28ième dimanche B
Frères et Sœurs
Jésus continuant sa route vers Jérusalem, voici
« QU’UN HOMME ACCOURT VERS LUI ET SE MET À GENOUX.
il formule une demande qui commence par ces mots :
« BON MAÎTRE, »
« POURQUOI M’APPELLE-TU BON ? lui dit jésus.
DIEU SEUL EST BON ! »


Cet homme a suffisamment entendu dire de Jésus
qu’il était UN MAÎTRE DE SAGESSE.
Si la sagesse est une intuition fondamentale à toute religion,
Le Christ inaugure une sagesse autrement supérieure.

Déjà, la première lecture, bien inspirée,
nous a montré la transcendance de la sagesse en Dieu.
Avec Jésus,
selon le développement qu’il en fait dans l’évangile,
la sagesse se fait amour-agapé, ce qui est le propre de Dieu.

Cet homme, ce jeune homme, comme le rapporte S.Matthieu
quelqu’un qui veut non seulement réussir dans la vie…
mais réussir sa vie.
La demande de cet homme :
« QUE DOIS-JE FAIRE POUR AVOIR EN HÉRITAGE LA VIE ÉTERNELLE . »
Jésus lui cite l’essentiel de la Loi de Moïse.
…..
« MAÎTRE, répond le jeune homme :
TOUT CELA JE L’AI ACCOMPLI DEPUIS MA JEUNESSE . »

ALORS JÉSUS POSA SON REGARD SUR LUI.
Un regard profondément bon comme Dieu seul peut le faire.
Le regard de celui qui aime en vérité.

Aussi, n’y allant pas avec le dos de la cuiller
Jésus l’appelle à une radicale conversion :
« UNE SEULE CHOSE TE MANQUE : désencombre- toi !
VA, VENDS CE QUE TU AS ET DONNE-LE AUX PAUVRES ;
ALORS TU AURAS UN TRÉSOR DANS LE CIEL.
PUIS VIENS, SUIS-MOI. »
En fait Jésus désire l’intégrer au groupe des douze.
C’est là le fait de toute personne appelée –
il faut L’APPEL À UNE VOCATION PARTICULIÈRE.
Encore faut-il être dans les dispositions favorables
pour entendre cet appel.
Cet appel radical reste de mise aujourd’hui pour ceux et celles qui sont appelés à se désencombrer de tout pour répondre à l’appel à la vie religieuse ou monastique :
À la profession solennelle,
ceux et celles qui répondent à l’appel
se délestent de tous biens temporels y compris : compte en banque et héritage.

Après avoir dit le détachement à l’égard des biens d’ici-bas,
PIERRE SE MIT À DIRE À JÉSUS -c’est dans l’évangile de ce jour-
« VOICI QUE NOUS AVONS TOUT QUITTÉ POUR TE SUIVRE. »
JÉSUS DÉCLARA :
AMEN, -EN VÉRITÉ- JE VOUS LE DIS :
« NUL N’AURA QUITTÉ,
À CAUSE DE MOI ET DE L’ÉVANGILE,
UNE MAISON, DES FRÈRES, DES SŒURS, UNE MÈRE,
UN PÈRE, DES ENFANTS OU UNE TERRE
SANS QU’IL REÇOIVE,
EN CE TEMPS DÉJÀ, LE CENTUPLE…
ET DANS LE MONDE À VENIR, LA VIE ÉTERNELLE. »

On ne suit pas Jésus en simple sympathisant.
Jésus appelle cet homme, lui et pas un autre
à une radicale conversion.
c’est là l’essentiel de l’appel à la vie consacrée.
Aussi ,
Sainte Thérèse de Lisieux, après avoir pensé
au début de sa vie au carmel,
qu’elle devait gagner des mérites…
Très vite elle a compris que son projet de vie
ne consistait pas à gagner des mérites mais à se désencombrer :
« J’ARRIVERAI AU CIEL LES MAINS VIDES » dira-t-elle.
C’est exactement ce que Jésus demande, exclusivement,
à cet homme moralement si bien.
Désencombre-toi !
Entendons-nous bien !
Et gardons-nous de généraliser
cet appel adressé à une personne déterminée.
« QUAND TU SERAS APPAUVRIS DE TES BIENS »
dit jésus à cet homme,
quand tu n’auras plus la libre propriété de ces biens
qui sont tiens maintenant,
alors « tu auras un trésor dans le ciel » dont tu n’as pas idée…
Et tu en goûteras déjà, ici-bas, un avant- goût.
et Jésus ajoute :
« PUIS VIENS ET SUIS MOI. »

Mais cet homme à ces mots de Jésus devint sombre
comme s’il s’enfonçait dans la nuit…dans sa nuit !
« IL S’EN ALLA TOUT TRISTE,
CAR IL AVAIT DE GRANDS BIENS.

