Le désir de voir Dieu traverse tout l’Ancien Testament. Plusieurs prophètes ont demandé explicitement de voir la face de Dieu, ou même, selon la belle expression d’Isaïe, de le voir « en se regardant l’un l’autre dans les yeux ».
La raison en est que la face -- ou le visage -- d’une personne, particulièrement ses yeux, est ce qui révèle le plus ce que cette personne porte en son coeur. C’est là qu’on lit l’amour ou la haine, la joie ou la douleur, l’exaltation ou l’affliction. Lorsqu’une personne désire voir la face de Dieu, elle veut non pas le connaître abstraitement mais savoir qui il est pour elle.
Luc nous dit que le Pharisien et le Publicain montèrent tous les deux au Temple pour prier. Le Pharisien pria vraiment, et sa prière pourrait bien être considérée humble. Il est vrai qu’il est conscient de sa justice, mais il sait que celle-ci est un don de Dieu. Il remercie Dieu de la grâce qu’il a reçue d’être un homme juste : « Mon Dieu, je te rends grâce parce que je ne suis pas comme les autres hommes... Je jeûne deux fois par semaine et je verse le dixième de tout ce que je gagne. » En réalité son attitude n’est pas très différente de celle de Paul dans la lettre à Timothée : « J’ai combattu le bon combat, j’ai fini la course, j’ai gardé la foi... » Quant au Publicain, il n’ose même pas lever les yeux vers le ciel. Il dit simplement : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis! »
Le prophète Habacuc vivait dans un temps d’épreuve, quand le peuple juif était exposé aux invasions et à la destruction. Dans sa prière à Dieu il fait sien le cri du peuple : « Pourquoi ? – Pourquoi toute cette violence et cette destruction ? » Mais sa vision se termine par un cri d’espérance : « L’homme juste, à cause de sa foi, vivra. » C’était notre première lecture.
Nous avons deux personnages importants dans cette parabole : d’une part un juge qui ne craint pas Dieu et n’a d’égards pour personne ; d’autre part une veuve qui est faible, mais qui est convaincue de ses droits et est décidée de les faire valoir. À la fin, le juge donne à la veuve ce qu’elle demande, tout simplement pour qu’elle cesse de venir l’importuner.
La plupart des paraboles de Jésus sont des enseignements sur Dieu, dans lesquels Il veut montrer qui est son Père, l’enseignement moral étant en quelque sorte secondaire. Mais d’autres paraboles, comme celle que nous avons dans l’Évangile d’aujourd’hui comportent essentiellement un enseignement moral. Et la technique de la parabole consiste à amener les auditeurs à s’identifier avec un personnage et à tirer de cette identification toutes les conséquences ou tous les enseignements. C’est donc le cas de la parabole que nous venons d’entendre, celle du pauvre Lazare et de l’homme riche. Dieu n’y est d’ailleurs même pas mentionné.
Le thème des lectures de dimanche dernier était la foi (“Si vous aviez la foi, gros comme une graine de moutarde, vous diriez à cet arbre ‘déracine-toi et va te planter dans la mer’ et il vous obéirait”). Aujourd’hui les lectures de la Parole de Dieu nous parlent d’une dimension de la foi ou, si vous préférez, d’une conséquence de la foi : la guérison. La première et la troisième lectures nous parlent toutes deux explicitement de guérison -- et de guérison obtenue par la foi.
Dans ses chapitres 14 à 16 saint Luc rapporte ce qu’on pourrait appeler des « propos de table » de Jésus. Même si ce genre littéraire est propre à Luc parmi les évangélistes, il était souvent utilisé de son temps. Jésus est invité à un repas et, comme les autres invités, lorsque vient son tour, il offre des réflexions et un enseignement. L’Évangile que nous avions il y a quelques semaines sur la place à choisir lorsqu’on est invité à un banquet, était tout à fait dans cette veine. Plusieurs des enseignements rapportés dans cette section de l’Évangile de Luc, y compris celui que nous avons aujourd’hui, ne se trouvent que dans Luc.