Chers frères et sœurs, à travers la première lecture du livre de la Genèse, nous venons d’entendre les propos du serpent qui nous présente une conception de Dieu aux antipodes de sa figure véritable. Comme Adam et Eve, nous souscrivons au propos de Satan, le semeur de troubles, de mensonge et des divisions par excellence de par le monde. Le travail le plus urgent pour combattre le mal sous toutes ses formes consisterait à démasquer les ruses du mauvais.

 Que signifiait pour Adam et Eve l’interdiction de manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu est-il méchant ou bienveillant ? Contrairement aux défigurations de l’image de Dieu que Satan élabore contre lui, le Dieu de Jésus-Christ est le Dieu de tendresse, de pitié lent à la colère et plein d’amour, nous dit le psalmiste. C’est dans l’univers, avec ses richesses et son harmonie, que la Bible trouva sa première leçon sur Dieu et ses perfections (Gen 1, 2). La création, inspire à divers psalmistes des cantiques de louanges à Dieu : « Les cieux racontent la gloire de Dieu, le firmament raconte l’ouvrage de ses mains ». Ce psaume chante aussi les perfections de la Loi : La Loi est parfaite, sans défaut. Elle restaure l’âme, Elle est source de vie et de bonheur.  Elle est véridique, elle est fiable. Limpide, elle éclaire et en même temps clarifie le regard.  Celui qui se penche sur la Loi parfaite de liberté, celui-là trouve son bonheur en la pratiquant (Jac., 1, 25).

Dans l’évangile d’aujourd’hui Jésus nous apprend comment mener nos combats spirituels contre le prince de ce monde.  Demandons au Seigneur de nous donner la grâce d’acquérir un don discernement dont parle saint Paul (Ph 1, 9-10), le tact et la finesse de débusquer les ruses du démon, les faux dieux, les faux prophètes.

- Si tu es Fils de Dieu, ordonne que ces pierres se changent en pain.

L’enjeu est double dans cette tentation :  à savoir la mise en doute de ce qui vient d’être dit à Jésus lors de son baptême : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en qui j’ai mis tout mon amour ». Cette tentation met en cause son identité divine et filiale. « Si tu es le Fils de Dieu fais donc ceci, pour voir si c’est bien vrai. Le tentateur s’appuie sur une affirmation initiale juste, notamment sa filiation divine. Puisque Jésus est Fils de Dieu, il en a la certitude absolue, Il n’a rien à prouver. Il ne répondra à la demande du serpent celle de changer les pierres en pain afin de prouver à la face du monde sa filiation divine. Comme vous le savez, au bord du lac de Tibériade, Jésus multiplia le pain à la foule venue à sa rencontre. Il rendit grâce à son Père pour les cinq pains reçus et les trois poissons, et il la dona à ses disciples pour qu’ils nourrissent ceux que le Père attire à lui. La multiplication des pains n’est pas décrite pour elle-même : chacun des gestes du Christ est riche d’enseignement : la foule qui risque de défaillir en chemin le préoccupe ; l’accueil et l’action de grâce pour les pains reçus d’un enfant, jusqu’au fait de rendre les disciples participants de son action et de l’offrande faite aux foules qui repartent rassasiés. Chaque temps, chaque geste, est marqué par l’amour le plus respectueux, sans aucune volonté d’affirmation de soi ou de culte de sa personnalité ; C’est dans l’affirmation de sa condition humaine et divine que le Christ répond au tentateur : L’homme ne vit pas seulement de pain.

-Alors le diable l’emmène à la ville sainte, le place sur le faîte du temple et lui dit : si tu es le Fils de Dieu, jette-toi en bas car il est écrit : Il donnera l’ordre à ses anges et ils te porteront de peur que tu ne heurtes du pied quelque pierre.

Jésus ne veut nourrir le chantage, forcer Dieu à agir, instrumentaliser son identité de fils de Dieu pas forcer Dieu à agir. L’observance des commandements du Seigneur est pour Jésus une marque de respect pour l’Ecriture et pour Dieu lui-même.   -Le diable l’emmène alors sur une très haute montagne, lui montre tous les royaumes de la terre avec leur gloire et lui dit : Tout cela je te le donnerai si tu tombes à me pied et m’adores. 

En ne se laissant pas prendre au piège, le Christ libère enfin l’humanité de tout ce qui embrouille son esprit et l’empêche de vivre dans une relation authentique, harmonieuse avec son Père. Pour lui, les miracles de Jésus ne sont pas animés par la vaine gloire et l’orgueil. La force de Dieu, n’est pas une force de domination, mais une force d’amour qui va jusqu’au don de soi aux hommes, fussent-ils ses ennemis, une puissance ce l’excès d’amour. La loi du Christ, n’est donc pas simplement une loi proposée de l’extérieur, elle est source de vie et d’amour. Une occasion de prier pour la guerre qui sévit en Ukraine et en République Démocratique du Congo et partout dans le monde ou les conflits sèment la mort et désolation.

Chers frères et sœurs, en ce début du temps de carême, Puisse le Seigneur mettre fin à la violence, à la haine et à l’égoïsme partout dans le monde et à lutter contre les idoles et refuser chercher Dieu où il n’est pas : L’abus du pouvoir et l’hédonisme. Nous sommes invités à prier pour la transformation de notre monde afin qu’il croisse en humanité.