Homélies de Dom Armand Veilleux

21 février 2024 :: mercredi de la 1ère semaine de Carême

Jonas 3, 1-10 ; Luc 11, 29-32

Homélie

          Le prophète Jonas fut envoyé par Dieu aux païens de la cité de Ninive. Mais il ne voulait pas avoir cette mission, et il s’enfuit vers la cité de Tarsis. Cela, comme nous le savons, le conduisit – lui et tous ses compagnons – dans une terrible tempête. Au coeur de cette tempête, il reconnut son péché et il accepta – il demanda même – d’être jeté à la mer pour calmer la colère de Dieu. C’est alors qu’il commença une expérience de solitude, symbolisée par le temps qu’il passa dans le ventre d’un gros poisson, avant de commencer, finalement, sa mission qui était de prêcher un message de repentance. Cependant, il lui était impossible de comprendre qu’une cité païenne pourrait se convertir à Dieu ; et lorsqu’elle se convertit, il en fut contrarié. Comme nous le savons par le reste de l’histoire, Dieu va lui faire comprendre, à travers l’image de la plante qui croît en un jour et qui meurt le lendemain, qu’il a le même amour miséricordieux pour la ville païenne de Ninive que pour le peuple d’Israël.

20 février 2024 - mardi de la 1ère semaine de Carême

Is 55, 10-11 ; Mt 6, 7-15

H O M É L I E

 

          Depuis le début du Carême, les textes de l'Ancien et du Nouveau Testament lus à la célébration eucharistique nous mettent en garde avec une insistance soutenue et vraiment impressionnante, contre la fausseté et l'inutilité d'une pratique religieuse qui ne se traduirait pas dans une vie d'amour et de service fraternel bien concrets.

          Dieu a tout créé par sa Parole. Cette même Parole, qui nous fut adressée par les prophètes de tous les temps, est venue à nous personnellement dans la personne de Jésus de Nazareth. Elle nous pénètre et nous traverse. Le Livre d'Isaïe la compare à la pluie et à la neige qui descendent des cieux et y retournent. Si nous nous laissons transformer par cette Parole, nous retournerons au Père en elle, assumée en elle. Si nous ne la recevons pas comme une terre fertile, si elle ne transforme pas notre vie, alors, elle retourne au Père sans nous, comme la pluie qui s'évapore à la surface d'une terre durcie ; et nous restons dans le néant.

          Jésus en donne un exemple concret dans l'Évangile que nous venons de lire. Cet Évangile est tiré du Sermon sur la Montagne tel que reconstitué par Matthieu. Vers la fin, nous y trouvons un enseignement sur la prière. Il y avait tout d'abord la recommandation de ne pas prier sur les places publiques dans le but d'être observés, mais d'entrer dans la solitude de notre chambre et d'y prier là, dans le secret, notre Père céleste. Vient ensuite la recommandation de ne pas multiplier les paroles comme si celles-ci étaient en elles-mêmes des prières efficaces. Le Père connaît tous nos besoins et ceux du reste de l'humanité mieux que nous ne les connaissons nous-mêmes, dit Jésus.

          Jésus donne ensuite la formule du "Pater", et il en commente une seule des sept demandes, celle relative au pardon des péchés ou à la remise des dettes. "si vous remettez aux hommes leurs manquements, vote Père céleste vous remettra à vous aussi. Mais si vous ne remettez pas aux hommes leurs fautes, votre Père ne vous remettra pas non plus vos manquements." Je ne crois pas qu'il faille entendre ces paroles comme si Dieu nous "récompensait" d'avoir pardonné ou nous "punissait" pour ne pas l'avoir fait. Dieu serait alors un dieu à notre mesure. Cela veut plutôt dire, tout simplement, qu'en pardonnant aux autres, nous nous insérons dans le courant du fleuve sans fin de l'amour miséricordieux du Père, et qu'en refusant de pardonner, nous nous coupons nous-mêmes de ce courant.

          Comme toujours, Jésus nous laisse le choix.

17 février 2024 -- Samedi après le Mercredi des Cendres

Is 58, 9b-14 ; Lc 5, 27-32

 

H O M É L I E

          Il est vraiment intéressant de voir comment Jésus, dans les débuts de son ministère public, alors même que les foules courent après lui, appelle une à une quelques personnes à devenir ses disciples en leur disant simplement: "suis-moi". Et dans chaque cas il s'agit précisément d'hommes qui ne faisaient pas partie de ces foules d'admirateurs ou de curieux et qui, en général, étaient tout bonnement à leur travail. Après les pêcheurs, Simon, Jacques et Jean, voici maintenant qu'il appelle un collecteur d'impôt.

19 février 2024 - lundi de la 1ère semaine de Carême

Lv 19, 1-2. 11-18 ; Mt 25, 31-46

H O M É L I E

           "Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait", dira un jour Jésus dans l'Évangile. Cet appel à la perfection était déjà contenu dans les premières pages de l'Ancien Testament, et nous venons de l'entendre dans la première lecture de cette Eucharistie, tirée du Lévitique: "Soyez saints, car je suis saint, moi, le Seigneur votre Dieu."

16 février 2024 -- Vendredi après le Mercredi des Cendres

Is 58, 1-9a ; Mt 9, 14-15.

H O M É L I E 

          Nous avons eu cet Évangile dans un autre contexte, au cours des dernières semaines. Il s'agissait alors d'une série de discussions entre les Pharisiens et Jésus sur l'observance de la loi. Relisant ces paroles de Jésus dans le contexte du Carême, nous sommes évidemment plus frappés par la dernière phrase: "Des jours viendront où l'époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront".

18 février 2024 - Premier dimanche de Carême "B"

Gen 9, 8-15; 1 Pierre 3, 18-22; Marc 1, 12-15

H O M É L I E

          Tout de suite après son baptême par Jean-Baptiste Jésus s’est retiré au désert où il fut tenté par Satan. Chaque année, le premier dimanche de carême, nous avons le récit de ce moment de la vie de Jésus, selon un évangéliste différent. Matthieu et Luc nous racontent en détail les tentations auxquelles Jésus fut soumis. Le récit de Marc, que nous lisons cette année, est beaucoup plus sobre. Il ne décrit pas ces tentations, et même il ne fait que mentionner, en passant, que Jésus fut tenté par Satan durant ses quarante jours au désert. Ce qui est important dans le récit de Marc c’est d’abord le désert lui-même, et le fait que Jésus y fut poussé par l’Esprit. Et aussi le fait que ce moment de désert fut un moment de transition entre son baptême et son retour en Galilée pour y proclamer la Bonne Nouvelle.

15 février 2024 -- Jeudi après le Mercredi des Cendres

Dt 30, 15-20 ; Lc 9, 22-25

H O M É L I E         

          Le mystère pascal est une réalité complexe, qui comprend, indissolublement, le mémorial de la mort du Christ et de sa résurrection. Sa mort n'aurait pas de sens si elle n'était un acte d'obéissance et d'amour à l'égard du Père; et la résurrection n'a de sens qu'en relation avec cette mort, puisqu'elle est la réponse du Père à l'obéissance pleine d'amour de son Fils. C'est pourquoi les textes liturgiques nous mettent d'emblée en présence de ce diptyque, en nous faisant entendre dès le deuxième jour de Carême cette parole de Jésus: "Il faut que le Fils de l'homme souffre beaucoup... qu'il soit mis à mort et, le troisième jour, qu'il ressuscite".