Baptême de Jésus A
Frères et Sœurs,
Ce petit passage d’évangile en S. Matthieu
se présente comme une porte d’entrée concernant le ministère de Jésus.
En effet,
il s’agit bien – pour Jésus – d’une entrée…dans sa vie publique selon l’expression consacrée,
mais cette entrée à quelque chose d’insolite :
il s’agit ni plus ni moins du BAPTÊME DE JÉSUS et,
qui plus est,
un baptême de pénitence
car le baptême de Jean consiste bien pour ceux qui se présente à ce baptême
d’ une reconnaissance de leur condition de pécheurs
et de leur nécessaire conversion.
Etant donné qu’il s’agit de Jésus,
n’y-a-t-il pas ici erreur sur la personne….
C’est bien la conviction de Jean Baptiste :
« C’EST MOI QUI AI BESOIN
DE ME FAIRE BAPTISER PAR TOI,
-dit le Baptiste- ET C’EST TOI QUI VIENS À MOI ! »
« JÉSUS, nous l’avons entendu…c’est le début de l’évangile d’aujourd’hui :
JÉSUS,ARRIVANT DE GALILÉE
PARAÎT SUR LES BORDS DU JOURDAIN, ET VIENS À
JEAN POUR SE FAIRE BAPTISER PAR LUI. »
S’il y a, impeccablement parlant,
UN JUSTE SUR TERRE,
c’est bien lui…JÉSUS DE NAZARETH.
A la réaction de Jean Baptiste, Jésus répond :
« POUR LE MOMENT, LAISSE-MOI FAIRE ;
C’EST DE CETTE FAÇON QUE NOUS DEVONS ACCOMPLIR
PARFAITEMENT CE QUI EST JUSTE. »
ACCOMPLIR PARFAITEMENT CE QUI EST JUSTE. »
Jésus veut annoncer de quelle façon
il veut accomplir sa mission de justice…
Justice divine qui n’a rien à voir avec la façon dont normalement s’exerce la justice parmi les hommes.
En effet,
LE FILS DE DIEU
VA SE METTRE À LA PLACE DES PÉCHEURS
tout en leur donnant -car il s’agit bien d’un don-
tout en leur donnant
d’AVOIR EN PARTAGE
SA PLACE À LUI DE FILS DE DIEU.
Pour en arriver à cette possibilité inouïe,
Jésus ne fait pas semblant de se charger du péché de l’humanité.
Jésus prend sur lui ce péché
qui est REFUS DE SE LAISSER AIMER PAR DIEU ;
par ce REFUS DE SE LAISSER AIMER PAR DIEU,
car c’est bien de ce péché qu’il s’agit,
Jésus se présente donc au baptême de Jean-Baptiste
comme un pécheur :
alors qu’un jour il dira :
« QUI DE VOUS ME CONVAINCRA DE PÉCHÉ ? »
Lui le Saint par excellence prend sur lui,
le péché du monde .
Puisque le péché est le refus de Dieu,
le péché du monde est à ce point peccamineux qu’il ne peut se trouver en présence du Dieu trois fois Saint.
Cette opposition entre DIEU, d’une part,
et LE PÉCHÉ DU MONDE, d’autre part,
est telle qu’au jardin des oliviers
Jésus va vivre une agonie tellement insoutenable qu’il ne pourra que reprendre le psaume 21 :
« PÈRE, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? »
Ce n’est pas son divin Père qui abandonne son Fils
car ce Père qui a des entrailles de miséricorde,
partage davantage encore, s’il est possible,
la souffrance…de son Fils dont la voix du Père
venant des cieux au sujet de ce Fils dit :
« CELUI-CI EST MON FILS BIEN –AIME ;
EN LUI J’AI MIS TOUT MON AMOUR. »
Mais pourquoi alors Jésus dans une angoisse inqualifiable
peut-il dire : « PÈRE, POURQUOI M’AS-TU ABANDONNÉ ? »
C’est parce que le péché que le Christ a pris sur lui
il n’a pas fait semblant de le prendre ;
l’a pris vraiment sur lui.
Aussi,
ce péché,
ce refus humain de se laisser aimer par Dieu,
ce péché-là
ne peut se tenir en présence de Dieu.
