C SAINTE TRINITÉ JEAN 16, 12-15 (15)

Chimay : 12.06.2022

Frères et sœurs, en ce dimanche, nous sommes tous invités à la sainteté. Notre Dieu trois fois saint veut nous faire partager sa sainteté. Elle est offerte à tous, même aux pauvres pécheurs que nous sommes. Notre Dieu nous aime tous au point de nous faire partager sa vie. C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons dans les textes de la Parole de Dieu de ce jour.

Dans le livre des Proverbes (8,22-31) nous avons entendu que la sagesse de Dieu a laissé sa trace dans la création avant de venir vivre avec les hommes. Cette sagesse incréée, c’est le Christ, « Sagesse de Dieu ». Lorsqu’il contemplait l’univers, l’homme de l’Antiquité était en admiration de sa beauté grandiose et de son harmonie. Il y voyait la marque de la Sagesse de Dieu et de son habileté. C’est cette Sagesse de Dieu qui présida à la création du monde. Mais ce qui est encore plus extraordinaire c’est que le Christ reste à l’œuvre tout au long de l’histoire des hommes. En effet la Bible nous révèle Dieu qui s’est lié d’amitié avec le peuple qu’il s’est choisi. En lisant ce texte aujourd’hui, nous découvrons le lien d’amour qui unit le Créateur à ses créatures. Cet engagement de Dieu pour les hommes qui s’accomplit totalement en Jésus, salut de l’humanité.

En lisant ce récit, nous comprenons que le vrai Dieu n’est pas celui qui nous surveille pour nous prendre en défaut. Il est au contraire un Dieu passionné par le bonheur des hommes. Il veut notre réussite. Dieu nous aime et veille sur nous avec sagesse. Tout au long de notre vie, nous sommes invités à nous mettre à l’écoute de ce Dieu amour qui parle à notre cœur. C’est une école où nous n’aurons jamais fini d’apprendre.

Saint Paul, dans l’épître aux Romains (5,1-5), nous invite à faire un pas de plus. Il déploie sereinement sa foi qui s’enracine dans sa rencontre avec le Christ ressuscité sur le chemin de Damas. C’est en lui que nous trouvons la véritable paix, nous dit-il. Il ne s’agit pas seulement d’une sérénité humaine ni d’une absence de conflit. Le plus important c’est la certitude d’être aimé de Dieu. Son amour est indéfectible. Même dans les plus grandes détresses, rien ne saurait nous ébranler. Cette assurance ne s’appuie pas sur des mots mais sur les gestes d’amour de Dieu à notre égard : le Christ s’est livré, il a versé son sang « pour nous et pour la multitude ». Par sa mort et sa résurrection, il nous ouvre l’accès au cœur de Dieu. Il nous donne son Esprit comme langage de l’amour du Père. Même en période de détresse, l’espérance ne trompe pas : elle est invincible, « puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5).

L’Évangile nous révèle un Dieu qui s’est fait proche de nous, qui ne se contente pas de nous donner des renseignements sur ce qu’il est. Il vient à notre rencontre par son Fils Jésus. Il prend notre condition humaine en toutes choses à l’exception du péché.

Quand nous lisons les Évangiles, nous découvrons que Jésus est attiré par celui qu’il appelle son Père. Il se retire souvent dans la solitude pour le prier longuement. Au jardin de Gethsémani, sa prière sera : « Père, non pas ma volonté mais la tienne ! » (Lc 22,42). Un autre jour, il avait dit : « Ma nourriture c’est de faire la volonté du Père » (Jn 4,34). C’est ainsi que toute la vie de Jésus est remplie de son amour pour le Père. C’est là qu’il trouve son vrai bonheur. C’est progressivement que les apôtres connaissent cette révélation, et que nous-mêmes, au cours de notre vie, nous découvrons l’amour du Père pour nous. Les apôtres n’ont découvert que progressivement le mystère de la personne de Jésus. Leur connaissance du mystère de Dieu s’effectuera selon la même progression : de la constatation de l’intimité qu’avait Jésus avec Dieu, ils passeront à la connaissance de sa relation filiale avec le Père, grâce à l’action de l’Esprit, à un point tel qu’ils lui diront : « Seigneur, apprends-nous à prier » (Lc 11,1). Pour nous aussi, sans cette action de l’Esprit, nul ne peut connaître le mystère d’unité et d’amour des trois personnes divines. Le jour où nous découvrons que Dieu nous aime, c’est un tournant dans notre vie, une révolution.

