Homélies de Dom Armand Veilleux

3 février 2024 – samedi de la 4ème sem. ordinaire

1R 3, 4-13; Marc 6, 30-34

H O M É L I E

          Dans l'Évangile lu il y a deux jours Jésus avait envoyé ses disciples deux par deux. Il leur avait donné autorité sur les esprits impurs, c'est-à-dire le pouvoir de guérison. Il ne leur avait pas donné l'ordre d'enseigner. Rappelons-nous que c'était au tout début de la vie publique de Jésus et qu'il avait à peine commencé à former ses disciples. Ceux-ci cependant firent beaucoup plus que Jésus leur avait demandé de faire. Non seulement ils enseignèrent mais ils guérirent en faisant des onctions d'huile et en imposant les mains. Ces symboles renvoyant à la royauté davidique engendrèrent évidemment dans le peuple l'espoir d'une restauration nationale, avec la venue d'un messie roi.

2 février 2024 - Présentation du Seigneur au Temple

Ml 3,1-4; Hé 2,14-18; Lc 2,22-40 

H o m é l i e

          Dans nos célébrations liturgiques, durant tout le Temps de Noël, nous avons célébré le mystère de l'Incarnation, c'est-à-dire le fait que Dieu a voulu se faire l'un des nôtres. Durant tout le reste de l'année liturgique nous célébrons le même mystère sous des aspects différents. Aujourd'hui, en la fête de la Présentation de Jésus au Temple, nous célébrons l'Incarnation comme une rencontre -- la rencontre de Dieu avec l'humanité, exprimée symboliquement dans la rencontre au Temple le quarantième jour après la naissance de Jésus. Dans le rite de la lumière, qui a précédé notre célébration eucharistique, nous avons célébré ce même mystère de l'Incarnation de Dieu comme la venue de la Lumière dans nos ténèbres.

29 janvier 2024 - Lundi de la 4e semaine, année paire

2 Sm 15, 13... 16, 13 ; Mc 5, 1-20

Homélie

          Les deux lectures que nous venons d'entendre ont beaucoup en commun et sont riches d'enseignement. Elles sont aussi toutes deux longues.

1 février 2024 – jeudi de la 4ème semaine du Temps Ordinaire

1 R 2, 1-4.10-12; Marc 6, 7-13 

H O M É L I E

            La première tentative de Jésus d’enseigner dans son propre village, au début de sa vie publique, se termina par un échec. À partir de ce moment-là Il ira porter son message sur les routes et les bourgs de Galilée puis de Judée. Dès lors Jésus se démarque très clairement du culte officiel et des autorités religieuses du peuple juif, pour adopter un style de vie et de prédication dans la ligne des prophètes de l'Ancien Testament et donc dans la ligne de Jean le Baptiste, dont il a assumé la tradition ascétique en se faisant baptiser par lui. C'est le même style de vie qu'il recommande à ses disciples lorsqu'il les envoie eux aussi dans les bourgs et les villages de la région.

28 janvier 2024 -- 4ème dimanche "B"

Dt 18, 15-20; 1 Co 7, 32-35; Mc 1, 21-28

H O M É L I E

          L'Évangile commence par les mots suivants: "Jésus entra dans la synagogue le jour du Sabbat et commença à enseigner..." Considérons un peu le contexte de ce récit dans l'Évangile de Marc. Nous sommes au début de l'Évangile. Jésus a été baptisé et a passé quarante jours au désert, où il a été tenté; après quoi il est retourné en Galilée et a choisi ses disciples. Alors, dit le texte exact de l'Évangile, lui et ses disciples allèrent à Capharnaüm et immédiatement, le jour du sabbat, il entra dans la synagogue et enseigna. Il guérit immédiatement (encore cet adverbe!) un homme qui était affecté d'un esprit impur.

