B 04 MARC 01, 21-28 (14)
Frères et sœurs, les textes bibliques de ce dimanche viennent nous rappeler la présence et l’amour de Dieu dans nos vies. À travers les prophètes d’autrefois et ceux d’aujourd’hui, c’est lui qui nous rejoint et qui nous parle. Son unique souci, c’est de sauver toute l’humanité. « Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu » (Lc 19,10).
C’est cette bonne nouvelle que nous trouvons tout au long de l’Ancien Testament, en particulier dans la première lecture de ce jour (Dt 18,15-20). Cette lecture nous ramène à la fin de la vie de Moïse. Avant de mourir, il promet aux gens de son peuple que Dieu ne les abandonnera pas. Il va continuer à les guider et à les enseigner, même après la disparition de Moïse : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez » (Dt 18,15). Plus tard, les chrétiens reliront ce passage en l’appliquant à Jésus. L’apôtre Pierre comprendra que lui seul, Jésus, a « les paroles de la Vie éternelle » (Jn 6,68). Par conséquent, notre réponse devrait être une attitude d’écoute et d’accueil. « Aujourd’hui ne fermons pas notre cœur mais écoutons la voix du Seigneur » (Ps 94,7-8).
L’épître aux Corinthiens (1Co 7,32-35) nous montre précisément la réponse que le Seigneur attend de nous. Saint Paul nous recommande d’être attachés à Dieu sans partage. Cet appel vient rejoindre ceux qui sont mariés et ceux qui ne le sont pas. Il faut savoir qu’il s’adresse à des gens qui vivent dans le luxe et la luxure. Mais quand on a rencontré le Christ, c’est toute la vie qui est changée. Nous en avons de nombreux témoignages dans la vie de l’Église : Zachée, saint Augustin, saint François, saint Charles de Foucauld, Madeleine Delbrêl. L’important c’est de rester unis au Seigneur, chacun selon sa propre vocation.
L’Évangile de ce jour nous rapporte la première prédication de Jésus. Il est le prophète qui enseigne avec autorité. Il est venu nous révéler le Père et nous enseigner le sens des Écritures. En face de lui, nous sommes appelés à devenir des disciples, des gens qui l’écoutent et le suivent. Je ne me fabrique pas ma religion ; je ne me fabrique pas un Dieu comme ça m’arrange. Je me mets à l’écoute de Jésus qui enseigne.
L’Évangile insiste sur ce point : Jésus enseigne avec autorité et les forces du mal se taisent (Mt 7,29). Il est le Verbe du Père, la Parole de Dieu. Il n’a à se référer à personne d’autre. En lui, habite la plénitude de la divinité. Par rapport aux scribes et aux pharisiens de son temps, c’est tout-à-fait nouveau. Dans leur enseignement, ils se contentaient de répéter ce qui avait été dit avant eux : « Rabbi Untel, bénie soit sa mémoire, disait que… » Avec Jésus, il n’en est pas ainsi : sa seule référence, c’est le Père. « Moi, je vous dis… » (Mt 5,44).
Le récit de l’évangile du jour raconte comment le monde visible et invisible prend acte de la présence du Christ dans le monde. « Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai » (Dt 18,18).
Alors que la vie publique de Jésus ne fait que commencer, les esprits sont les premiers à reconnaître sa puissance et à l’annoncer à tous. Si les esprits et les personnes reconnaissent de l’autorité à Jésus, c’est surtout parce qu’ils se reconnaissent libérés à son contact. Jésus a de l’autorité car il permet aux personnes de devenir les maîtres de leur vie. C’est précisément cela que ne supportent pas toutes les puissances qui cherchent une mainmise sur les autres.
Malgré des apparences étranges, pour les rationnels que nous sommes, ce récit de l’évangile du jour parle bien de nos vies. La présence de Jésus dérange toutes les forces qui se mettent en travers de la libération, de la vie, de la lumière. Leurs réactions permettent de mieux saisir ce qui est à l’œuvre au contact de cet homme. Jésus insère de l’absolu, du décisif dans nos vies. Il nous offre de devenir coauteur de notre existence et nous aide à nous débarrasser des esprits réels ou fictifs qui ont pris le pouvoir sur nous et qui nous tirent vers le bas. C’est en cela que l’enseignement de Jésus est libérateur. Il permet à chacune des personnes rencontrées de grandir en déployant une singularité qui sera précieuse à tous. Jésus donne à voir les oppressions qui nous entravent et met en œuvre le pouvoir pour nous en extraire. Cet évangile confirme que, tôt ou tard, les oppresseurs seront démasqués et que la libération fera son chemin.
Dans la synagogue, il y avait un homme qui était possédé par un esprit impur. Cet esprit ne l’a pas empêché de venir à la synagogue pour écouter l’enseignement de Jésus. Il ne nous empêche pas non plus d’aller à l’église. Un esprit impur, c’est un esprit qui nuit à notre intégrité. Il nous empêche d’être complètement donnés à Dieu. Nous n’entendons que ce que nous avons envie d’entendre. Et nous n’acceptons pas d’être remis en cause. « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? » (Mc 1,24). Autrement dit : « Pourquoi viens-tu nous déranger ? » Cet Évangile doit être reçu comme un appel à la foi. Cela doit être une adhésion amoureuse et pas seulement une simple connaissance.
Chacun ressent Dieu proche. Le récit ne nous donne, hélas, pas à entendre sa savoureuse parole, mais il en montre l’effet immédiat. Le mal qui ne supporte pas la lumière sort de l’ombre et nargue le Maître. Il a pris en otage un innocent, mais Jésus ne négocie pas avec le mal, il expulse l’esprit impur du malheureux aussitôt rendu à sa dignité d’homme libre. Il n’y aura pas de chasse à l’homme, le combat de Jésus est spirituel, un combat contre les démons de mort pour sauver la vie. « Je mettrai dans sa bouche mes paroles » avait promis Dieu à Moïse (Ex 4,15). En paroles et en actes, Jésus est bien plus qu’un prophète !
Jésus est venu pour nous débarrasser de tout ce qui nous empêche d’être nous-mêmes, en particulier des esprits mauvais qui nous détournent de Dieu. Plus tard, il donnera ce pouvoir à ses disciples. La Parole de Dieu manifestée en Jésus est bien plus forte que tous les démons et tous les esprits mauvais. Avec lui, le mal ne peut avoir le dernier mot.
Comme autrefois dans la synagogue, le même Jésus rejoint les communautés réunies en son nom dans toutes les églises du monde. Il nous fait entendre sa Parole. Il vient nous libérer de toutes nos possessions. Ouvrons-nous à cette Parole qui guérit d’elle-même. Avec lui, nos actes et toute notre vie deviendront conformes à cette parole. En accueillant le Christ libérateur, nous pourrons chanter avec encore plus de force : « Ta Parole, Seigneur est vérité, et ta loi délivrance » (AELF/Wackenheim/ADF-Musique). Amen.