Homélies de Dom Armand Veilleux

4 février 2023 – samedi de la 4ème sem. ordinaire

Héb 13, 15-17.20-21; Marc 6, 30-34

H O M É L I E

          Dans l'Évangile lu il y a deux jours Jésus avait envoyé ses disciples deux par deux.  Il leur avait donné autorité sur les esprits impurs, c'est-à-dire le pouvoir de guérison.  Il ne leur avait pas donné l'ordre d'enseigner.  Rappelons-nous que c'était au tout début de la vie publique de Jésus et qu'il avait à peine commencé à former ses disciples.  Ceux-ci cependant firent beaucoup plus que Jésus leur avait demandé de faire.  Non seulement ils enseignèrent mais ils guérirent en faisant des onctions d'huile et en imposant les mains.  Ces symboles renvoyant à la royauté davidique engendrèrent évidemment dans le peuple l'espoir d'une restauration nationale, avec la venue d'un messie roi.

3 février 2023, vendredi de la 4ème semaine paire

Heb 13, 1-8; Mc 6, 14-29.

Homélie

Chers frères,

          Depuis le début du temps ordinaire, pour la lecture de l'Évangile, nous avons suivi Jésus dans les premières étapes de son ministère, selon l'Évangile de Marc.  Il y a eu de nombreux tournants dans cette courte période de la vie de Jésus. Le plus important a été le moment où il a quitté son village et est venu se faire baptiser par Jean le Baptiste. Ensuite, il y a eu le choix de ses disciples, les 40 jours dans le désert et le retour en Galilée, puis la mission des Douze, envoyés deux par deux, pour manifester la miséricorde de Dieu au peuple. Dans la lecture de l'Évangile d'aujourd'hui, il y a un autre tournant important : la décapitation de Jean le Baptiste. Après cela, ce sera une guerre continuelle entre Jésus et les chefs du peuple, surtout les Pharisiens, qui aboutira à la mort de Jésus sur la Croix.

29 janvier 2023 – 4ème dimanche « A »

So 2, 3 ; 3, 12-13 ; 1 Co 1, 26-31 ; Mt 5, 1-12a

H O M É L I E

La plupart des gens cherchent le bonheur dans un pays étranger appelé « Ailleurs ».  Les pauvres rêvent du bonheur des riches, ceux qui souffrent d’isolement rêvent du bonheur de ceux qui sont entourés d’amis.  Le bonheur est propre à une région où il fait toujours chaud, mais pas trop.  Il appartient au voisin qui a une maison plus grande, une femme plus belle, plus de talent artistique, et dont les réussites sont plus appréciées.

2 février 2023 -  Présentation du Seigneur au Temple

Ml 3,1-4; Hé 2,14-18; Lc 2,22-40

 H o m é l i e

          Dans nos célébrations liturgiques, durant tout le Temps de Noël, nous avons célébré le mystère de l'Incarnation, c'est-à-dire le fait que Dieu a voulu se faire l'un des nôtres.  Durant tout le reste de l'année liturgique nous célébrons le même mystère sous des aspects différents.  Aujourd'hui, en la fête de la Présentation de Jésus au Temple, nous célébrons l'Incarnation comme une rencontre -- la rencontre de Dieu avec l'humanité, exprimée symboliquement dans la rencontre au Temple le quarantième jour après la naissance de Jésus.  Dans le rite de la lumière, qui a précédé notre célébration eucharistique, nous avons célébré ce même mystère de l'Incarnation de Dieu comme la venue de la Lumière dans nos ténèbres. 

22 janvier 2023  --  Troisième dimanche ordinaire « A »

Is 8, 23b – 9, 3 ; 1 Co 1, 10-13.17 ; Mt 4, 12-23

 

H O M É L I E 

           Lorsque Pierre et son frère André, répondant à l’appel de Jésus, quittèrent tout et le suivirent, ils prenaient un énorme risque. De leur temps même, d’autres prophètes étaient venus, se présentant comme le Messie, et beaucoup les avaient suivis, simplement pour se rendre compte plus tard qu’ils avaient été induits en erreur et s’étaient trompés.  D’une certaine façon, les Disciples eurent de la chance !  Celui qu’ils suivirent était le Messie.

           Et ils furent si heureux d’avoir fait le bon choix que plus tard, se rappelant le moment de leur premier appel, ils l’embellirent.  Chacun d’eux le rapporte à sa façon, décrivant un contexte différent.  Ils tendent tous à donner l’impression que leur réponse fut immédiate et définitive.  En réalité nous savons par le reste de l’Évangile, qu’ils hésitèrent considérablement et qu’ils n’abandonnèrent leurs occupations qu’après la Résurrection.  Mais en télescopant ainsi les événements en un seul épisode, ils soulignent le point essentiel, qui est le pouvoir qu’a l’appel de Dieu, une fois qu’il a été reconnu et accepté, de mobiliser toutes les énergies humaines.

