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B 28 MARC 10,17-30 (8)

Chimay : 13.10.2024

Frères et sœurs, la Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à faire de bons choix. Dans la première lecture, nous avons le témoignage de Salomon ; lors de sa prière d’intercession, il a demandé le don nécessaire à un roi : « Donne à ton serviteur un cœur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner entre le bien et le mal » (1 R 3,9). Salomon demande donc la Sagesse parce qu’elle est ce qu’il y a de plus précieux pour l’homme. Elle l’emporte sur tous les biens de la création. « Tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable » (Sg 7,9).

Cette recherche de la Sagesse est exigeante. Pour l’acquérir, il faut être prêt à vendre tout, comme celui qui a découvert un trésor dans un champ et vend tout ce qu’il possède pour l’acquérir (Mt 13,44) ou comme le jeune homme riche de l’évangile qui n’a pas su le faire (Mc 10,17-30). Car il ne s’agit pas d’une conquête mais d’un don de Dieu. Dieu ne cesse d’être présent et agissant dans la vie des hommes. Il n’attend qu’une chose : que nous lui ouvrions la porte de notre cœur. Car il se présente à nous comme la Lumière qui vient éclairer nos ténèbres (Jn 8,12).

La lettre aux Hébreux (Hb 4,12-13) nous apporte un autre éclairage : la vraie sagesse, nous ne pourrons l’obtenir qu’en accueillant la Parole de Dieu. Cette parole ne se contente pas de nous instruire, elle agit au plus profond de nous-mêmes. Le chrétien est un homme que la Parole de Dieu a traversé. En nous transperçant comme une épée à deux tranchants, la Parole de Dieu blesse, guérit et libère. Seul celui qui se laisse transpercer par la Parole de Dieu en deviendra le témoin. Lui résister, c’est refuser le Christ et s’enfermer en soi-même. Au contraire, si nous l’accueillons, elle illumine notre vie et nous donne le courage de progresser sur le chemin du bien, de l’amour et du bonheur.

Voilà donc le message de ces deux premières lectures qui nous parlent de la Sagesse et de l’amour. Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus nous est présenté comme Sagesse et Parole de Dieu. Dans ce récit, nous trouvons un homme qui accourt vers Jésus. Tombant à genoux, il lui pose la question qui le préoccupe : « Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Jésus lui répond « qu’il faut observer les commandements ». Sur ce point, notre jeune homme peut se sentir en règle car il les observe depuis sa jeunesse. Alors, Jésus lui propose beaucoup mieux : « Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne-le aux pauvres, puis viens et suis-moi ». Devant le défi, cet homme est reparti tout triste car il avait de grands biens (Mc 10,21-22).

Sans être riches, comme cet homme, nous sommes attachés à nos biens. Nous avons de nombreux fils qui nous empêchent de nous envoler et de vivre pleinement. Nous trouvons plein de prétextes qui nous empêchent d’aller jusqu’au bout de l’alliance avec Jésus, contrairement à ces nombreux missionnaires qui, pendant des siècles, ont tout quitté pour annoncer l’Évangile. Et actuellement, des prêtres africains, indiens et autres quittent leur famille et leur pays pour venir nous évangéliser. Tout cela doit nous interpeller. Partir, ce n’est pas seulement voir du pays, c’est quitter sa famille, risquer sa vie. Choisir le Christ, c’est quitter un frère, une sœur, pour recevoir le centuple ! Quitter une maison pour recevoir un Royaume !

L’évangile d’aujourd’hui nous invite à ne pas fermer notre cœur mais à l’ouvrir à l’infini de Dieu. Malheureusement souvent notre attachement à la pacotille nous empêche d’accueillir le seul vrai trésor qui pourrait nous combler. Ce qui nous est proposé, c’est de nous laisser envahir par le regard et l’amour du Christ. Au jour de notre baptême, nous avons été plongés dans cet océan d’amour qui est en lui. Si nous demeurons en communion avec lui, nous comprenons que ses exigences sont un appel à vivre en plénitude. « Demeurez en mon amour pour que votre joie soit parfaite » (Jn 15,9-11).

C’est donc de renoncement qu’il est question dans l’étonnant face-à-face entre Jésus et le jeune homme fortuné. Celui-ci est un observateur fidèle de la Loi. Il s’entend dire qu’une seule chose lui manque : « Vends ce que tu as et donne-le aux pauvres, puis viens, suis-moi ! » Entrer dans le royaume inauguré par Jésus est difficile. « Lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens » (Mc 10,21-22).

Ici survient une question plutôt délicate : cette exigence de dépouillement ne met-elle pas en veilleuse le combat pour plus de justice sociale ? Prôner la pauvreté évangélique, n’est-ce pas inciter les gens à subir la tyrannie d’un système économique qui écrase les petits ? La réponse est non. Les luttes sociales ont leur légitimité. Mais le chrétien se doit de reconnaître que l’appât effréné du gain durcit, quelquefois jusqu’à la rupture, les relations entre les hommes, et cela à tous les niveaux de l’édifice social, car la cupidité nous guette tous, que l’on soit riche ou moins riche. À quoi il faut ajouter que la mise en garde contre le danger des richesses ne revient nullement à condamner les personnes.    Saint Marc nous dit, à propos de l’homme qui avait de grands biens, que Jésus posa son regard sur lui et l’aima. Cet homme est fidèle aux commandements depuis sa jeunesse et est en quête de la vie éternelle. Mais Jésus le pousse plus loin : « Une seule chose te manque, lui fait remarquer Jésus : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi » (Mc 10,21).

Notre foi est fondée sur la personne de Jésus, le Fils du Dieu vivant. C’est lui la source de notre vie spirituelle et chrétienne. Seulement voilà, le Seigneur exige qu’on renonce à tout pour lui. Comment adhérer à sa Parole, pénétrer toujours plus consciemment dans son intimité, dans une attitude de confiance totale ? Il n’est pas facile d’entendre cet appel à lâcher prise. Il y a tant de choses auxquelles nous sommes attachés. La tristesse peut nous saisir nous aussi. Peut-être sommes-nous plus portés à laisser les rênes au Seigneur quand surviennent la maladie, la perte d’un être cher, un échec professionnel, un écroulement financier… Mais chose certaine, derrière tout ce qui nous arrive demeure toujours le beau projet d’amour et de miséricorde que le Seigneur a formé pour chacun et chacune de nous.

Aujourd’hui comme autrefois, le Seigneur continue à nous appeler. Il compte sur chacun de nous. Au départ, ils étaient douze à suivre Jésus. Aujourd’hui, la petite communauté s’est multipliée par cent millions ; c’est l’action de l’Esprit Saint dans l’Église universelle. La Parole de Dieu s’est répandue dans le monde entier. Nous sommes tous invités à entretenir le feu de sa Parole pour qu’elle continue à illuminer le monde.