des Actes des Apôtres nous tracent un tableau très vivant de l'Église primitive, où tout évolue à une rapidité assez exceptionnelle. L'un des aspects de cette évolution que je trouve des plus fascinants est de voir comment tout l'avenir de l'Église est lié à l'histoire personnelle de quelques individus. (Il en sera d'ailleurs ainsi tout au long de l'histoire de l'Église). Tout au long du récit des Actes, la figure centrale est évidemment celle de Paul, mais je trouve encore plus fascinante, en quelque sorte, la figure de Barnabé, sans qui Paul n'aurait peut-être jamais été connu.