A PÂQUES 05 JEAN 14,01-12 (13)
Frères et sœurs, depuis le 1er mai, nous sommes entrés dans le mois de la Vierge Marie. Nous retenons d’elle cette parole qu’elle adressait aux serviteurs lors des noces de Cana : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2,5). Prenons le temps de l’écouter, d’être attentifs à Dieu et de mettre ses paroles en pratique. Lui seul est capable de nous sortir de toutes nos impasses. D’ailleurs quand on est avec Dieu, il n’y a plus d’impasse.
Or voilà qu’en ce jour, nous entendons des paroles de Jésus qui nous ramènent au soir du Jeudi Saint. Il annonce à ses disciples son départ vers le Père. Mais dans son enseignement, il se veut rassurant. Jésus sait qu’il va les quitter et retourner au Père mais il veut les consoler de son départ en leur donnant à réfléchir sur une connaissance plus intime, plus profonde et plus réelle de lui-même. Il sait que ses apôtres ne pourront pas aller jusqu’au bout de son mystère mais il va leur envoyer l’Esprit Saint pour les garder près de lui, en son Père, au cœur même de la sainte Trinité. Mystère qui dépasse de beaucoup leur capacité et qui dépasse la nôtre encore plus…
Ce départ n’est pas un abandon. Jésus leur annonce qu’il va leur préparer une place. Cette déclaration est une bonne nouvelle, un appel à vivre dans l’espérance. Les épreuves ne manqueront pas. Dans quelques heures, ce sera la Passion et la mort de leur Maître. Par la suite, les disciples connaîtront le temps des persécutions.
Mais rien ne doit troubler l’espérance des chrétiens. Le Christ est bien présent au milieu de nous. Il est là au cœur des épreuves que connaît notre monde actuellement. Ce chemin dont il nous parle n’est pas un chemin d’errance. Il nous annonce le but et l’aboutissement de notre vie. Jésus, lui-même est toujours vivant auprès de son Père. En même temps, il nous assure de sa présence au milieu de nous tous les jours « jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20). Lui seul peut nous conduire auprès du Père. Son grand projet, c’est de rassembler tous les hommes. Il nous prépare une maison dans laquelle tous se sentiront accueillis avec amour. Ainsi, quand nous sommes sur le chemin que le Christ a tracé pour nous, nous sommes remplis de joie. Si nous dévions de ce chemin et nous cherchons notre consolation ailleurs, alors nous allons constater que nous nous égarons.
Ce qu’il nous faut bien comprendre c’est que Jésus ne se contente pas de nous montrer le chemin. Il est lui-même « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14,6). C’est en lui seul que nous trouvons la plénitude de la vérité. Ses paroles sont celles de la Vie Éternelle. En dehors de lui, nous allons à notre perte. Personne ne peut aller vers le Père sans passer par lui. C’est lui qui nous révèle le vrai visage de Dieu. C’est en regardant vers le ciel que nous redécouvrons le vrai sens de notre vie. Cet évangile est un appel à l’espérance, même si nous sommes « bouleversés » par les incertitudes et les épreuves de la vie. Mais succomber au découragement serait pire que tout. Nous pouvons nous raccrocher aux paroles du psaume de ce jour : « Le Seigneur veille sur ceux qui l’aiment et espèrent en son amour » (Ps 32,18). Et Jésus est toujours là pour nous redire inlassablement : « Croyez en moi ! »
Cela dit, ce chemin n’est pas celui de la facilité. Il est étroit, et il nous conduit vers une porte étroite (Mt 7,13). Notre vie est un combat de tous les jours contre les forces du mal qui cherchent à nous entraîner vers des chemins de perdition. C’est la course à l’argent, à la violence, à la haine, à la rancune. Tout cela nous détourne du vrai but de notre vie. En ce jour, cela vaut la peine de nous interroger : Jésus est-il vraiment notre chemin, notre vérité et notre vie ? Est-ce vraiment lui que nous suivons ? Si ce n’est pas le cas, nous devons réentendre son appel : « Revenez à moi de tout votre cœur… » (Jl 2,12). « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile… » (Mc 1,15).
Le livre des Actes des Apôtres (Ac 6,1-7) nous montre comment les premiers chrétiens ont suivi ce chemin du Christ. La Parole de Dieu est annoncée aux païens. Les veuves ne sont pas abandonnées à leur triste sort ; elles reçoivent une aide. Le partage des services se met en place. En confiant des responsabilités à des chrétiens de langue grecque, les premiers chrétiens manifestent que leur unité assume la diversité des langues et des cultures. C’est ainsi qu’une communauté se met en route à la suite du Christ, car la parole de Dieu doit être annoncée à temps et à contretemps ; mais les petits, les pauvres et les exclus ne doivent pas être oubliés : il n’est pas possible d’annoncer la bonne nouvelle de l’Évangile à des gens qui ont faim et froid. À travers eux, c’est le Christ lui-même qui nous interpelle.
Dans son épître, saint Pierre nous invite à nous approcher du Seigneur Jésus. Nous nous rappelons que dans l’Évangile, il nous parlait de la Maison du Père qui contient de « nombreuses demeures ». Celui-ci nous prépare donc une place, le terme n’est pas indifférent, car il rejoint l’aspiration de toute personne à trouver sa place en ce monde, dans le cœur de ses proches : une place unique, adaptée à ce qu’elle a de plus profond. Ici, saint Pierre nous dit que Jésus en est « la pierre vivante que les hommes ont éliminée mais que Dieu a choisie parce qu’il en connaît la valeur » (IPi 2,4). Cette maison dont il parle n’est pas seulement de pierres ou de bois ; c’est une fraternité, une communauté construite par le souffle de l’Esprit Saint. En tant que disciples, nous participons à sa victoire. Nous sommes devenus « la race choisie, le sacerdoce Royal, la nation sainte, le peuple qui appartient à Dieu » (IPi 2,9).
Mais il y a un piège que nous devons éviter : le risque serait de nous complaire dans les honneurs, la facilité et l’orgueil. Nous avons une mission urgente : c’est d’annoncer « les merveilles de celui qui nous a fait passer des ténèbres à son admirable lumière » (IPi 2,9). Il est urgent de montrer à tous que nous savons où nous allons. Nous sommes sur un chemin qui est balisé par l’Évangile de Jésus Christ. Nous avons là un repère essentiel pour notre marche. Dans une de ses audiences, le pape François nous recommandait de le lire chaque jour. La Parole de Dieu est une nourriture indispensable pour notre marche vers le Père.
En ce dimanche, nous rendons grâce pour cette lumière de la foi qui nous a été donnée. Par elle, c’est le Christ qui éclaire nos pas plus ou moins hésitants en direction du Royaume de Dieu. Par l’intercession de la Vierge Marie, nous le prions les uns pour les autres : qu’il nous rende plus disponibles pour témoigner de son amour qui vient sauver tous les hommes.