« La guerre a encore cet avantage, pour nous, moines, celui de nous forcer à pratiquer l’essentiel de notre vie dans un milieu qui n’est pas le nôtre. Je ne parle pas seulement de moi, mais des miens. Maintenant, je suis en relation avec tous. C’est une joie pour moi de constater comment, chacun de son côté, s’ingénie à rester moine dans toute la perfection ; c’est la vie intérieure qui se continue à la tranchée ou à l’hôpital. Ils tâchent de dire l’Office divin, ils me rendent compte de leurs dépenses, de leur vie. De sorte que, même à la guerre, nous formons une communauté. »
Pour la communauté de Scourmont, la deuxième guerre mondiale fut plus éprouvante que la première. Si l’on compta douze moines mobilisés en 1914, les moines purent rester dans leur monastère et mener sereinement la vie régulière. On fut bien loin du compte en 1940.
Dès septembre 1939, vingt-quatre moines sont mobilisés au service de la Belgique et de la France ; d’autres suivront en mai 1940.
C’était un acte de courage, face à tous ceux qui fuyaient, de demeurer au monastère, avec les risques de massacre que cela comportait. Le bruit se répandit d’ailleurs que Dom Anselme avait été tué et que son monastère n’était plus que ruine.
On notera, du 15 au 19 mai 1940, une tentative infructueuse de certains religieux qui voulaient rejoindre Timadeuc, une abbaye cistercienne française, située près de Bréhan.
Toutefois, le jeudi 16 mai, les plus jeunes de la communauté prennent le train, à cinq heures du matin, à La Capelle, pour cette même abbaye.
Dans le même temps, la communauté des Sœurs de Chimay se rend, elle, dans un monastère de Trappistines. Elles rentreront à Chimay le 19 août 1940.
Quant aux moines, ils reviendront à Scourmont le 13 juillet, à la fin de none, précédés par Père Théodore et Père Armand, rentrés, eux, le 6 juillet. Vingt et un religieux ont séjourné ensemble à Timadeuc.