31ième dimanche A
Frères et Sœurs,
Depuis plusieurs dimanches
l’évangile nous met en présence des Pharisiens et consorts essayant, mais en vain, de prendre Jésus en défaut.
De son côté,
Jésus se heurte à l’incrédulité
à la méchanceté des Pharisiens
parce qu’ils se rendent compte que Jésus est une menace pour eux
et tout particulièrement une menace pour la situation acquise qui est la leur :
-leur influence,
-leur pouvoir sur le peuple…
Mais gardons-nous bien de mettre tous les pharisiens
dans le même sac.
Il y a Nicodème soucieux de s’instruire
et qui prendra la défense de Jésus
avant de se préoccuper de l’embaumement de son corps.
Oui ! Le Pharisien Nicodème
et bien sur… il y a le grand s. Paul,
l’insurpassable Pharisien qui devint l’apôtre des nations.
Ceci étant dit,
les Pharisiens laissent dans l’histoire et plus particulièrement dans les évangiles une renommée qui n’est pas à envier.
Mais qui sont-ils vraiment ?
Les Pharisiens sont, pourrait-on dire,
une secte de juifs religieux séparés du peuple
dans une optique de sanctification.
Ils ont une parfaite connaissance des lois
qu’ils interprètent avec précision.
Ce sont des docteurs de la Loi.
Jésus le sait. Il le reconnait et le dit :
« LES SCRIBES ET LES PHARISIENS
ENSEIGNENT DANS LA CHAIRE DE MOÏSE.
PRATIQUEZ DONC – dit Jésus - ET OBSERVEZ TOUT CE QU’ILS PEUVENT VOUS DIRE ».
De part leurs études et leur souci de sanctification,
ils ont un prestige considérable sur le peuple.
Mais Jésus n’est pas dupe.
Il y a le vice des Pharisiens,
à savoir que leur comportement est faussé par
le mensonge…
et pourtant
ils ne trompent pas et ne se trompent pas
lorsqu’ils commentent LA LOI DE MOÏSE :
« PRATIQUEZ DONC ET OBSERVEZ TOUT CE QU’ILS
PEUVENT VOUS DIRE » dit Jésus en ajoutant cependant :
« MAIS N’AGISSEZ PAS SELON LEURS ACTES,
CAR ILS DISENT ET NE FONT PAS ».
En S. Jean, Jésus dit à l’adresse des pharisiens :
« VOTRE PÈRE, dit Jésus, C’EST LE DIABLE
…LORSQUE CELUI-CI PROFÈRE LE MENSONGE,
IL PUISE DANS SON PROPRE BIEN PARCE QU’IL EST
MENTEUR ET PÈRE DU MENSONGE.
Oui ! Les Pharisiens suivent la loi de Moïse
mais ils se bornent à ce qu’elle soit appliquée par le peuple.
Ils avaient établis plus de six cent lois
qui pesaient sur les épaules du peuple comme un carcan
« MAIS EUX – dit Jésus dans l’évangile de ce jour –
NE VEULENT PAS LES REMUER DU DOIGT ».
S’il leur arrive de poser des actes en soi respectables..ils pèchent par leur suffisance ;
Dans la parabole où Jésus oppose LE PUBLICAIN AU PHARISIEN, nous trouvons :
« LE PHARISIEN, DEBOUT, PRIAIT AINSI EN LUI-MÊME :
« MON DIEU JE TE RENDS GRÂCES
DE CE QUE JE NE SUIS PAS COMME LES AUTRES HOMMES,
QUI SONT VOLEURS,
MALFAISANTS,
ADULTÈRES,
OU ENCORE COMME CE COLLECTEUR D’IMPÔTS.
JE JEÛNE DEUX FOIS PAR SEMAINE,
JE PAIE LA DÎME DE TOUT CE QUE JE ME PROCURE ».
« NON –dit Jésus- N’AGISSEZ PAS SELON LEUR ACTES ».
Or, c’est là qu’il nous faut chercher
où se situe la fausseté du Pharisien ;
où se situe son mensonge.
Le mensonge est engendré par le diable
puisque celui-ci est « LE PÈRE DU MENSONGE », comme le dit Jésus.
Du mensonge qui,
cela va de soi, engendre la suffisance.
Le menteur est suffisant.
