A 14 MATTHIEU 11, 25-30 (10) Scourmont : 05.07.2020
Frères et sœurs, les lectures bibliques de ce dimanche nous rejoignent dans ce que vit notre monde. Comment ne pas être accablés devant toutes ces souffrances, ces victimes de la maladie, de la haine, de la violence ou de l’exclusion ? Le risque est grand de se dire qu’au point où nous en sommes, il n’y a rien à faire qui soit en notre pouvoir. Mais voilà qu’aujourd’hui, la Parole de Dieu vient nous bousculer. Le message qu’elle nous adresse par l’intermédiaire de ses envoyés nous ouvre à l’espérance. Même dans les situations les plus désespérées, le Seigneur est là ; il ne nous abandonne pas. Nous pouvons toujours compter sur lui. Mais lui, peut-il compter sur nous ?
Le texte de Zacharie (9,9-10), que nous avons entendu en première lecture, nous ramène bien avant Jésus Christ. C’était après le retour de l’exil des Hébreux à Jérusalem. Ils sont complètement découragés. Leur espoir d’une restauration est déçu. Mais voilà que le prophète intervient vigoureusement pour ranimer leur espérance. Il leur rappelle que Dieu fera naître un univers nouveau.
Ce qui frappe le plus, c’est le caractère humble et pacifique de ce Messie. Sa monture ne sera pas un cheval, monture de guerre, mais un ânon, symbole de la douceur et de l’humilité. Il fera disparaître tout ce qui rappelle la guerre. Il instaurera un avenir de paix, non seulement pour les rescapés, mais aussi pour tous les hommes de toutes les nations.
Voilà cette bonne nouvelle que nous découvrons dans le message de Zacharie mais aussi tout au long de la Bible. Elle nous dit l’amour passionné de Dieu pour notre monde. C’est de cette bonne nouvelle que témoignent tous les martyrs d’hier et d’aujourd’hui. La violence, la persécution, la haine n’ont pas le dernier mot. C’est l’amour qui triomphe. Nous sommes tous envoyés pour témoigner de cette bonne nouvelle, auprès de tous ceux et celles que nous rencontrons, même s’il est parfois difficile de goûter à la joie à laquelle nous convie Zacharie.
Dans sa lettre aux Romains (8,9.11-13), saint Paul nous parle de l’accomplissement de cette promesse. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans la mort du Christ pour ressusciter avec lui. Il nous revient d’en tirer les conséquences. Nous ne pouvons plus vivre « sous l’emprise de la chair », comme un païen qui ne connaît pas Dieu. La chair c’est le péché qui nous détourne de Dieu et qui nous conduit vers des impasses. L’apôtre nous recommande de « vivre selon l’Esprit » (Rm 8,9) en nous laissant guider par Dieu. L’Esprit Saint ne demande qu’à répandre en nous l’amour qui est en Dieu.
Avec l’Évangile, c’est Jésus qui nous invite à faire un pas de plus : « Venez à moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous soulagerai » (Mt 11,28). Dans cette invitation, Jésus ne cache pas qu’un chemin spirituel nécessite un engagement de soi, de la régularité, de la suite dans les idées pour creuser une rencontre. Devenir disciple de Jésus est de l’ordre du joug au sens où il s’agit de s’atteler avec lui pour creuser le sillon de la rencontre.
Quand Jésus dit cela, il a face à lui des personnes qu’il rencontre chaque jour sur les routes de Galilée, des gens simples, des pauvres, des malades, des pécheurs, des exclus… Les uns et les autres l’ont suivi pour écouter sa parole porteuse d’espérance. Jésus lui-même cherchait ces foules lasses et épuisées « comme des brebis sans berger » (Mc 6,34). Il les cherchait pour leur annoncer le Royaume de Dieu et pour en guérir beaucoup dans leur corps et leur esprit.
S’adressant à tous ceux qui en ont certainement plein le dos, Jésus fait une proposition étrange : « Venez à moi ! » (Mt 11,28). Il leur promet le réconfort et le repos. Cette invitation de Jésus s’étend jusqu’à nos jours. Il veut atteindre tous ceux et celles qui sont opprimés par les conditions de vie précaires.
Pour beaucoup d’entre nous, le poids du fardeau a un prénom et un visage. Il se traduit par des problèmes sans réponse, des promesses déçues, et des deuils accablants. Chaque jour, des hommes, des femmes et des enfants sont victimes de la haine et de la violence des hommes. À cause de la guerre, beaucoup sont obligés de tout quitter pour aller sur une terre étrangère. Et comment ne pas penser aux victimes d’un système économique qui impose aux plus pauvres un fardeau insupportable ?
C’est à tous que le Seigneur s’adresse : « Venez à moi ! » Il promet ce que lui seul peut réaliser. Auprès de lui se trouve le repos. C’est bien mieux que tous les centres de remise en forme qui prétendent améliorer le bien-être physique. Le Christ peut rendre légers ces fardeaux qui alourdissent notre âme. Mais cela ne sera possible qu’à une condition : « Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11,29). Doux comme ceux qui recevront la terre en héritage. Humble comme Marie, la servante du Seigneur, que « tous les âges diront bienheureuse » (Lc 1,48).
Pour comprendre cette parole, il faut savoir ce qu’est un joug : C’est un outil qui reliait une paire de bœufs l’un à l’autre. Ensemble, ils arrivaient à tirer un attelage qui pouvait être très lourd. Pour un tout seul, ce n’était pas possible, mais à deux, ils étaient plus forts.
Si Jésus nous demande de prendre son joug, c’est pour nous faire comprendre qu’il veut porter avec nous ce fardeau qui nous accable, celui de la souffrance, de la maladie, de la solitude, de la fatigue. Nous sommes comme les porteurs de l’Évangile qui amènent un homme paralysé à Jésus. C’est la foi de ces porteurs qui sauve le paralysé (Lc 5,17-26). Nous ne pouvons pas aller à Jésus sans eux. En sa présence, nous trouverons le repos, car lui seul peut nous donner la force, la consolation et l’espérance en la résurrection.
Parfois beaucoup trop de soucis nous trottent dans la tête. Nous pouvons les confier à Jésus. Car lorsque nous lui confions nos difficultés, nous trouvons la paix, notre vie devient plus légère. Nous apprenons à aimer avec un cœur simple.
En nous rassemblant à l’église, nous sommes venus à Jésus. C’est lui qui nous accueille pour ranimer notre foi, notre espérance et notre amour. Lui seul a « les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Qu’il soit toujours avec nous et nous toujours avec lui pour en être les témoins fidèles auprès de tous ceux qu’il met sur notre route.