A SAINTE TRINITÉ JEAN 03, 16-18 (15)
Chimay : 04.06.2023
« Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous » (2Co 13,13). Cette splendide formule trinitaire, tirée de la deuxième lettre aux Corinthiens, est un des souhaits qui ouvrent la célébration de la messe. D’emblée, nous sommes placés au centre rayonnant de notre foi qui est l’amour jaillissant du Père et qui relie entre elles les trois personnes divines, avant de se répandre en chacun de nous et au-delà.
Frères et sœurs, nous célébrons aujourd’hui la solennité de la Très Sainte Trinité. Cette fête nous invite à contempler et à adorer la vie divine du Père, du Fils et du Saint Esprit. Les textes bibliques de ce dimanche nous parlent de l’amour qui est en Dieu, un amour qui dépasse tout ce que nous pouvons imaginer.
C’est déjà ce message que nous trouvons dans le livre de l’Exode (Ex 34,4-9). Le Dieu auquel nous croyons, nous ne l’avons pas inventé. C’est lui qui s’est révélé à chacun de nous. Il s’est présenté à Moïse comme « le Seigneur tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de vérité » (Ex 34,6). Il nous faut, comme Moïse, nous laisser bouleverser par ces paroles, qui à elles seules disent l’identité totale de Dieu. La foi de l’Église les déploiera dans le mystère de la Trinité, en contemplant le visage de Jésus, car « Dieu a envoyé son Fils dans le monde, affirme saint Jean, pour que le monde soit sauvé » (Jn 3,17). Il est la Plénitude et le visage du Père en terre humaine et au pas des hommes. Nous connaissons d’expérience le mystère de la Trinité, infiniment plus grand que nous et pourtant présent en nos vies, quand nous essayons d’écouter et de suivre Jésus.
Il est celui qui a vu la misère de son peuple esclave en Égypte. Mais le pire de nos esclavages c’est celui de nos fausses idées sur Dieu. Il nous faut le dire et le redire : Notre Dieu n’a jamais cessé de nous aimer. Nous pouvons toujours revenir vers lui. Il est là, toujours prêt à nous accueillir et à nous relever. Son amour va jusqu’au pardon des pires vilenies. Sa miséricorde est infinie.
Saint Paul aux Corinthiens (2Co 13,11-13) veut que nous soyons dans la joie. Il le dit avec clarté : « Soyez dans la joie, cherchez la perfection, encouragez-vous, soyez d’accord entre vous, vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous » (2Co 13,11). Vivre comme Jésus et à sa suite, vivre de son Esprit, c’est être dans la Trinité, qui n’est pas un théorème ni une réalité métaphysique, mais la respiration profonde de notre vie depuis notre baptême, comme un don qui nous habite et nous fait vivre. Saint Paul nous dit que cette joie, nous la trouverons dans la recherche de « la perfection » et en faisant tout pour améliorer nos relations entre nous. C’est par notre manière de vivre ensemble comme des frères et des sœurs que nous dirons quelque chose de l’amour de Dieu. C’est à cette condition que le Dieu d’amour et de paix sera avec nous. En ce dimanche, nous célébrons la fête de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, Dieu qui est « Amour ». Nous sommes invités à nous laisser transformer par cet amour qui est vient de lui.
Dans l’Évangile de saint Jean, nous trouvons des paroles très fortes : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la Vie Éternelle » (Jn 3,16). Ce monde dont parle saint Jean, c’est celui qui est mauvais. Les hommes sont pécheurs. Dieu aurait pu venir pour juger ce monde et détruire le mal. Il aurait pu punir les pécheurs. Au lieu de cela, il aime ce monde et lui envoie ce qu’il a de plus précieux, son Fils unique. Il l’a envoyé pour effacer les péchés des hommes par son sacrifice. Jésus lui-même nous a dit un jour « qu’il est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10). Par sa mort et sa résurrection, le Christ nous ouvre un passage vers ce monde nouveau qu’il appelle le Royaume de Dieu.
C’est ainsi que Dieu-Amour s’est révélé. Celui qui croit en lui est libéré du péché et de la mort. Il obtient la Vie Éternelle, la vie en communion avec lui. Si Dieu nous a créés, c’est pour être aimés de lui et pour aimer avec lui. Voilà une bonne nouvelle que nous avons à accueillir tous les jours de notre vie. Et c’est en regardant chaque jour vers la croix du Christ que nous en reconnaissons toute la portée. Nous n’aurons jamais fini de découvrir toute la grandeur de cet amour qui est en lui.
Par pure grâce, cet amour est transmis à l’humanité par l’unique médiateur entre elle et le Père : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique », et cela « non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16). Le salut, c’est l’amour divin qui déborde dans les cœurs des humains où se réalise la communion avec le Saint-Esprit. La Sainte Trinité n’est pas un insoluble problème arithmétique, mais un foyer brûlant d’amour qui, sans cesse, donne la vie, la vie éternelle, c’est-à-dire la plénitude de la vie, la vie la plus intense qui soit, sans limite spatiale ni temporelle, dépassant infiniment le niveau biologique.
« Celui qui croit en lui échappe à la condamnation. Celui qui ne veut pas croire est déjà condamné parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu » (Jn 3,18). Les pécheurs qui croient en Jésus et se tournent vers lui obtiennent le pardon de leurs fautes et la force de n’en plus commettre. Celui qui ne veut pas croire refuse ce salut qui lui est offert. Il se condamne. Comprenons bien, ce n’est pas Dieu qui manque d’amour. C’est le pécheur qui s’obstine et qui n’accueille pas cet amour qui se condamne lui-même. Il ne croit pas en cet amour qui s’est manifesté sur la croix. En organisant sa vie en dehors de Dieu, il court vers sa perte.
Certains croyants pensent connaître Dieu parce qu’ils ont suivi quelques années de catéchisme et qu’ils ont lu en diagonale les évangiles. C’est complètement ridicule. Si nous voulons entrer dans le mystère de la foi, il nous faut cheminer pas à pas avec Jésus, il nous faut accueillir sa parole chaque jour. Le Seigneur est là, il frappe à notre porte. C’est nous qui avons la clé pour lui ouvrir et l’accueillir dans notre vie.
Comment vivre cette vie nouvelle, déjà commencée au baptême ? Il ne s’agit pas d’abolir les dix paroles données par Dieu au peuple de la première Alliance dans les débuts de son cheminement spirituel : elles contiennent les principes élémentaires de toute vie morale. Mais, comme la décrit saint Paul, c’est une vie remplie de joie, où l’on cherche la perfection, où l’on s’encourage les uns les autres, où l’on vit en paix, où, dès lors, le Dieu d’amour et de paix est intensément présent. C’est une vie menée au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.
En ce dimanche, nous rendons grâce à Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit, Dieu qui est Amour. Heureux sommes-nous d’entrer dans cette communion. Que cette communion s’étende à toute l’humanité ! Qu’elle dépasse les limites de l’Église pour faire de nous un peuple fraternel, heureux de rendre grâce. Amen