Homélies de Dom Armand Veilleux

11 mars 2023 – samedi de la 2e sem. de Carême

Mi 7, 14-15.18-20; Lc 15,1-3. 11-32

H O M É L I E

Jésus se trouve pris, une fois de plus, entre deux groupes de personnes.  D'une part il y a les publicains et les pécheurs qui viennent l'écouter et dont le cœur est souvent touché par son attitude tout autant que par ses paroles; et d'autre part, il y a les pharisiens et les scribes, qui n'approuvent pas du tout son attitude.  Ils l'accusent non seulement de faire bon accueil aux mécréants mais même de manger avec eux.

10 mars 2023 – vendredi de la 2ème semaine de Carême

Gen 37, 3-4. 12-13. 17-28; Mat 21, 33-43. 45-46 

H O M É L I E

          Les deux lectures de cette messe parlent de violence.  Dans celle de l'Ancien Testament, onze des douze Patriarches d'Israël commettent la violence contre leur frère.  Dans sa parabole, Jésus parle des violences commises contre lui par les grands prêtres et les anciens du peuple. Dans les deux cas, Dieu a su tirer le salut du péché de l’homme.

26 février 2023 - premier dimanche de Carême « A »
Gn 2,7-9.3,1-7a ; Rm 5,12-19 ; Mt 4,1-11

Homélie

          Dieu a créé l’homme et la femme à son image. Il en a fait des êtres de communion et a même insufflé en eux son propre souffle, son esprit de communion.  Et il leur a fait un don extrêmement dangereux, celui de la liberté. Depuis lors -- depuis le premier homme et la première femme jusqu’à nous -- l’être humain est soumis à la tentation, c’est-à-dire au tiraillement entre l’appel à la communion, qui est un appel à la plénitude de vie, et la tendance à refuser la communion pour se replier sur soi.

9 mars 2023 – jeudi de la 2ème semaine de Carême

Jérémie 17, 5-10; Luc 16, 19-31

Homélie

.          Un aspect important du récit que nous venons d’entendre – et cela est le cas de presque toutes les paraboles de Jésus – c’est que nous sommes confrontés simplement aux faits, et que nous – comme les auditeurs immédiats de Jésus – devons déduire des leçons et des règles de vie de ces faits eux-mêmes.  L’Évangile nous livre les faits bruts et laisse à chacun de nous d’en tirer les conclusions pour sa propre vie, et nous tous ensemble, pour la société qui est la nôtre. 

19 février 2023 -- 7ème dimanche « A »

Lv 19, 1-2.11-18 ; 1 Co 3,16-23 ; Mt 5, 38-48

Homélie

    Qui dans le monde d’aujourd’hui pensera à présenter l'autre joue lorsque quelqu'un le gifle à la vue de toute une foule ?  Qui sera assez naïf pour donner à un pauvre non seulement l'argent qu'il a dans son portefeuille, mais aussi le titre de sa voiture ou de sa maison ?  Qui ira dire aux Palestiniens d'aimer les Juifs et aux Juifs d'aimer les Palestiniens ?

    A ces questions, notre réponse spontanée sera : "C'est impossible !" ou "C'est utopique".  Le message de l'Évangile d'aujourd'hui n'est pas seulement qu'une telle utopie est possible, mais que sa réalisation est la volonté de Dieu.  Il nous oblige à découvrir que le monde que nous avons construit est, selon les normes de la sagesse de Dieu, une aberration. Ce qui nous semble impossible est l'essence même de ce que devrait être la société humaine.

    Pour nous tous, il semble normal de bien traiter ceux de notre culture et de notre pays, et de maintenir à une certaine distance ceux d'une autre race ou d'une autre religion.  La distinction entre les nations et les pays est-elle quelque chose d'essentiel pour l'être humain, ou est-ce une conséquence de l'égoïsme humain ?  Comment se fait-il que sur les 4 à 5 milliards d'êtres humains, nous considérions quelques millions, ou quelques centaines de millions, comme nos amis, et les autres comme nos ennemis, simplement parce qu'ils sont nés de l'autre côté d'une frontière géographique, sur l'autre rive d'un océan ou d'un fleuve, qu'ils parlent une autre langue.  Est-ce une utopie de rêver l'humanité comme une grande famille avec des lieux de communion au lieu de frontières, avec des points de rencontre au lieu de points de contrôle, avec des valentins au lieu de passeports, avec de nouvelles étoiles au lieu d'armes offensives ou défensives.  Oui, c'est une utopie, l'utopie de Jésus de Nazareth.

