B NOEL NUIT LUC 02, 01-14
Chimay : nuit Noël 12.2023
Frères et sœurs, tout au long de l’Avent, la liturgie nous a parlé de la venue de Jésus. Cette bonne nouvelle était annoncée depuis plusieurs siècles à un « peuple qui marchait dans les ténèbres » (Is 9,1). Ces ténèbres, c’étaient celles de l’exil et de l’oppression étrangère. 400 ans en Égypte et près d’un siècle aux environs de Babylone. Le message de Noël dans les ténèbres nous concerne tous encore aujourd’hui, car ces ténèbres marquent encore douloureusement la vie de notre monde ; ce sont celles du terrorisme et de la violence mais aussi celles de la maladie, de la solitude, de la perversion et de la pauvreté. Or dans notre nuit jaillit la lumière de l’enfant de Noël qui est le prince de la paix.
La bonne nouvelle, c’est que Dieu ne nous abandonne pas. Il vient à nous. Il vient « nous rendre espoir et nous sauver », comme on le chante dans le Venez divin Messie. Tout au long des Évangiles, nous entendons parler d’un Dieu qui est Père, un Père qui aime chacun de ses enfants, et qui envoie son Fils « chercher et sauver ceux qui étaient perdus » (Lc 19,10). Le vrai Dieu n’a rien à voir avec une religion qui fait massacrer des innocents, des hommes, des femmes et même des enfants. On ne tue pas au nom de Dieu. La fête de Noël vient nous rappeler que le vrai Dieu est AMOUR. Il ne sait pas être autre chose. Saint Jean a d’ailleurs défini Dieu en ces trois mots : « Dieu est Amour » (1Jn 4,8). Dans un monde pollué par la haine et la violence, il est celui qui nous apporte la vraie lumière.
Ce Jésus dont nous fêtons la naissance a été annoncé aux bergers. Quand nous faisons la crèche dans nos maisons, nous les mettons en bonne place mais beaucoup ne savent pas trop qui ils étaient. En fait, ils faisaient partie d’une catégorie de gens vraiment méprisée. C’étaient des hommes rustres qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les lieux de culte. À travers eux, c’est la bonne nouvelle qui est annoncée aux petits, aux pauvres et aux exclus. Et cela, nous le retrouvons tout au long des Évangiles. Jésus est venu nous dire qu’ils ont la première place dans le cœur de Dieu. Jésus naît entouré de bergers, d’exclus ; et il mourra entre deux autres pauvres pécheurs, des larrons. C’est la bonne nouvelle de la venue de Jésus qui illumine ces premiers témoins, et qui nous a valu de si belles pages de l’Évangile : la crèche de Bethléem et la conversion du bon larron.
Constamment les Évangiles nous rappellent la mission de Jésus auprès de ceux et celles qui sont accablés par des souffrances de toutes sortes. Il a accueilli tous ceux et celles qui étaient infréquentables à cause de leur situation vie : pécheurs, publicains, prostituées, lépreux, infirmes, aveugles, sourds et muets. Il a ouvert la porte de la Lumière à Marie-Madeleine, Zachée, Matthieu le publicain, la Samaritaine et bien d’autres qui étaient rejetés par la société bien-pensante de l’époque. Avec lui, c’est la victoire de l’AMOUR sur le mal, la maladie et la mort.
Cette bonne nouvelle n’est pas que pour les gens d’autrefois. Elle est pour tous les hommes de tous les temps. Elle doit être proclamée dans le monde entier, y compris dans les « périphéries » ajoute le pape François : à ceux qui ne croient ni en Dieu ni en l’amour. Des associations s’organisent pour aller vers les plus pauvres, les personnes seules, celles qui sont à la rue, celles qui n’ont pas les moyens de faire la fête. Des messes sont célébrées dans les prisons et les hôpitaux. Le Christ, par ses ministres missionnaires, rejoint tous ceux et celles qui sont accablés par la souffrance, la maladie, le deuil, le chômage, les conflits familiaux. Bien sûr, il ne va pas faire un miracle pour résoudre tous nos problèmes. Mais il marche avec nous. Parfois même, il nous porte. Il nous ouvre constamment le chemin de l’espérance.
Fêter Noël, c’est accueillir cette bonne nouvelle qui vient changer notre vie et celle du monde. Ce Jésus dont nous fêtons la naissance continue à venir. Il frappe à notre porte, comme l’écrit l’auteur de l’Apocalypse : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et s’il ouvre, j’entrerai chez lui, et je souperai avec lui, moi près de lui, et lui près de moi » (Ap 3,20). Dieu continue à nous envoyer son Fils et à frapper à la porte de notre cœur. En cette nuit de Noël, nous sommes donc invités à l’accueillir, à lui donner la première place dans notre vie et à faire « tout ce qu’il nous dira » (Jn 2,5). Avec lui, c’est la joie et l’amour qui entrent dans notre vie. Il veut habiter le cœur des hommes.
Alors oui, soyons dans la joie et l’allégresse. Un enfant a dit que « Jésus est le plus beau cadeau de Noël ». Il avait tout compris. Ils sont nombreux dans notre monde ceux et celles qui vont fêter Noël sans penser à cette bonne nouvelle. Tout est prévu, le sapin, les décorations, les cadeaux, le réveillon, mais on n’oublie Celui qui est à l’origine de ces festivités, alors que la bonté de Dieu éclate pour être révélée à tous les hommes « par un peuple ardent à faire le bien » (Tt 2,14).
L’Eucharistie qui nous rassemble en cette fête de Noël nous rappelle que le Christ ne cesse de vouloir nous rejoindre. Il continue à vouloir venir chez les siens. C’est un cadeau extraordinaire qui nous est offert à tous, gratuitement et sans mérite de notre part. Avant la communion, nous entendrons le prêtre nous dire : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde ». Ces paroles ne sont pas que pour l’assemblée qui est présente à l’église. Elles sont pour le monde entier. Le Christ ne demande qu’à se donner à tous. Heureux ceux qui ont un cœur de pauvre pour laisser le Christ entrer dans leur vie.