Troisième dimanche de Pâques
année A
Scourmont, 23 avril 2023
Ac 2, 14… 33 – Ps 15
1 P 1, 17-21 – Lc 24, 13-35
Notre Créateur nous mène vers sa Gloire
Ce troisième dimanche de Pâques est marqué par cet évangile des disciples d’Emmaüs. Nous connaissons bien cet épisode, que nous entendons également chaque année aux vêpres du Jour de Pâques. Aussi, je vous propose de le mettre de côté et de relire ensemble la deuxième lecture de cette messe, extraite de la première lettre de saint Pierre. C’est un texte moins connu, mais qui est centré lui aussi sur la foi en notre Seigneur ressuscité. Il demande à être lu mot à mot, avec attention, pour en saisir toute la profondeur.
1. Dieu est notre Père
« Bien aimés, si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre… » Dieu le Père est impartial dans son jugement : il juge chacun de nous selon ce qu’il fait, ce qu’il vit en fonction de sa foi. C’est un point essentiel pour les chrétiens : le Seigneur sait ce que nous faisons chaque jour, et notre salut en dépend. C’est ainsi que nous le reconnaissons comme notre Père : il nous considère comme étant déjà ses fils et il nous appelle à le devenir en vérité ; il veut que cette filiation nous transforme complètement : devenir ses fils donne à notre humanité une tout autre dimension. Celui qui juge impartialement chacun de nous est vraiment notre Père, et nous pouvons l’invoquer sous ce titre : « si vous invoquez comme Père celui qui juge impartialement chacun selon son œuvre… »
Si nous vivons sur cette terre sans considérer Dieu comme notre Père, alors notre attitude à son égard se limite à la crainte : « Vivez dans la crainte de Dieu. » Notre relation avec lui peut se présenter de multiples manières. Vis-à-vis de lui, nous devons avoir du respect, de la crainte, comme si nous étions des étrangers pour lui, même si nous sommes déjà unis à lui. Il est Dieu pour nous ; il s’est fait proche de nous dans l’incarnation de son Fils. « Vivez dans la crainte de Dieu, pendant le temps où vous résidez ici-bas en étrangers. » Nous sommes un peu des étrangers, car nous ne sommes pas encore dans le Paradis, dans notre résidence finale, même si nous y sommes appelés. Alors, comme des étrangers, nous vivons dans l’espérance de réaliser pleinement notre vocation de devenir les fils du Père éternel.
2. Notre salut
Saint Pierre écrit encore : « Ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères. » Durant notre vie terrestre, nous devons toujours penser à notre situation réelle. Nous avons hérité de la part de nos pères, les êtres humains, d’une conduite superficielle, marquée par le péché, qui conditionne encore de nos jours notre existence. Oui, notre existence attend encore qu’un salut lui vienne de la part de celui qui l’a créée et sauvée.
Car nous ne sommes pas sauvés par des biens corruptibles, mais « par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ », selon le texte de l’épître. Il est toujours bon de remettre le Christ au cœur de notre vie chrétienne. Ce qu’il a vécu dans sa passion glorieuse nous touche profondément : c’est le sang de cet agneau sans tache qui nous apporte le salut, qui nous donne la vie. Le salut apporté par ce héros divin nous donne de pouvoir orienter toute notre existence vers Dieu : nous sommes sauvés par lui.
« Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. » Toute l’histoire du salut de l’humanité est centrée sur le Christ. C’est lui qui nous sauve jour après jour. C’est bien que nous nous souvenions de lui lorsqu’il nous arrive d’en douter, car notre existence ne doit pas reposer seulement sur la crainte de Dieu, qui n’est qu’une première étape : le Seigneur Jésus nous a montré lui-même l’amour infini qu’il a pour nous.
Et c’est donc une longue histoire qui nous atteint et nous transforme. Comme dit l’Apôtre Pierre : « Dès avant la fondation du monde, Dieu l’avait désigné (le Christ) d’avance et il l’a manifesté à la fin des temps à cause de vous. » Nous le savons, le projet de Dieu est éternel, il a été conçu « dès avant la création du monde » ; il l’a manifesté à la fin des temps, lorsque l’humanité a été prête à le recevoir. Telle doit être notre attitude aujourd’hui. Dieu nous offre Jésus comme Sauveur. En lui, nous devons être prêts à vivre notre foi en Dieu.
3. L’union avec la personne du Christ nous donne le salut
« C’est bien par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire. » Le temps pascal, avec toute sa liturgie, est un temps privilégié pour vivre en vérité et dans la paix notre foi en Dieu, qui se développe dans la résurrection de Jésus. Le fils de Marie a tout reçu de son Père, le Seigneur de gloire. Et c’est par lui que nous recevons la vie divine. « Ainsi (c’est par lui que) vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu. » Ce temps de célébration du Christ ressuscité est essentiel pour une véritable existence chrétienne.
4. Conclusion
Avec d’autres mots, c’est sans doute ce qu’avait annoncé Jésus aux deux disciples d’Emmaüs. « Partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait », comment il avait dû supporter toutes les souffrances de sa passion pour entrer dans sa gloire.
C’est à la même démarche que chacun de nous est appelé. Notre foi en Dieu commence humblement ; elle oriente toute notre existence pour que nous devenions ses disciples. Et puis, peu à peu, notre Créateur fait de nous ses amis, et nous oriente même jusqu’à ce que nous devenions ses fils, ce qui est le but de toute vie chrétienne. Devenir dans le Christ des fils du Père : c’est cela qui est proposé à tout chrétien, à tout disciple, à chacun de nous. Nous serons alors tout prêts à entrer dans la vie éternelle.