Homélie pour la Pentecôte - année A

Scourmont, 31 mai 2020

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34 ;
1 Co 12,3b-7.12-13 – Jn 20,19-23

 

Le mystère de l’Esprit saint est un mystère de communion.

 

Le mystère de l’Esprit saint est un mystère de communion.

1. L’Esprit connaît les secrets de Dieu et peut les révéler

C’est lui, l’Esprit saint, qui nous fait connaître le mystère de Jésus, Dieu fait homme : « Personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans l’Esprit saint. » Qui serait mieux placé que lui pour nous dire l’origine de Jésus ? L’ange avait dit à Marie à l’Annonciation : « L’Esprit saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre. » C’est l’Esprit qui est le maître d’œuvre de la conception virginale de Jésus ; lui seul sait ce qui s’est passé aux origines ; lui seul peut révéler la vraie personnalité de Jésus.

 

C’est lui seul qui peut nous révéler les secrets de Dieu, comme le dit saint Paul : « Nul ne connaît les secrets de Dieu, sinon l’Esprit de Dieu » (1 Co 2, 11), car « l’Esprit scrute tout, jusqu'aux profondeurs de Dieu » (1 Co 2, 10). Mais l’Esprit ne dit rien de lui-même (Jn 16, 13), car il n’existe pas pour lui-même : il n’est que relation, communion. De là vient la difficulté à parler de ce qu’il est.

2. L’Esprit est communion dans la Trinité

Dans la sainte Trinité, il est la communion entre le Père et le Fils ; il n’est rien sans les deux autres personnes. Comme elles, il n’existe que par et pour les autres. Il peut parler des autres, car il les connaît parfaitement, puisqu’il les fait exister pour ce qu’elles sont – Père et Fils –, en un seul Dieu. Il ne s’agit pas pour nous d’essayer de comprendre tous ces mystères avec notre petite intelligence humaine limitée, mais de contempler comment ils éclairent notre foi et toute notre vie chrétienne.

Si l’Esprit ne peut rien dire de lui-même, c’est qu’il est tout entier pour les autres. Mais nous pouvons le connaître dans son œuvre principale, qui est la révélation du Christ. Quand le Christ nous parle, c’est l’Esprit qui est sa voix. Seul l’Esprit peut parler du Christ en vérité. C’est lui qui nous fait entrer en relation avec le Christ, le Fils de Dieu. Quand nous disons que l’Écriture est inspirée, nous disons qu’elle est œuvre humaine, mais en même temps œuvre de l’Esprit (in-spirée, de « spiritus », esprit). Jésus avait prévenu ses apôtres : « Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira vers la vérité tout entière ; […] il prendra de mon bien pour vous en faire part » (Jn 16, 13-15). Donc, quand j’entends quelque chose sur le Christ, c’est l’Esprit qui me parle, et, en même temps qu’il me parle du Christ, qu’il le révèle, il se révèle lui-même.

3. L’Esprit est communion entre Dieu et nous

L’Esprit est ainsi communion dans la Trinité, mais il est aussi communion entre Dieu et nous. Si nous le recevons dans les sacrements – tous les sacrements donnent l’Esprit, chacun à sa manière –, c’est pour que, par eux, nous soyons unis à Dieu. Et ce qui fait le lien entre Dieu et nous, c’est l’Esprit lui-même. Un Dieu transcendant est totalement inaccessible à l’homme mortel. L’homme essaie bien d’entrer en relation avec la divinité – c’est le but que poursuivent plus ou moins toutes les religions sans jamais y parvenir par elles-mêmes –, et cette démarche est importante, car le cœur de l’homme se dispose ainsi à accueillir la divinité, mais tous ces efforts restent vains si Dieu lui-même ne vient pas habiter le cœur humain, et ce travail de rencontre en profondeur et vérité, c’est l’œuvre de l’Esprit. Comme en Marie, c’est l’Esprit seul qui peut faire naître le Christ en nous.

4. L’Esprit crée la communion entre les hommes

« Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu », dit saint Paul (Rm 8, 14). Tous fils de Dieu, tous frères du Christ, tous frères dans le Christ. L’Esprit de communion dans la sainte Trinité est le même Esprit qui crée la communion entre les chrétiens, entre nous. Il n’y a qu’un seul Corps du Christ, car il n’y a qu’un seul Esprit (cf. Ep 4, 4). C’est l’Esprit seul qui peut rassembler des chrétiens dans l’unité, c’est lui seul qui peut vaincre les forces de division. Et c’est pour cela que la participation aux sacrements est essentielle pour une communauté chrétienne : c’est par eux que le Père nous communique son Esprit de communion pour que nous puissions vivres en frères dans l’Église, dans une communauté. C’est l’Esprit qui nous tient unis ensemble en nous tenant unis à Dieu le Père par son Fils.

5. L’Esprit se répand pour que la communion entre les hommes soit universelle

Juste avant de leur être enlevé, Jésus disait aux siens : « Vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). La force de communion de l’Esprit ne se contente pas, si on peut dire, de ce qui est déjà acquis : elle tend à se propager à toute l’humanité. « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie […] Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. » Le salut est pour toute l’humanité ; c’est toute l’humanité qui tend à être rassemblée par l’Esprit en un seul corps, le Corps du Christ. C’est à elle que les Apôtres sont envoyés en ce jour de Pentecôte. « Recevez l’Esprit Saint, » (Jn 20, 23). « De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19).

6. Conclusion

Cette fête d’aujourd’hui, la Pentecôte, nous montre donc l’œuvre propre de l’Esprit qui est de révéler Jésus aux hommes pour qu’ils soient sauvés et rassemblés dans l’unité. Au-delà de toutes les langues de la terre, c’est lui, la langue de la révélation. En lui, tous les hommes peuvent se comprendre, puisqu’ils se retrouvent frères dans la personne du Christ. C’est cela que nous sommes appelés à vivre dans l’Église, à vivre dans notre communauté : que l’Esprit de communion nous fasse vivre en frères, tous à son écoute lorsqu’il nous révèle les merveilles de Dieu.