25ième dimanche du Temps ordinaire A
Frères et Sœurs,
parce qu’il écrit son évangile pour des judéo- chrétiens,
S. Matthieu a surtout le souci de montrer
que la loi donnée à Moïse doit s’accomplir
dans la foi au Christ.

 

La parabole que nous venons d’entendre,
comme toute parabole,
est porteuse d’une dimension qui la dépasse.

Face à une parabole comme celle des ouvriers de la 11ième heure il faut donc se demander :
« QU’EST- CE QUE JÉSUS VEUT DIRE À TRAVERS CETTE
HISTOIRE. »

Il y quelques dimanches
après la belle parabole du semeur,
les disciples dirent à Jésus :
« POURQUOI LEUR PARLES-TU EN PARABOLES ? »
Jésus leur répondit :
« À VOUS,
IL EST DONNÉ DE CONNAÎTRE LES MYSTÈRES
DU ROYAUME DES CIEUX,
MAIS À EUX CE N’EST PAS DONNÉ PARCE QUE,
leur dit jésus : LE CŒUR DE CE PEUPLE S’EST ALOURDI :
ILS SONT DEVENUS DURS D’OREILLE,…
ILS SE SONT BOUCHÉ LES YEUX
POUR QUE LEURS YEUX NE VOIENT PAS,
POUR QUE LEURS OREILLES N’ENTENDENT PAS,
POUR QUE LEUR CŒUR NE COMPRENNE PAS… »

MAIS VOUS - dit Jésus à ses disciples :
« HEUREUX VOS YEUX PARCE QU’ILS VOIENT
ET VOS OREILLES PARCE QU’ELLES ENTENDENT ! »

La parabole des OUVRIERS DE LA VIGNE
n’est qu’une histoire inventée par Jésus
pour annoncer UN MESSAGE
qui n’a plus rien grand-chose à voir avec LA LETTRE de cette parabole.

À vrai dire, ce qui intéresse au plus haut point Jésus
c’est de montrer COMMENT Dieu se comporte
avec ce qu’il aime par-dessus tout dans sa création :
l’humanité…TOUTE L’HUMANITÉ.

Comme Dieu le dit par la bouche du prophète Ézéchiel :
« ILS SERONT MON PEUPLE ET JE SERAI LEUR DIEU. »
dans la Bible, le peuple de Dieu est souvent représenté comme LA VIGNE DU SEIGNEUR.
LA VIGNE DU SEIGNEUR… nous y sommes.
en effet, dans la parabole,
il est question D’UN MAÎTRE AYANT UNE VIGNE.
Ce maître embauche.
« LE MAÎTRE DU DOMAINE SORTIT AU PETIT JOUR
AFIN D’EMBAUCHER DES OUVRIERS POUR SA VIGNE.
IL SE MIT D’ACCORD AVEC EUX
SUR UN SALAIRE D’UNE PIÈCE D’ARGENT
POUR LA JOURNÉE, ET IL LES ENVOIE À SA VIGNE ? »

Quant aux autres, venus ensuite,
il n’est même pas question d’un salaire:
« JE VOUS DONNERAI CE QUI EST JUSTE» dit le maître.

Quand vinrent les derniers
– il ne restait plus qu’une heure à travailler – il leur dit :
« POURQUOI ÊTES-VOUS RESTÉS LÀ,
TOUTE LA JOURNÉE À NE RIEN FAIRE ? »
Ils répondirent :
«PARCE QUE PERSONNE NE NOUS A EMBAUCHÉS. »
Ils leur dit : « ALLEZ, VOUS AUSSI À MA VIGNE. »

« LE SOIR VENU, LE MAÎTRE DE LA VIGNE
RÈGLE SES COMPTES EN COMMENÇANT PAR CEUX QUI N’ONT TRAVAILLÉ QU’ UNE HEURE. »
Avec ceux-ci, le maître n’avait rien convenu.
Il ne leur dit même pas: « vous aurez ce qui est juste. »
HEUREUSEMENT….que le maître ne leur a rien dit
parce que ce que le maître leur donne
n’a pas plus rien à voir avec ce qui est juste.
Les ouvriers de LA PREMIÈRE HEURE,
s’attendaient évidemment à recevoir plus,
mais eux,
ils sont les seuls avec qui le maître avait fixé
le montant de la journée.
Alors ce qu’ils reprochent au maître de la vigne
c’est la disproportion du salaire accordé aux ouvriers venus bien longtemps après eux…
eux qui ont endurés le poids du jour et de chaleur.
« CES DERNIERS VENUS, N’ONT TRAVAILLÉ QU’UNE HEURE ET TU LES TRAITE COMME NOUS. »

