A NOEL NUIT LUC 02,01-14 (15)
Chimay : 24.12.2025
Frères et sœurs, tout au long de l’Avent, la liturgie nous a parlé de la venue de Jésus. Cette Bonne Nouvelle était annoncée depuis plusieurs siècles à un « peuple qui marchait dans les ténèbres » (Is 1,9). Ces ténèbres, c’étaient celles de l’exil et de l’oppression étrangère. Le message d’Isaïe dans les ténèbres marque encore douloureusement la vie de notre monde, celles du terrorisme et de la violence, mais aussi celles de la maladie, de la pauvreté et de la solitude.
La Bonne Nouvelle de Noël, c’est que Dieu ne nous abandonne pas. Il vient à nous. Il vient « nous rendre espoir et nous sauver » comme le chante le Venez divin Messie[1]. Venez divin Messie est un chant populaire chrétien. Il est traditionnellement chanté durant la période de l’Avent. Il rappelle le temps d’attente du peuple d’Israël avant la naissance du christ. Ce chant est en même temps un appel à Jésus-Christ présent dans l’Eucharistie.
Tout au long des Évangiles, nous entendons Jésus nous parler d’un Dieu qui est Père, un Père qui aime chacun de ses enfants. Il est venu « chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10). Le vrai Dieu n’a rien à voir avec une religion qui fait massacrer des innocents, des hommes, des femmes et même des enfants. La fête de Noël vient nous rappeler que le vrai Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose. Dans un monde pollué par la haine et la violence, il est celui qui nous apporte la vraie lumière.
Ce Jésus dont nous fêtons la naissance a été annoncé aux bergers. Quand nous faisons la crèche dans nos maisons, nous les mettons en bonne place, mais beaucoup ne savent pas trop qui ils étaient. En fait, ils faisaient partie d’une catégorie de gens vraiment méprisés. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. À travers eux, c’est la Bonne Nouvelle qui est annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Et cela, nous le retrouvons tout au long des Évangiles. Jésus est venu pour nous dire qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu.
C’est vrai, les Évangiles nous rappellent la mission de Jésus auprès de ceux et celles qui sont accablés par des souffrances de toutes sortes. Il a accueilli tous ceux et celles qui étaient infréquentables à cause de leur mauvaise vie. Il a ouvert la porte de la Lumière à l’aveugle-né, révélé l’amour qui habitait le cœur de Marie-Madeleine, rendu la vie à Lazare, à la fille de Jaïre, au fils de la veuve de Naïm, apporté le salut à Zachée, rendu la santé à l’hémorroïsse, à la fille de la Cananéenne, libéré Lévi le publicain pour le transformer en l’évangéliste Matthieu, procuré l’eau vive à la femme de Samarie qui deviendra missionnaire, fait de Paul le persécuteur des premiers chrétiens un apôtre des Gentils, et combien d’autres qui étaient rejetés par la société bien-pensante de l’époque ont été guéris de leur misère, de leurs maladies ou infirmités, voire de leurs péchés. Avec Jésus, c’est la victoire de l’AMOUR sur le mal et la mort.
Cette Bonne Nouvelle n’est pas que pour les gens d’autrefois. Elle est pour tous les hommes de tous les temps. Elle doit être proclamée dans le monde entier, y compris dans les « périphéries », comme l’a rappelé si souvent le pape François. L’expression « périphéries » fait référence aux zones où vivent les personnes marginalisées, en marge de la société. Le pape François les a souvent mentionnées pour nous appeler à sortir de notre zone de confort et à nous ouvrir aux autres, en particulier aux plus démunis. Il est devenu le « Pape de la périphérie » en raison de son engagement envers les pauvres et les exclus.
Des associations s’organisent pour aller vers les plus pauvres, les personnes seules, celles qui sont à la rue, celles qui n’ont pas les moyens de faire la fête. Des messes sont célébrées dans les prisons et les hôpitaux. Le Christ rejoint tous ceux et celles qui sont accablés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux. Bien sûr, il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous nos problèmes. Mais il marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Il nous ouvre un chemin d’espérance.
Fêter Noël, c’est accueillir cette Bonne Nouvelle qui vient changer notre vie et celle du monde. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance continue à venir. Il frappe à notre porte. « Voici, je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Ap3,20).
Dieu continue à nous envoyer son Fils frapper à notre porte. En cette nuit de Noël, nous sommes donc invités à l’accueillir, à lui donner la première place dans notre vie et à faire « tout ce qu’il nous dira ». L’expression est tirée de l’épisode du mariage de Cana, où il manque du vin. La mère de Jésus s’adresse aux serviteurs en disant : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2,5). Elle signifie que l’on doit obéir et suivre les instructions de quelqu’un, en l’occurrence Jésus. Le message complet est qu’il faut faire confiance à Dieu et suivre ses inspirations.
Avec lui, c’est la joie et l’amour qui entrent dans notre vie. Il veut habiter le cœur des hommes. Alors oui, soyons dans la joie et l’allégresse. Un enfant a dit que « Jésus est le plus beau cadeau de Noël ». Il avait tout compris. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui vont fêter Noël sans penser à cette Bonne Nouvelle. Tout est prévu, le sapin, les décorations, les cadeaux, le réveillon, mais on oublie Celui qui est à l’origine de ces festivités, sans quoi la joie sera la triste joie d’un soir plus fatigant que les autres.
L’Eucharistie qui nous rassemble en cette fête de Noël nous rappelle que le Christ ne cesse de vouloir nous rejoindre. Il continue à vouloir venir chez les siens. C’est un cadeau extraordinaire qui nous est offert à tous, gratuitement et sans mérite de notre part. Avant la communion, nous entendons le prêtre nous dire : « Voici l’Agneau de Dieu, voici celui qui enlève les péchés du monde ». Ces paroles ne sont pas que pour l’assemblée qui est présente à l’église. Elles sont pour le monde entier. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous. Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre pour laisser le Christ entrer dans leur vie. En ce temps de Noël, supplions-le : « Toi qui es Lumière, toi qui es l’amour, mets en nos ténèbres ton Esprit d’amour ». Amen.
[1] Texte : abbé Simon-Joseph Pellegrin (1663-1745), d’après Is 4,14 ; Lc 2,4-14 ; Jn 3,16-18. Musique : air traditionnel français, XVIe siècle (Laissez paître vos bêtes).