Frères et Sœurs
Qu’en est-il pour tous ceux, innombrables
qui ne sont pas appelés à une vocation particulière
comme l’évangile d’aujourd’hui le rapporte.
Heureusement,
car les gens dans le monde
ont besoin de posséder des biens pour vivre en famille
avec tout ce que cela comporte comme charge familiale et autres.

Et pourtant,
d’une certaine façon pour ne pas dire d’une façon certaine,
il y a dans cet l’évangile de ce dimanche
une clef pour vivre chrétiennement sa vie,
quel que soit le genre de vie…
dans le cloître ou dans le monde.
L’ESSENTIEL, pour tous, EST DE GARDER UN CŒUR
qui n’est pas enlisé dans les biens d’ici-bas.
Pour cela il faut désencombrer le cœur de tout repli sur soi.

Pour bien me faire comprendre
Je voudrais tout simplement exposer un fait,
un témoignage aux conséquences évangéliques
étonnantes comme nous allons le voir.

Cela remonte à une soixantaine d’année
mais il me reste gravé dans ma mémoire.
Je vous le livre d’autant plus qu’il ne s’agit pas de moi
mais d’une personne dans le monde : une femme
et je peux déjà dire une grande dame.
Cela se passe dans la région de Tournai
où je me préparais aux études en vue de la prêtrise.

La maison où j’étudiais était un don qui autrefois
faisait partie de la grande propriété de cette dame
avec un manoir en partie bordé d’un étang.
Bref, cette famille était riche, très riche
car les affaires marchaient bien à Tournai avec un siège à Paris et New York.

J’en arrive au fait.
C’était le premier jour d’une nouvelle année.
le directeur de la maison de formation où j’étais
allait, comme chaque année au début de l’an nouveau,
présenter ses vœux et dire son merci à cette famille
pour le bien qu’elle continuait à donner
quand un besoin se faisait sentir.

Notre directeur, monsieur le chanoine,
va donc sonner à la grande porte cochère.
Un valet très bien stylé, comme il se doit dans les grandes maisons, ouvre la porte.
Notre directeur demande s’il peut voir Monsieur ou Madame.
Le valet répond très courtoisement que Monsieur est absent
mais il allait s’informer si Madame pourrait le recevoir.
Il demande de patienter quelques instants car madame est occupée pour le moment.
Le valet fait entrer notre directeur dans l’antichambre près
du salon où se trouve madame qui recevait quelqu’un.

Notre directeur attend 10, 20 minutes
sans savoir depuis combien de temps madame était occupée.
Il se dit que ce n’était peut-être pas le bon jour : le jour de l’an.

Après quelques minutes la porte du salon s’ouvre et Madame
paraît souriante accompagnée d’un gamin
qui habitait dans le voisinage
d’une famille nombreuse et pauvre ; il était venu souhaiter une bonne année pour avoir une dringuelle et une galette.
Il était vêtu comme il pouvait et ses godasses….
nous sommes en pleine campagne par temps pluvieux.

Madame n’avait pas craint de faire entrer ce gosse
dans son salon sur ses tapis d’Iran et
d’ asseoir ce pauvre gosse sur un fauteuil de qualité.
Madame vraisemblablement intéressée
sur la santé de ses frères et sœurs et de ses parents.
Bref,
Cette dame a pris tout son temps pour recevoir ce gosse qui n’en demandait pas tant.
Il s’en retournait avec des galettes et : un pourboire.
Notre directeur une fois rentré
nous a raconté ce fait apparemment sans importance…
et pourtant,
cette dame très cultivée aurait pu
par les soins de son valet donner quelque chose à cet enfant car elle pouvait très bien occuper son temps
au piano, au violon, ou écouter de la musique classique
ou lire son courrier abondant à ce moment de l’année.

Pas d’inquiétude pour son salon de haut niveau ;
en cet enfant, elle recevait une personne qui était à ses yeux plus important que ses tapis et ses fauteuils.
Madame avait une échelle de valeur

Les tapis, fauteuils et bibelots précieux ne faisaient pas le poids à côté de la personne humaine qu’elle recevait
fusse un gamin apparemment sans intérêt
mais un gamin aux yeux émerveillés d’être l’objet de tant d’attention.
Et le directeur de conclure :« j’ai vraiment compris ce jour-là
la première béatitude du sermon sur la montagne :
« BIENHEUREUX LES PAUVRES DE CŒUR.
Un cœur désencombré des biens de ce monde,
LE ROYAUME DES CIEUX EST À EUX. »