Entrons un peu plus avant dans la compréhension
du ROYAUME DES CIEUX…..
car c’est bien du Royaume qu’il s’agit.
Cette parabole commence par ces mots :
« LE ROYAUME DES CIEUX EST COMPARABLE AU MAÎTRE D’UN VIGNOBLE… »

Demandons - nous qui sont pour l’histoire religieuse
CES OUVRIERS DE LA PREMIÈRE HEURE.
Ces ouvriers de la première heure
ce sont les premiers appelés,
le peuple de la promesse.
Oui ! le peuple de l’élection qui est conduit par les gens en place : les pharisiens, les scribes…
ceux qui ont autorité sur le peuple.

À propos de ces « OUVRIERS DE LA PREMIÈRE HEURE »
nous en retrouvons un écho dans une autre parabole
-ô combien célèbre – celle de L’ENFANT PRODIGUE.
Dans cette parabole,
le FILS AINÉ ou, si vous voulez, le premier venu,
comme LES OUVRIERS… DE LA PREMIÈRE HEURE,
le fils ainé reprochant à son père ses largesses
envers « TON FILS QUE VOILÀ » dira-t-il avec mépris.
N’avons-nous pas là quelque chose de semblable
à nos ouvriers de la première heure
lorsqu’ils reprochent au maître de la vigne
ses largesses envers ceux
qui n’ont pas subi le poids du jour et de la chaleur.

Autre référence encore :
la parabole du PHARISIEN ET DU PUBLICAIN.
Le pharisien dans une soi-disant prière pleine de suffisance
disant à Dieu son mépris pour le publicain qui,
tout en baissant la tête n’a qu’une parole à la bouche :
« SEIGNEUR,
PRENDS PITIÉ DU PÉCHEURS QUE JE SUIS. »
Et Jésus d’ajouter à l’adresse de celui qui se croit
« LE DERNIER » :
« CELUI-CI RENTRA CHEZ LUI JUSTIFIÉ…
MAIS PAS L’AUTRE. »

Dans ces trois paraboles,
les premiers venus ont le cœur dur et sont scandalisés
du traitement qui est réservé aux seconds venus.

Ainsi dans la parabole que nous venons d’entendre
le maître répond à l’un des premiers venus à la vigne :
« MON AMI, JE NE TE FAIS AUCUN TORT…
« N’AI-JE PAS LE DROIT DE FAIRE CE QUE JE VEUX DE MON BIEN ?»
Jésus veut amener ses auditeurs à comprendre
ce qu’est LE ROYAUME DES CIEUX.
Au ch.6 en s. Matthieu, Jésus dit clairement :
« CHERCHEZ LE ROYAUME DES CIEUX
ET LA JUSTICE DE DIEU
ET TOUT LE RESTE VOUS SERA DONNÉ PAR SURCROIT.»
LA JUSTICE DE DIEU : c’est ce qui est fondamentalement en question
dans la PARABOLE DES OUVRIERS DE LA VIGNE.
Or, la justice de Dieu,
ce n’est pas la justice des hommes.

La justice des hommes c’est une justice commutative… fruit de la raison pour une saine justice sociale
c’est donc, bien entendu, une justice raisonnable
et qui doit être respectée.
Et c’est ça que LES OUVRIERS DE LA PREMIÈRE HEURE attendaient du maître de la vigne.
Mais la JUSTICE DE DIEU n’est pas la justice des hommes.
« CHERCHEZ LE ROYAUME DES CIEUX
ET LA JUSTICE DE DIEU. » dit jésus.
la JUSTICE DE DIEU…c’est une affaire de cœur.
Un cœur qui ne calcule pas.
« UN CŒUR QUI A SES RAISONS
QUE LA RAISON DES OUVRIERS DE LA PREMIÈRE HEURE NE CONNAÎT PAS. »

Frères et Sœurs,
Personne ne peut dire qu’il n’est pas digne
du ROYAUME DES CIEUX.
Ce royaume est ouvert à tous
que ce soient LES OUVRIERS DE LA 11IÈME HEURE,
que ce soit LE FILS PRODIGUE,
que ce soit LE PUBLICAIN et même LE PHARISIEN,
personne ne doit se dire à priori exclu
du royaume des cieux
car tous sont objet de la miséricorde infinie du père.
Il nous suffit d’avoir un coeur décentré
de nous-mêmes
afin qu’il trouve son centre dans le Christ.
C’est déjà le royaume des cieux qui s’instaure partiellement ici-bas
en vue de s’accomplir éternellement …dans l’au-delà.