B 18 JEAN 06,24-35 (11) Chimay : 01.08.2021

Frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à reconnaître le don de Dieu. Ce don est un cadeau gratuit qu’il nous fait pour nous manifester son amour. Le problème c’est quand nous ne voyons pas le signe de cet amour, car le plus important c’est de reconnaître et d’accueillir les signes de l’amour de Dieu pour nous et pour le monde entier. Quelqu’un qui sait et qui croit que Dieu l’aime n’a plus peur de rien. Il est habité de l’Esprit qui animait le Christ.

 

C’est ce cheminement que nous trouvons dans la première lecture (Ex 16,2-4.12-15) : si les Hébreux ont été libérés de l’esclavage en Egypte, ils doivent maintenant avancer dans le désert sur la seule parole de Celui qui les a délivrés, les guide et les conduit. La vie des Hébreux dans le désert n’est pas facile : ils sont tenaillés par le manque de nourriture, les peurs et les doutes ; le ton s’est mis à monter : ils ont récriminé contre Moïse et Aaron ; ils rêvent de retourner « au pays d’Égypte » (Ex 16,3) pour y retrouver leur ration d’esclave. Pour eux, venir mourir dans le désert, ça n’a pas de sens. Et ils ont bien raison. Ces récriminations, Dieu les entend : aussi il leur donne cette nourriture spéciale appelée la manne. « Qu’est-ce que c’est ? » demandent les Hébreux en découvrant la manne. Simple nourriture ou signe d’un plus grand don que Dieu prépare ? En y réfléchissant par la suite, Israël comprendra que la manne était un appel à la foi en Dieu, seul capable de combler toutes les faims de l’homme, depuis celle du pain quotidien jusqu’aux faims de vie, de libération et d’intimité avec Dieu.

Ce don qu’il leur fait est aussi une épreuve, un test pour éprouver leur foi : il leur interdit de faire des réserves ; ils sont invités à mettre une limite à la convoitise et à la peur du manque ; ils doivent surtout avoir foi dans le Seigneur qui leur a promis une ration suffisante tous les jours. Nous, chrétiens, nous croyons qu’aujourd’hui encore, Dieu nous donne tout ce dont nous avons besoin ; les richesses matérielles ne sont pas un mal ; mais elles ne doivent pas nous détourner de Dieu qui a bien mieux à nous offrir. Seule la confiance en ce Dieu qui se donne peut nous inciter à poursuivre notre chemin en nous sachant accompagnés.

Dans l’Évangile, nous retrouvons Jésus qui vient de nourrir une foule affamée ; pour ces pauvres gens, c’est quelque chose d’extraordinaire : ils viennent à lui pour qu’il réponde à leurs besoins. Mais Jésus ne veut pas être pris pour un « super boulanger » ; ce n’est pas sa mission : il a bien mieux à leur proposer. C’est également vrai pour nous aujourd’hui. Nos prières ne doivent pas se limiter à de simples demandes matérielles, terre-à-terre : ce que le Seigneur veut nous donner est bien plus important.

Si Jésus a été envoyé dans le monde, c’est précisément pour nourrir l’homme affamé de Dieu. Il nous rappelle aujourd’hui que nous ne devons pas nous tromper de nourriture. Trop souvent, nous ne pensons qu’à la nourriture matérielle et aux biens de consommation. C’est sans doute important, mais cela ne suffit pas à nous combler.

La grande priorité ce n’est pas les biens que nous possédons ni ceux que nous voulons posséder. Jésus voit tous ces gens qui travaillent dur pour leur nourriture corporelle. Or c’est « une nourriture périssable pour une vie périssable ». Aujourd’hui, il voudrait leur révéler une autre nourriture.

L’Évangile nous introduit à cet autre pain. Il nous parle du « vrai pain », « le pain de Dieu », « le pain de vie », « le pain venu du ciel ». Ce n’est pas comme la manne que les anciens ont mangée dans le désert au temps de Moïse. Le seul vrai pain, c’est Jésus que le Père donne aux hommes. Il est le pain du ciel, celui qui donne la vie. Cette nourriture largement offerte à tous c’est d’abord la parole de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Dt 8,3). Jésus, Parole de Dieu, est également nourriture par son Corps et son Sang ; cette nourriture est offerte à tous lors de la célébration eucharistique. Jésus et le pain, non de cette vie ordinaire, mais de la vie transformée à laquelle la mort ne met pas de fin.

Actuellement, le même Christ continue à nous révéler notre faim et notre soif d’absolu. Il voit tous ces jeunes et moins jeunes qui courent vers les plaisirs que procure la société de consommation, la drogue, l’alcool, les décibels. Il voit tous ces gens qui sont angoissés parce qu’ils ont perdu leur emploi. Leur grande douleur c’est que personne n’a besoin d’eux. Il leur manque un climat de tendresse et d’amour qui pourrait illuminer leur vie. Nous chrétiens, nous sommes envoyés pour témoigner de cet amour qui est en Dieu et le communiquer à tous ceux qui nous entourent.

Saint Paul nous montre le chemin. Il invite les croyants de son temps et chacun de nous à se laisser guider par un esprit renouvelé. Les Éphésiens, auxquels il s’adresse, ont quitté leurs anciennes pratiques pour se mettre à la suite du Christ. Leur foi en Jésus a fait d’eux des hommes nouveaux. Adopter le comportement de l’homme nouveau créé à l’image de Dieu, c’est adopter en tout le comportement de Jésus. Mais saint Paul sait que cette foi est encore fragile car les Éphésiens vivent dans un monde païen. Nous aussi, nous pouvons être atteints par l’esprit païen de notre temps. C’est ce qui se passe quand nous nous laissons guider par le néant, qu’il soit adoration de l’argent ou adoration de l’homme et aux satisfactions matérielles. Mais le Seigneur veille pour que le comportement du chrétien soit celui d’un homme animé par la recherche de la justice, de la vérité et de la sainteté, si du moins c’est bien Jésus que nous cherchons

Chercher Jésus. C’est la belle démarche des foules dans cet évangile d’aujourd’hui. Le Seigneur désire que nous allions vers lui, et que nous le cherchions. Mais pour ce qu’il est vraiment ! Car on peut le chercher pour de mauvaises raisons, comme ici les foules de cet évangile. Dans le signe de la multiplication des pains, elles n’ont vu qu’un homme qui les a nourries lorsqu’elles avaient faim. Le miracle aurait pourtant dû les conduire à revenir vers Jésus en portant sur lui un regard de foi. Nous-mêmes, désirons-nous aller vers lui pour le reconnaître dans sa véritable identité ? Il est le Fils de Dieu qui nous a aimés et a livré sa vie pour nous. D’une certaine manière, nous sommes invités à nous demander si nous sommes réellement des êtres nouveaux, qui reflètent quelque chose de la sainteté de Dieu.

De quoi le Seigneur veut-il nous combler ? Qu’est-ce qui demeure en vie éternelle ? Il y a la charité : « L’amour ne passera jamais » (1 Co 13,8). Puis la parole de Dieu : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Mt 24,35). Tout cela se résume en une personne. Le Seigneur qui nous invite à travailler pour cette nourriture qu’il est lui-même : il est l’Amour, il est cette Parole qui est esprit et qui est vie.

Nous n’avons plus à récriminer contre Dieu comme au désert les Hébreux. Le Christ se donne à tous ceux et celles qui ont faim de sa Parole et de son Pain. Lui seul peut nous guider sur le chemin de la conversion. Rendons-lui grâce pour ce don qu’il nous fait et demandons-lui qu’il nous garde fidèles à ses paroles car elles sont celles de la Vie Éternelle.