C 21 LUC 13,22-30 (17)
Chimay : 24.082025
Frères et sœurs, nous sommes invités ce dimanche à faire un pas de plus sur le chemin de la foi et à changer notre mentalité : par exemple, le vrai Dieu n’est pas le Dieu de quelques-uns ; il est celui qui veut rassembler tous les hommes : c’est cette Bonne Nouvelle que nous trouvons dans le livre du prophète Isaïe (Is 66,18-21) : « Je viens rassembler toutes les nations, de toute langue. Elles viendront et verront ma gloire… » (Is 66,18). Ces paroles de réconfort sont adressées à des croyants qui viennent de vivre une longue période d’exil ; ils ont vécu plus de 50 ans en terre étrangère au milieu des païens. Ils découvrent progressivement que Dieu veut rassembler toutes les nations. La dispersion d’Israël en exil parmi les nations avait pour but non pas d’en faire des païens, mais d’en faire le témoin du Dieu qui veut rassembler toutes les nations.
Cette bonne nouvelle doit être annoncée à tous les peuples. Pour cette mission, Dieu fait appel à des messagers. Ces derniers sont envoyés pour annoncer la gloire de Dieu parmi toutes les nations. Ces messagers, c’étaient les rescapés d’Israël. Les rescapés d’aujourd’hui, c’est nous tous. Nous sommes tous envoyés dans le monde pour y témoigner de l’amour qui est en Dieu. Mais n’oublions pas : c’est lui qui agit dans le cœur de ceux et celles qu’il met sur notre route. C’est lui qui prépare la route et nous conduit. Il veut faire de nous des témoins, pas des manipulateurs.
Pour l’auteur de la lettre aux Hébreux (Hb 12,5-13), ce qui est premier, c’est précisément cet amour de Dieu. Nous ne devons pas en douter, même dans les épreuves. Dieu se comporte avec nous comme un père à l’égard de ses enfants : il n’hésite pas à les conseiller, à les encourager et à les reprendre. Quand on aime, on se met parfois en colère. Ce n’est que bien plus tard que les enfants comprennent les effets bénéfiques de cette colère, de cette éducation. Au moment de l’épreuve, l’important, c’est de ne jamais perdre de vue que Dieu est Amour et qu’Il ne nous veut pas de mal. Il nous aime infiniment, tels que nous sommes, mais il cherche constamment à nous entraîner vers lui. Il est toujours à nos côtés pour nous relever. Son grand projet, c’est de nous rassembler tous dans son Royaume.
L’Évangile nous montre les conditions qui nous permettront d’entrer dans ce grand rassemblement : « Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite » (Lc 13,24), nous dit Jésus. Il ne suffit pas d’accomplir quelques gestes religieux. Ce que le Seigneur attend de nous, c’est une vraie conversion du cœur. Pour pouvoir entrer, nous devons nous libérer des privilèges, des honneurs, des prétentions orgueilleuses qui encombrent notre vie. Toutes les richesses que nous avons accumulées, nous devrons les laisser derrière nous. Pour aller à Jésus, il faut se faire tout petit ; cette porte étroite, c’est celle de la miséricorde. On n’y entre pas sans s’être préparé, sans s’être rapproché de Dieu humblement par la justice et le partage. Le chemin opposé, le chemin large, représente une vie facile et mondaine, mais qui mène à la perdition.
Encore une fois, le vrai Dieu est un “Dieu pour tous”. Son visage n’a rien à voir avec celui que nous proposent tous les fanatismes. Même si les paroles du Christ nous paraissent dérangeantes, nous devons comprendre que ce sont celles de l’Amour. C’est ce que l’apôtre Pierre a compris après le discours sur le Pain de vie : « Tu as les paroles de la Vie éternelle… » (Jn 6,68). Comme l’interlocuteur qui s’adressait à Jésus, nous nous posons la question : « N’y aura-t-il que peu de gens à être sauvés ? » (Jn 13,23). C’est normal de s’en inquiéter. Mais si nous réfléchissons bien, nous comprenons que ce qui est étroit, ce n’est pas la porte, c’est notre cœur. Car l’appel du Seigneur est toujours bien présent : « Convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle » (Mc 1,15).
