Homélies et conférences du Père abbé - Dom Damien Debaisieux

Jeudi Saint

(Jn 13,1-15)

Avril 2025

 Homélie 

Jésus « les aima jusqu’au bout […et] il se mit à [leur] laver les pieds ». Frères et sœurs, quelques minutes avant cette célébration, nous avons vécu, en communauté, ce lavement des pieds. L’Abbé, accompagné d’un frère, a lavé les pieds de chaque frère avant de se faire laver les pieds à son tour. C’est évidemment un moment fort de la vie de notre communauté, celui où le Christ – car c’est bien de lui dont il s’agit ici, représenté par l’abbé - s’agenouille devant chacun, lave, essuie puis pose les lèvres sur ces pieds. Un moment fort qui redit à chacun toute l’importance, la dignité qui est la sienne. « Tu as du prix à mes yeux », pourrions-nous dire avec le prophète Isaïe, « tu as de la valeur et je t’aime […]. Ne crains pas, car je suis avec toi » (43,4-5). Cela, c’est notre Dieu, celui qui hier, aujourd’hui et demain se donne à nous, se donne pour nous.

Rameaux 2025 

Frères et sœurs, à chaque Eucharistie, le prêtre montre l’hostie, et parfois aussi la coupe, et dit : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ». L’Agneau de Dieu, celui qui se livre, qui se donne pour son Père et pour nous, nous l’avons entendu, nous l’avons suivi durant tout ce récit de la Passion : comme l’hostie, comme sur la croix, il nous a été montré et nous sommes appelés à le contempler. Contempler Celui qui se laisse arrêter, outrager, juger, condamner, crucifier. Contempler Celui qui fait ce qu’il dit jusque dans sa propre chair : aimer ses ennemis ; se laisser frapper sur une joue et tendre l’autre ; pardonner - « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Et tout cela, alors qu’il est innocent, victime de l’injustice, victime des péchés du monde qui nous sont, eux aussi, montrés dans ce récit.

Saints Fondateurs 2025

(Mc 10,24b-30)

 

Frères et sœurs, pour évoquer nos Pères fondateurs, ou plus exactement pour nous laisser interpeler par eux, j’aimerais m’appuyer sur un document du XIIe siècle intitulé l’Exorde de Cîteaux qui, dans sa première partie, nous raconte l’histoire de la fondation du nouveau monastère.

4e dimanche de Carême C

(Lc 15,1-3.11-32)

Mars 2025

Frères et sœurs, si cet évangile est connu sous le nom de « la parabole du fils prodigue », c’est peut-être parce que nous nous sommes volontiers identifiés à ce fils cadet. Alors certes, contrairement à lui, nous n’avons pas eu l’audace de dépouiller notre père ; nous n’avons pas eu l’indécence de lui revendiquer « la part de fortune » que nous estimions nôtre, alors qu’elle était sienne, alors qu’il était encore vivant. En revanche, nous avons été sensibles à ce retour du fils prodigue, et peut-être encore plus sensibles au fait qu’il soit pardonné. Et c’est probablement ainsi que nous nous imaginons devant Dieu : pardonnés et aimés. Et c’est vrai ! Cependant ça ne doit pas être une excuse pour nous regarder avec complaisance, comme si, finalement, nous étions du bon côté, toujours du bon côté…

Noël 2024

(Messe du jour)

(Lc 2, 1-10)

« Il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune » (7). Frères et sœurs, en méditant cet évangile de Noël, un évangile de joie et de fête, c’est cette phrase, plutôt sombre, qui m’a particulièrement interpelé, au risque d’en faire la base de cette homélie. Dans le même esprit, nous pourrions ajouter le verset suivant qui dit également une situation d’exclusion, de mise à l’écart : « Dans la même région, écrit saint Luc, il y avait des bergers qui vivaient dehors et passaient la nuit dans les champs pour garder leurs troupeaux » (8). Et dans la matinée, à la messe de 11 heure, nous entendrons dans l’évangile de saint Jean une autre phrase qui s’en rapproche : « Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu » (1, 11).

Cendres 2025

(Mt 6,1-6.16-18)

Mars

Frères et sœurs, le temps du Carême est souvent favorable pour faire comme un point sur notre relation à Dieu. Quelle place tient-il réellement dans notre vie ? Quel espace, au pire, lui laissons-nous, et, bien mieux, lui donnons-nous ? La semaine dernière, nous entendions Jésus demander à ses disciples : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » (Mc 9,33). Eh bien, aujourd’hui, nous pouvons nous poser la même question : de quoi discutons-nous sur le chemin de notre vie ? Qu’est-ce qui est le véritable intérêt, le véritable but de nos vies ?

33e dimanche ordinaire B

(Mc 13, 24-32)

Novembre 2024

Frères et sœurs, tout au long des évangiles, comme dans la Bible entière, il y a ce message de la venue de Dieu dans nos vies. Dieu existe, mais surtout il vient jusqu’à nous. Il vient dans un enfant, dans notre chair, notre condition humaine ; il vient à notre rencontre sur les chemins de Galilée ou d’Emmaüs ; il vient lorsque nous sommes boiteux, aveugles, pécheurs. Dieu vient, ou encore comme le dit un chant liturgique : « Christ est venu, […] Christ reviendra, Christ est là ». Et l’évangile de ce dimanche nous redit cette vérité : « On verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire » (26). Et quelques versets plus loin : « le Fils de l’homme est proche, à votre porte » (29), à notre porte.