30 janvier 2024 – mardi de la 4ème semaine du Temps Ordinaire

2 S 18, 9-10.14b.24-25a.30 – 19, 4 ; Mc 5, 21-43 

H O M É L I E 

          Ce récit évangélique est très bien construit. Presque chaque détail y est chargé d'une signification symbolique ; et nous n'en percevrons certainement pas tout le message, si nous le lisons simplement comme une belle "histoire". L'histoire n'est là que pour servir de support au message ; et ce message concerne la vie, sa restauration et son entretien.

27 janvier 2024 – samedi de la 3ème semaine du T.O.

2 S 12, 1-7a.10-12; Mc 4, 35-41 

H O M É L I E

          Le septième jour de la création, Dieu se reposa. Après avoir créé, au cours des six jours précédents, un univers qui connaissait la foudre et les éclairs, les tempêtes et les ouragans, les volcans et les tremblements de terre, Dieu se reposa calmement car, comme Il l’explique à Job dans le texte que nous avons entendu comme première lecture, il avait établi des limites que ces pouvoirs de la nature ne pouvaient pas franchir.

          Les disciples – au moins certains d’entre eux, étaient des marins de métier. Leur erreur, dans l’Évangile d’aujourd’hui, fut de ne pas vouloir assumer leur responsabilité, qui était de contrôler leur bateau dans la tempête. Ils n’avaient aucun contrôle sur les forces de la nature ; mais ils avaient le contrôle de leur bateau. Jésus dormait, après une journée épuisante de prédication, car il avait confiance en ses disciples qui étaient des pêcheurs d’expérience qui n’en étaient pas à leur première tempête sur le capricieux lac de Galilée. Il les laisse faire leur travail. Après tout, il était menuisier et non pas marin. Les disciples savaient mieux que lui quoi faire en de telles circonstances. Il savait aussi que, pendant qu’ils s’occupaient de leur bateau, quelqu’un d’autre s’occupait des vents et de la mer. Ce quelqu’un d’autre était son Père. Et c’est en son nom qu’après avoir été éveillé par les disciples, il cria aux vents et à la mer de se calmer.

          Il est intéressant de remarquer que ce récit vient, dans l’Évangile de Marc, tout de suite après les paraboles de la semence et de la graine de moutarde. Il n’y a pas de croissance sans quelque forme de tempête. La tempête se déchaîna, dans l’Évangile d’aujourd’hui, après que Jésus et ses disciples eurent décidé de « passer sur l’autre rive... » La plupart des passages vers une autre rive, dans nos vies, sont aussi secoués par des tempêtes. Nous devons mener notre barque le mieux que nous pouvons. Nous sommes responsables de notre barque ; nous ne sommes pas responsables des éléments. Le manque de foi que Jésus reprocha à ses disciples était tout d’abord le manque de foi en eux-mêmes, avant d’être le manque de foi dans la vérité révélée que Dieu avait mis des limites et des barrières à la tempête. À l’intérieur de ces limites, ils avaient ce qu’il faut pour mener leur bateau, et c’était leur responsabilité de le faire.

          Dans nos vies, il n’est pas rare que nous soyons pris dans une tempête. Souvent nous nous décourageons et nous nous laissons gagner par la peur. Nous refusons d’assumer notre responsabilité et nous demandons à Dieu de venir et de faire notre travail à notre place. Ou encore nous essayons de contrôler la situation elle-même ; c’est-à-dire que nous essayons de contrôler la tempête – ce qui n’est pas notre travail, et ce que nous faisons de façon désastreuse. Nous essayons de réveiller Jésus qui dort paisiblement, ayant confiance en nous et nous enseignant ainsi à avoir confiance en nous-mêmes et dans le pouvoir qu’Il nous a donné.

          Dans nos nuits de tempête, la vérité qui peut toujours nous réassurer est que Dieu a le contrôle des éléments qui nous entourent, même lorsque ceux-ci semblent tout à fait hors contrôle ; et que Jésus est avec nous dans notre barque, même lorsqu’il dort et que la barque semble en train de couler.

          Notre foi en Lui et notre foi en nous-mêmes sont aussi importantes l’une que l’autre. En fin de compte elles sont la même réalité, puisque notre Moi le plus profond est notre configuration au Christ qui est la plénitude du Moi.

Armand VEILLEUX