C 28 LUC 17, 11-19 (18)

Chimay : 12.10.2025

C28 2025Frères et sœurs, le pape François ne cessait de nous inviter à aller « aux périphéries ». En octobre, il demandait à l’Église de vivre « un mois missionnaire extraordinaire ». En effet, la Bonne Nouvelle de l’Évangile doit être annoncée au monde entier et à tous les milieux. En communion avec toute l’Église, nous, chrétiens baptisés et confirmés, nous sommes envoyés pour en être les messagers. Car l’Évangile de Jésus Christ est pour tous.

C’est ce message que nous trouvons dans les lectures bibliques de ce dimanche. Le peuple d’Israël a été le premier à bénéficier de cette annonce de la Parole de Dieu. Mais dans le Livre des Rois (2 R 5,14-17), nous découvrons que ce trésor est également offert à des étrangers. Le général Syrien Naaman ne connaissait pas le Dieu d’Israël. Mais il a eu foi en la parole du prophète Élisée. C’est cette foi qui a été le point de départ de sa guérison et de sa conversion. Il décide alors de quitter les idoles pour ne plus adorer que le Dieu d’Israël. Ce Dieu n’est pas celui d’un seul peuple mais celui de toute la terre. C’est de cela que nous avons à témoigner.

C’est ce qu’avait compris l’apôtre saint Paul (2 Tm 2,8-13) : il a quitté son pays pour annoncer l’Évangile au monde entier. Au moment où il écrit sa lettre à Timothée, il est en prison, parce que son message dérangeait beaucoup de gens. Ceux qui l’ont arrêté pensaient enrayer la diffusion de l’Évangile. Mais, écrit saint Paul « on n’enchaîne pas la Parole de Dieu » (2 Tm 2,9). Rien ni personne ne peut l’empêcher d’être communiquée au monde entier. Le témoignage des martyrs a toujours été source de conversion. « Le sang des martyrs est semence de chrétiens ». En voyant leur foi courageuse, des étrangers et même des persécuteurs se sont convertis à Jésus Christ. À la suite de Paul et des premiers chrétiens, ils sont devenus des messagers de l’Évangile.

La citation « Le sang des martyrs est semence de chrétiens » est de Tertullien, un des premiers Pères de l’Église du iie siècle. Cette phrase, extraite de son œuvre Apologétique, exprime l’idée que les persécutions et les sacrifices des premiers chrétiens, loin d’anéantir la foi chrétienne, la renforcent et la propagent. Le martyre devient ainsi un moyen de semer et de faire grandir la foi chrétienne. 

En d’autres termes, la mort des martyrs, loin d’être une perte, est perçue comme un acte fécond, un témoignage puissant qui attire de nouvelles conversions et renforce la communauté chrétienne. Tertullien utilise cette formule pour répondre à l’Empire romain, soulignant que les persécutions ne font que rendre la foi chrétienne plus forte. La citation suggère que la foi chrétienne ne peut être vaincue par la violence, mais qu’elle est au contraire renforcée par les persécutions. En ce temps-là, comme de nos jours, « on n’enchaîne pas la Parole de Dieu ! (2 Tm 2,9).

L’Évangile de ce dimanche nous montre Jésus au cours de sa montée à Jérusalem. C’est là qu’il va livrer son Corps et verser son Sang pour nous et pour le monde entier. Or voici que dix lépreux viennent à sa rencontre. Ils supplient Jésus d’avoir pitié d’eux. Ces hommes étaient des exclus car leur lèpre les rendait impurs. Jésus les renvoie vers les prêtres pour faire constater leur guérison. Ils pourront alors être réintégrés dans leur communauté.

Mais parmi eux, il y avait un Samaritain. En tant que Samaritain, même guéri, il demeurait un exclu. Il ne pouvait donc pas se présenter au prêtre. Alors il revient vers Jésus « en glorifiant Dieu à pleine voix » (Lc 17,15). Sa foi ne l’a pas simplement guéri, elle l’a sauvé, lui dit Jésus. Il peut maintenant retourner auprès des siens qui ne font pas partie du peuple de Dieu. Il pourra y témoigner de cette Bonne Nouvelle : Jésus est le sauveur de tous les hommes, de ceux qui font partie de son peuple et de ceux qui en sont loin. Au jour de l’Ascension, Jésus demandera à ses apôtres d’aller annoncer l’Évangile au monde entier. « Soyez mes témoins à Jérusalem, dans toute la région de la Judée et de la Samarie, et jusqu’aux endroits les plus lointains de la terre » (Ac 1,8).

Voilà donc trois textes bibliques qui nous disent tout l’amour de Dieu pour nous. Il ne s’intéresse pas seulement à ceux qui font partie de son Église. Son grand projet c’est de rassembler tous les hommes du monde entier, y compris ceux qui sont les plus éloignés et même les plus opposés à la foi. Il aime chacun bien au-delà de tout ce que nous pouvons imaginer. C’est pour tous qu’il a donné sa vie sur la croix.

Notre réponse à cet amour infini doit être l’action de grâce. Naaman est revenu vers le prophète Élisée pour rendre grâce à Dieu. Toute la vie de saint Paul a été une action de grâce car, même en prison, il constate que la Parole de Dieu porte du fruit. Et dans l’Évangile, nous voyons le Samaritain lépreux se prosterner au pied de Jésus : il reconnaît en lui l’origine de sa guérison. À notre tour, nous sommes invités à rendre grâce à Dieu pour tout ce qu’il nous donne. Trop souvent, nous ne voyons que ce qui ne va pas. Nous oublions que Dieu est « là, au cœur de nos vies » (Raymond Fau). Alors oui, rendons-lui grâce par nos chants de louange et par toute notre vie.

Le seul désir de Dieu c’est de voir l’homme debout, vivant et aimant. Saint Irénée de Lyon nous le dit à sa manière : « La gloire de Dieu c’est l’homme vivant. La vie de l’homme, c’est de voir Dieu » (A.H. IV,20,7). Dieu nous a créés pour la vie en plénitude. Il ne se contente pas de nous pardonner nos péchés. Avec lui, c’est la porte de la Vie éternelle qui s’ouvre. C’est de ce salut que nous avons à témoigner auprès de ceux et celles que nous croisons sur notre route.

Tout au long de ce mois du Rosaire, nous nous tournons aussi vers la Vierge Marie. Dans le Magnificat, elle rend grâce au Seigneur non seulement pour ce qu’il a fait en elle mais aussi pour son action dans l’histoire du Salut. En célébrant cette Eucharistie, nous nous unissons à cette action de grâce de Marie et nous lui demandons de nous aider à rester fidèles à la mission qui nous est confiée.