Homélie pour la Pentecôte

année A

Scourmont, 28 mai 2023

Ac 2, 1-11 ; Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34 ;
1 Co 12,3b-7.12-13 – Jn 20,19-23

 

Croire en l’Esprit saint

La liturgie de la Pentecôte est marquée par une révélation plus explicite de l’Esprit saint. Jésus dit à ses apôtres : « Recevez l’Esprit saint. » Mais qu’est-ce que l’Esprit saint ou qui est l’Esprit saint ? Pour répondre à ces questions, il ne suffit pas de lire les évangiles : on n’y trouve pas vraiment de réponse explicite. Alors ce que je vous propose, c’est de prendre connaissance de ce qu’a découvert et exprimer notre Église sur ce sujet au long des siècles. Je vais m’inspirer très largement de ce qu’elle a écrit dans son Catéchisme, dont la première édition date de 1992. Quelques-uns d’entre vous l’ont certainement dans leur bibliothèque, mais il est probable que peu de personnes l’ont lu en entier. Alors je vais le citer largement sur ce thème de l’Esprit saint. Et vous pourrez aller le consulter ensuite.

1. Jésus est connu par l’Esprit saint

(683) « Nul ne peut appeler Jésus Seigneur sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3). « Dieu a envoyé dans nos cœurs l’Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! » (Ga 4, 6). Connaître Jésus par la foi n’est possible que dans l’Esprit saint. On peut connaître l’homme Jésus, savoir qu’il a existé, qu’il a eu des disciples ; mais seul, l’Esprit peut nous inspirer de croire que Jésus est Dieu en même temps qu’il est homme. Seul, l’Esprit peut nous introduire dans la foi chrétienne. Et c’est pour cela que la troisième personne de la Trinité est essentielle dans notre existence.

2. Le Père est connu par l’Esprit

(684) L’Esprit Saint est le premier dans l’éveil de notre foi et dans la vie nouvelle qui est, pour le chrétien, de connaître le Père et celui que le Père a envoyé, Jésus-Christ (Jn 17, 3). Même si nous n’en avons pas forcément conscience, c’est l’Esprit qui est le premier à l’œuvre en nous. (685) Croire en lui, c’est donc croire, professer qu’il est l’une des trois Personnes de la Trinité Sainte, consubstantielle au Père et au Fils. Tout dans notre foi chrétienne passe par l’Esprit. C’est par lui que commence tout notre salut. C’est par lui que se répandent l’Église, la communion des saints, la rémission des péchés, la résurrection de la chair, la vie éternelle, comme le dit le Credo.

3. La très sainte Trinité est révélée par l’Esprit, qui ne se révèle pas lui-même

(687) « Personne ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu », comme le dit saint Paul (1 Co 2, 11). L’Esprit nous fait connaître le Christ, sa Parole vivante, mais il ne dit rien de lui-même. Celui qui a parlé par les prophètes nous fait entendre la Parole du Père, qui s’est révélé à nous dans le Fils. Mais lui, nous ne l’entendons pas ; il nous dévoile le Christ mais il ne parle pas de lui-même (Jn 16, 13). Nous ne le connaissons que dans le mouvement où il nous révèle le Verbe, là où il nous dispose à l’accueillir dans la foi. Le monde ne peut pas recevoir l’Esprit, parce qu’il ne le voit pas, il ne le connaît pas. Mais ceux qui croient au Christ connaissent l’Esprit parce qu’il demeure avec eux (Jn 14, 17). Oui, l’Esprit habite en nous, et c’est lui qui nous révèle le Christ. Tel est un aspect très important du mystère de le Trinité.

4. Connaître l’Esprit saint dans l’Église

(688) L’Église est le lieu où nous pouvons connaître l’Esprit saint. Nous pouvons le connaître dans les Écritures (nous croyons qu’elles sont inspirées, qu’elles n’existent que par l’Esprit) ; cela se réalise aussi dans la tradition, les Pères de l’Église et le Magistère ; dans la liturgie sacramentelle, les signes de la vie apostolique et missionnaire, et le témoignage des saints ; cela se réalise dans la prière, personnelle ou communautaire, et aussi, pour chaque chrétien, dans sa vie intime et personnelle. Nous ne connaissons l’Esprit que dans la mesure où il est à l’œuvre avec nous. Nous savons que tout ce qui est bon en chacun de nous ne peut venir que de l’Esprit saint.

5. La mission conjointe du Père et du Fils

(689) Durant ce temps pascal, nous avons évoqué, dans la liturgie, la situation du Verbe de Dieu ressuscité, qui se révèle aux croyants, qui s’est révélé à nous. Quand le Père envoie son Verbe, il envoie toujours son Souffle, l’Esprit : dans cette mission conjointe pour sauver l’humanité, le Fils et l’Esprit Saint sont distincts mais inséparables. C’est ce que nous fêtons particulièrement en ce jour de la Pentecôte. Certes, c’est le Christ qui paraît, Lui, comme étant l’Image visible du Dieu invisible, mais c’est l’Esprit Saint qui Le révèle. (690) La mission de l’Esprit d’adoption est d’unir au Christ les enfants adoptés par le Père dans son Corps et de les faire vivre en lui. On pourrait donc dire que l’action du Christ passe toujours par l’Esprit.

6. Conclusion

(731)  En ce jour de fête de la Pentecôte (au terme des sept semaines pascales), la Pâque du Christ s’accomplit ; elle trouve sa plénitude dans l’effusion de l’Esprit Saint. Cet Esprit est manifesté, donné et communiqué comme la troisième Personne divine. Depuis la plénitude de sa résurrection, le Christ répand à profusion l’Esprit saint (cf. Ac 2, 33-36), et c’est pour cela que la fête de la Pentecôte vient comme en conclusion du Temps pascal.

(739) En ce jour, nous méditons sur l’Esprit Saint, la Tête du Corps du Christ. Jésus répand l’Esprit dans ses membres pour les nourrir, les guérir, les organiser dans leurs fonctions mutuelles, […] pour les associer à son offrande au Père et à son intercession pour le monde entier.

(741) « L’Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut ; mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables » (Rm 8, 26). Demandons-lui de participer par Lui à la vie du Seigneur ressuscité et désormais glorifié auprès du Père. Ensemble, sous sa conduite, nous rejoindrons la vie éternelle.