« MOI - dit le Pharisien de la parabole
« JE NE SUIS PAS COMME CE PUBLICAIN..
Alors que ce dernier par humilité
n’osait pas relever la tête.… en se reconnaissant pécheur.
Le Pharisien est orgueilleux par sa suffisance,
le Pharisien est menteur : parce qu’il dit et ne fait pas.
Pour que le Pharisien s’en sorte,
il ne lui reste ,ô paradoxe ,
qu’a de se mettre à l’école du publicain
et COMME CE PUBLICAIN, SE RECONNAÎTRE PÉCHEUR en implorant la miséricorde divine.
Ce fut le cas du grand s. Paul qui se considérait comme le dernier des avortons.
Oui ! Méditons l’immense humilité de ce grand pharisien qu’est devenu S. Paul.
Nous l’entendions dans la seconde lecture lorsqu’il s’adresse aux Thessaloniciens :
« FRÈRES, C’EST EN TRAVAILLANT NUIT ET JOUR,
POUR N’ÊTRE À CHARGE D’AUCUN D’ENTRE VOUS,
QUE NOUS VOUS AVONS ANNONCÉ L’EVANGILE DE DIEU ».
Frères et sœurs,
Jésus déclarait à la foule et à ses disciples
de ne pas suivre l’exemple des Pharisiens et notamment :
« NE DONNEZ À PERSONNE LE NOM DE PÈRE,
CAR VOUS N’AVEZ QU’UN SEUL PÈRE,
CELUI QUI EST AUX CIEUX ».
Cette consigne de Jésus transcende les temps
et garde donc toute son actualité à l’égard de ceux qui garderaient cette appellation.
Ce sont les prêtres qui sont plus particulièrement visés.
Qu’ils ne se fassent plus appeler « pères »…
à moins qu’ ils n’exercent leur ministère dans la mouvance de la paternité de Dieu.
Que les paroles et les gestes de leur sacerdoce
s’accomplissent dans l’obéissance à la volonté du Père.
Quand est-il des pères de famille ?
Tombent-ils sous cette même prescription ?
Ecoutons ce que dit l’auteur libanais Khalil Gibran dans un petit ouvrage devenu très célèbre intitulé : « Le Prophète » :
« Et une femme qui tenant un bébé contre son sein dit,
parle-nous des Enfants.
Et il dit :
Vos enfants ne sont pas vos enfants.
Ce sont les fils et les filles du désir de Vie.
Ils arrivent à travers vous mais non pas de vous.
Et quoi qu’ils soient avec vous,ils ne vous appartiennent pas.
…
Vous pouvez tenter d’être comme eux,
mais n’essayez pas de les rendre comme vous
….
Vous êtes les arcs qui projettent vos enfants comme des flèches vivantes
….
Car, si l’Archer aime la flèche qui vole,
Il aime aussi l’arc qui est stable ».
Alors, la paternité des papas
– et la maternité des mamans n’est jamais bien loin-
la paternité à l’égard de leurs enfants
est très proche de ce que doit être la paternité des prêtres, comme cela vient d’être souligné.
Les prêtres et les parents ont ainsi l’éminente vocation
d’exercer à l’égard des enfants à eux confiés,
la paternité spirituelle –
la paternité qui est celle du Père
et qui conduit à ce Père céleste.
Dans notre évangile, Jésus ajoute enfin:
« NE VOUS FAITES PAS NON PLUS APPELER MAÎTRES,
CAR VOUS N’AVEZ QU’UN SEUL MAÎTRE, LE CHRIST. »
Alors, à tous les enseignants
en commençant par l’instituteur,
que l’on appelle encore parfois comme le rapporte une chanson pleine de respect et de tendresse, intitulée: « Monsieur le maître d’école ».
Eux aussi ont l’éminente charge d’enseigner
les plus jeunes principalement par leur exemple.
A eux, plus précisément Jésus leur dit :
« METTEZ-VOUS À MON ÉCOLE ET APPRENEZ DE MOI
QUE JE SUIS DOUX ET HUMBLE DE CŒUR ».
Heureux les enfants et les jeunes
qui ont des prêtres, des parents et des enseignants
« doux et humbles de cœur »
afin qu’ils soient pour ceux dont ils ont la charge des « maîtres à vivre ».