Mais Jésus sait que, pour eux, c’est difficile à porter. Aussi promet-il l’Esprit de vérité qui les conduira « vers la vérité tout entière » (Jn 16,12-13). Une grande mission les attend. Mais ils n’ont pas à être angoissés de ne pas avoir tout compris ce que Jésus leur a enseigné. L’Esprit de Dieu les accompagnera. Il leur fera se rappeler les paroles de Jésus. Ils vivront des situations nouvelles. Mais l’Esprit Saint les ancrera dans le Christ. Rien ne pourra les séparer de son amour (Rm 8,38-39).

C’est ainsi que Jésus nous révèle un Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, un Dieu qui est amour, un Dieu qui veut le salut de tous les hommes. Un jour, Bernadette de Lourdes avait du mal à réciter une définition de Dieu apprise par cœur. Comme elle n’y arrivait pas, elle a dit : « Dieu c’est quelqu’un qui nous aime ». Cette réponse n’était pas celle qu’attendait la catéchiste, et pourtant c’était la meilleure. Notre Dieu c’est vraiment quelqu’un qui nous aime. Il s’est révélé comme un Dieu aimant et Sauveur. Et saint Jean écrira à qui veut bien le lire : « Dieu est amour ! » (1 Jn 4,7-8).

Le raisonnement humain bute sur la Trinité. Dans son Instruction, saint Colomban (vie siècle) ira jusqu’à écrire : « Père, Fils et Saint-Esprit, Dieu est un. Ne te demande rien de plus au sujet de Dieu ». Car « qui se glorifiera de connaître le Dieu infini qui emplit tout et se dérobe à tout, lui que personne n’a jamais vu » (Tm 6,16) ? Quant à Grégoire de Nazianze (ive siècle), il affirme que lorsque nous essayons de connaître Dieu, c’est « comme si nous nous parions avec des ailes minuscules pour atteindre le ciel et ses astres ». Ce qui nous recentre sur Jésus, le Verbe incarné, pour cheminer de l’homme à Dieu, et nous invite à nous ouvrir à l’Esprit qui seul nous conduira vers la vérité tout entière.

Une vérité qui relève de l’existentiel et non de la pure abstraction, qui relève de l’exercice concret de l’amour et de sa quête d’intelligence de la foi, qui relève de l’expérience de l’habitation de Dieu au plus intime de nous-mêmes. Dieu n’est pas une idée, un mot ou un concept. Le plus important n’est pas de donner de savantes explications sur Dieu ou la Trinité mais d’accueillir l’amour qui est en Dieu Père, Fils et Saint Esprit. Cet amour que nous recevons de lui nous avons à le rayonner autour de nous. Nous sommes envoyés pour en être les messagers dans ce monde qui en a bien besoin. C’est en vue de cette mission que Jésus nous envoie son Esprit Saint pour qu’il nous conduise vers la vérité tout entière. Tout commence par un temps où nous venons puiser à la Source dans la prière, l’écoute de la parole de Dieu et surtout l’Eucharistie. C’est à ce prix que nous pourrons être l’Église de la Pentecôte.

Puisqu’il nous faut être rempli de cet amour qui est en Dieu pour pouvoir le communiquer aux autres, que ton Esprit, Seigneur, soit sur nous pour accueillir cet amour qui vient de toi. Qu’il nous donne force et courage pour en être les messagers tout au long de notre vie.