Cette porte étroite, c’est celle que le Christ a franchie. En mourant sur une croix et en ressuscitant, il nous a ouvert un passage vers la Vie Éternelle. Un jour, il a dit : « Je suis la porte des brebis. Celui qui entrera par moi sera sauvé » (Jn 10,9). Notre entrée dans le Royaume dépend donc de la place que nous donnons au Christ dans notre vie. Le Salut est offert à tous, mais rien n’est possible sans son accueil.
Le chemin de la médiocrité, de l’égoïsme, de la petitesse est grand ouvert… nous le constatons souvent. Mais le chrétien ne se contente pas de ne pas faire le mal, il veut s’ouvrir au bien, à l’amour dans le don de soi, et le Christ nous a montré où cela conduit : Il est le premier à être passé par la porte étroite de la croix. Le chrétien vit du surnaturel : il croit, espère et aime des réalités qu’il ne voit pas, ne touche pas, ne sent pas. L’Ecriture n’exagère pas lorsqu’elle dit que « la vie de l’Homme sur Terre est un combat… » (Job 7,1) ; c’est un combat soutenu par la grâce de Dieu pour croire, espérer et aimer. L’homme de Dieu doit être disposé à lutter pour choisir le Seigneur et son Evangile. À travers cette lutte quotidienne pour croire, espérer et aimer, c’est le désir de Dieu qui se manifeste, un désir conscient, voulu, libre, insistant. « Car ton désir, c’est ta prière ; si le désir est continuel, la prière est continuelle », disait Saint Augustin.
Est-ce que mes références chrétiennes sont solides ? Jésus poursuit en disant que beaucoup de personnes qui pensent qu’elles en font assez vont être étonnées de découvrir qu’elles n’en ont pas fait assez. Elles pensent avoir de bonnes références, mais en réalité elles sont insuffisantes. Ces personnes diront à Jésus qu’elles ont mangé et ont bu avec lui et qu’elles ont reçu l’eucharistie chaque dimanche. Elles témoigneront de combien de fois elles l’ont entendu prêcher et combien elles ont donné à la quête, mais ce ne sera pas suffisant. Cependant, d’autres qui n’ont pas donné l’impression de vivre de manière sainte entreront dans le royaume avant elles. Dans quel groupe serai-je ? Jésus m’avertit : ce n’est pas parce que j’ai le sentiment de faire assez pour lui que je vais être parmi les sauvés. Je dois le suivre avec autant de sincérité et d’honnêteté possible, en faisant la volonté du Père et non la mienne. À la fin de ma vie, la seule chose que j’emporterai pour l’éternité sera l’amour que j’ai pu montrer pour Dieu et pour mon voisin. Même si j’ai les mains vides, on reconnaîtra mon cœur plein d’amour.
Nous obtenons le salut par la grâce de Dieu. Jésus-Christ nous invite à choisir la route de la vie éternelle, celle de la porte étroite. Elle symbolise l’entrée dans une vie de foi et de droiture, caractérisée par la difficulté et la discipline, mais menant à la vie éternelle. C’est une route peu empruntée. C’est celle du dévouement, de l’abnégation et du sacrifice... ce n’est pas une route attrayante car elle ne séduit pas les sens et la suivre demande des efforts quotidiens de notre part. Le Pape François a souligné qu’entrer dans ce projet de vie demande de rétrécir l’espace de l’égoïsme, d’abaisser les hauteurs de l’orgueil ou encore, de vaincre la paresse afin de franchir le risque de l’amour, même quand cela implique la croix. Regardons au-delà des difficultés immédiates et concentrons-nous sur celui qui nous appelle : Jésus-Christ. Il nous a précédés, il nous accompagne, il nous a promis toutes les grâces nécessaires pour parvenir jusqu’à lui. Jésus-Christ nous invite à choisir la route de la vie éternelle, celle de la porte étroite.