1 février 2023 – Mercredi de la 4ème sem. ordinaire

Heb 12, 4-7.11-15; Marc 6, 1-6

 

H O M É L I E

La loi juive, à l’époque de Jésus permettait à n’importe quel adulte masculin de lire l’Écriture dans la Synagogue et d’ajouter quelques mots de commentaire.  Personne, à Nazareth, ne nie ce droit à Jésus.  Leur problème c’est que Jésus, pour les quelque trente premières années de sa vie a été un villageois comme les autres. Et donc, lorsqu’il commence à émettre des paroles de sagesse et à accomplir des guérisons, ils se demandent : « D’où cela lui vient-il ? » Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? D’où lui vent ce pouvoir ? Nous le connaissons, il est l’un d’entre nous. C’est le fils du charpentier. Nous connaissons tous les membres de sa famille qui vivent encore parmi nous.  – N’ayant pas le courage de déduire les conclusions des faits qu’ils observent, ils rejettent ces faits et tout ce que Jésus a réalisé parmi eux.

15 janvier 2023 – 2ème dimanche ordinaire “A”

Is 49,3.5-6 ; 1 Co 1,1-3¸ Jn 1,29-34

H O M É L I E

          Les évangiles des dimanches ordinaires de l’année liturgique sont tirés chaque année d’un évangéliste différent : Matthieu pour l’année « A », Marc pour l’année « B » et Luc pour l’année « C ».  Cependant, en ce deuxième dimanche, celui qui suit la fête du Baptême du Seigneur, nous lisons chaque année une partie du témoignage de Jean-Baptiste sur Jésus selon l’Évangile de Jean.  Jean, en effet, ne raconte pas le baptême de Jésus par Jean-Baptiste, qui signale le début du ministère public de Jésus dans les autres évangiles, mais il s’attarde sur le témoignage de Jean. 

          Il s’agit d’un témoignage qui ne s’adresse à personne en particulier et qui vaut donc pour tous les hommes et toutes les femmes de tous les temps :  « Jean rendit ce témoignage... ».  Auparavant Jean avait déjà dit à ceux qui l’interrogeaient sur le sens de son baptême : « Il y en a un parmi ceux qui me suivent (c’est-à-dire parmi mes disciples) qui est plus grand que moi... ».  Alors le jour où il vient, il le reconnaît et il dit : « Voici l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde ».  Le titre d’agneau de Dieu réfère évidemment à l’agneau mangé chaque année lors de la célébration pascale, et, au-delà de ce mémorial, à l’agneau dont le sang avait marqué le linteau des portes des Juifs en Égypte, durant la nuit de la Fuite, et avait sauvé leurs premiers-né.  L’expression se référait aussi à l’agneau qu’on chassait chaque année au désert, symboliquement chargé par le prêtre de tous les péchés du peuple.

          Mais que signifie Jean-Baptiste, par l’expression « le péché du monde  » ?  Il ne dit pas « les péchés du monde », mais bien « le péché du monde ».  De quel péché s’agit-il ?  Traduire en inversant les mots, par exemple en disant : « qui enlève du monde le péché » serait un contresens.  « tèn hamartían tou kósmou » signifie vraiment « le péché du monde » et en quelque sorte, « le péché du monde par excellence ».  Et tout d’abord, de quel monde s’agit-il ?  Évidemment du monde dont vient tout juste de parler le Prologue de l’Évangile de Jean :  « Il était dans le monde et le monde fut fait par lui, et le monde ne l’a pas reconnu »

          Le « péché du monde » ce n’est pas telle ou telle transgression, ni même l’ensemble des transgressions.  C’est plutôt le monde des hommes dans son ensemble dans la mesure où il ne reçoit pas le message du Christ et ne se laisse pas transformer par lui.  Le « péché du monde » c’est le fait que notre monde, celui où nous vivons, n’est pas structuré selon l’Évangile.  Le péché du monde c’est que les pauvres et les petits sont écrasés, que tant d’hommes et de femmes souffrent de la faim, que tant de personnes sont chassées de leurs maisons et de leurs pays par la guerre, que les riches deviennent plus riches et que les pauvres deviennent plus pauvres, que tant de malades meurent par manque de médicaments alors que des sommes astronomiques sont dépensées à développer des engins de mort.  Le péché du monde, c’est l’existence des guerres, de l’avortement, de la peine de mort.  C’est la violation de tous les droits des personnes et des peuples.  Le péché du monde c’est aussi le silence et l’inaction coupables devant toutes ces injustices et ces crimes.

          C’est de ce péché-là qu’est venu délivrer le monde l’Agneau de Dieu reconnu par Jean.  Et pourtant après deux mille ans le monde est toujours dans son péché.  Nous sommes tous dans ce monde mais il nous est possible, à chacun et chacune d’entre nous de ne pas être de ce monde.  Comment ? En recevant le Fils de Dieu, en acceptant son message, en nous laissant transformer par lui :  «  À tous ceux qui l’ont accueilli, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfant de Dieu ».

Jean le Baptiste a su reconnaître celui qui venait libérer le monde de son péché parce que son coeur était pur.  Il a vu l’Esprit-Saint descendre sur la tête de Jésus, et peu de temps après il a eu sa propre tête coupée.  Demandons à Dieu d’avoir la lucidité de reconnaître à la fois le péché du monde (en nous et autour de nous) et de reconnaître Celui qui en délivre, même lorsque cette lucidité peut être dangereuse et lourde de conséquences.

Armand Veilleux