                                                

    Pour transformer une telle utopie en réalité, nous devons recommencer chaque jour à un niveau très humble et pratique en réalisant comment nous pouvons arrêter ce cycle paranoïaque de violence folle en offfrant autant d'amour au frère qui ne pense jamais comme moi qu'à celui qui est assez intelligent pour partager toutes mes idées ; en montrant la même gentillesse à celui qui a le don de faire toutes les choses qui m'exaspèrent qu'à celui avec qui je me sens toujours sur la même longueur d'onde ; en refusant de devenir l'otage d'un univers médiatique dont le but premier semble être devenu de diviser et d'opposer des groupes de personnes et de pays, et de magnifier leurs divisions et oppositions.

    Saint Paul a très bien connu, à son époque, ce type de tensions, tant dans sa vie que dans les Églises qu'il a servies.  Corinthe, en particulier, a été pour lui une communauté très éprouvante par moments.  Elle semble avoir été constamment dans un état de haute tension et toujours menacée par des divisions.  Elle avait son lot de partisans qui s'intéressaient davantage aux prédicateurs individuels et à leur façon d'enseigner qu'à la promotion de l'unité et de la foi orthodoxe.  Ils avaient certainement une fausse idée de ce qu'était la prédication de l'Évangile.  Paul prend donc soin de souligner qu'il leur présente le Christ sans s'appuyer sur une philosophie particulière.  Il ne fait pas appel à sa propre autorité, mais à la seigneurie du Christ.  Et surtout, il a cette belle déclaration, qui devrait mettre fin à tous les conflits, grands ou petits, dans lesquels nous essayons toujours de défendre ce que nous considérons comme notre propriété, ou nos droits :  « Tout est à toi, dit-il, que ce soit Paul, ou Apollos, ou Céphas, ou le monde, ou la vie ou la mort... tout cela est à toi, et tu es au Christ et le Christ est à Dieu.

    Tout cela est très, très simple !  Pas facile, cependant, nous le savons tous.  Plutôt utopique, en effet.  C'est l'une de ces choses qui sont impossibles aux êtres humains mais rien n'est impossible à Dieu et à Lui nous appartenons.

Armand Veilleux

8 mars 2023 – mercredi de la 2ème semaine de Carême

Jérémie 18:18-20; Matthieu 20:17-28 

Homélie

Nous sommes à peine au milieu de la deuxième semaine de carême, et déjà l'ombre de la croix, mais aussi la lumière de la résurrection, se dessinent à l'horizon.  Jésus entreprend sa longue montée vers Jérusalem, qui le conduira au Calvaire et il commence à préparer les Douze à ces événements tragiques, mais ils n'y comprennent rien.  Ils s'attendent à ce que, d'une façon ou d'une autre, Jésus établira un royaume terrestre et chacun pense à la place qu'il aura dans ce nouvel univers politique.  Les deux fils de Zébédée font intervenir leur "maman" pour obtenir de bons postes dans le gouvernement de Jésus.  Celui-ci en profite pour donner à tous, encore une fois, une leçon sur le sens de l'autorité conçue comme un service et non comme un pouvoir.

5 février 2023 – 5ème dimanche « A »

Is 58,7-10 -- 1 Co 2,1-5 -- Mt 5,1.13-16

H O M É L I E

          Paul était l’un des plus grands esprits de son temps.  Il avait été formé par les meilleurs maîtres d’Israël.  Il avait appris tout ce qui pouvait être enseigné de la sagesse d’Israël aussi bien que de celle des Grecs.  Lorsqu’il vint à Athènes, pour annoncer la Bonne Nouvelle, il pensa que le meilleur moyen de se faire accepter était de rencontrer les gens de l’Agora à leur propre niveau, usant de sa connaissance de leurs philosophes et de leurs poètes.  Cela ne fonctionna pas du tout !  Ce fut une leçon pour Paul, et il changea de méthode.  Lorsqu’il vint à Corinthe, une ville beaucoup plus populaire, d’une vie morale très décadente et comptant peu d’intellectuels, il vint comme un pauvre, portant dans sa chair la croix du Christ.  Et cela fonctionna.  C’est quelques années plus tard qu’il leur écrivait le texte que nous avons entendu il y a quelques instants : Frères, quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige du langage humain ou de la sagesse. Parmi vous, je n'ai rien voulu connaître d'autre que Jésus Christ, ce Messie crucifié. Et c'est dans la faiblesse, craintif et tout tremblant, que je suis arrivé chez vous. Mon langage, ma proclamation de l'Évangile, n'avaient rien à voir avec le langage d'une sagesse qui veut convaincre; mais c'est l'Esprit et sa puissance qui se manifestaient...