Ce n’est pas Dieu qui abandonne le pécheur,
c’est l’homme enlisé dans son péché qui s’éloigne de Dieu.
Et Jésus à pris sur lui le péché de l’homme pécheur
afin le ramener sur le chemin de la filiation divine.
Si le péché ne peut se tenir en présence de Dieu
n’oublions jamais que Dieu ne confond pas LE PÉCHEUR AVEC SON PÉCHÉ.
Pour Dieu, tout être humain reste toujours enfant de Dieu,
enfant de Dieu que Dieu veut désencombrer de son péché
si le pécheur y consent.
C’est ce que nous raconte
la parabole de « l’enfant prodigue » ;
ce dernier reste toujours l’enfant de son père.
Ce sera le cas du publicain qui, au temple,
se reconnaissant pécheur accède par la même
au baptême de désir qui est pour lui,
le baptême que donne J.B.
par lequel baptême on se reconnaît pécheur.
« LE PUBLICAIN S’EN RETOURNE CHEZ LUI JUSTIFIÉ, »
rendu juste,
remis à sa juste place devant Dieu.
Tandis que le pharisien s’en retourne chez lui «gros jean comme devant ».
Ce pharisien se croyait tellement « juste » à ses propres yeux.
Le passage d’évangile de ce dimanche ajoute :
« DÈS QUE JÉSUS FUT BAPTISÉ, IL SORTIT DE L’EAU ;
VOICI QUE LES CIEUX S’OUVRIRENT…. »
Or, la grande attente d’Israël se fait entendre par le prophète Isaïe au ch.63 :
« AH, SI TU DÉCHIRAIS LES CIEUX
ET SI TU DESCENDAIS…POUR FAIRE CONNAÎTRE TON
NOM À TES ADVERSAIRES… »
L’adversaire de Dieu
c’est l’esprit du Mal qui taraude le cœur humain
et maintient l’humanité dans son péché.
« AH, SI TU DÉCHIRAIS LES CIEUX… »
Et voici que lors du baptême de jésus
cette prière d’Isaïe est exaucée :
« VOICI QUE LES CIEUX S’OUVRIRENT
– nous dit l’évangile que nous venons d’entendre -
« ET JÉSUS VIT L’ESPRIT DE DIEU DESCENDRE
COMME UNE COLOMBE ET VENIR SUR LUI. »
L’expression « COMME UNE COLOMBE »
fait allusion vraisemblablement aux tous premiers mots
du livre de la Genèse
où il est question de la création du monde :
« L’ESPRIT DE DIEU PLANAIT SUR LES EAUX.. »
à la manière d’un grand souffle…
le souffle de l’Esprit.
Il s’agit ici, au baptême de Jésus,
de la nouvelle création
où l’humanité, fleuron de la création divine,
l’humanité va pouvoir se retrouver JUSTE à sa place
devant Dieu
grâce à celui qui prend la place des pécheurs….
Jésus le Bien-Aimé du Père.
Quant à S. Paul avec une audace inouïe, il écrira dans sa deuxième lettre aux Corinthiens,5,21 :
« CELUI QUI N’AVAIT PAS CONNU LE PÉCHÉ,
DIEU L’A, POUR NOUS,
IDENTIFIÉ AU PÉCHÉ, AFIN QUE ,PAR LUI,
NOUS DEVENIONS JUSTE À NOTRE PLACE DEVANT
DIEU. »
Et notre place devant Dieu – excusez du peu –
c’est tout simplement NOTRE FILIATION DIVINE
en ne faisant qu’un par la foi avec le Fils unique de Dieu au sujet duquel la voix venue du ciel proclame :
« CELUI-CI EST MON FILS BIEN-AIMÉ ;
EN LUI J’AI MIS TOUT MON AMOUR. »
Frères et Sœurs,
Un professeur de théologie noud disait :
« Depuis le Christ, on ne peut plus séparer ces deux termes, à savoir : pécheurs et pardonnés,
car si nous restons pécheurs en vertu de notre liberté,
nous sommes DES PÉCHEURS PARDONNÉS :
c’est la toute la raison du sacrement de la réconciliation .
Par cette réconciliation,
Jésus donne au pécheur d’accéder à la place
qui est la sienne à lui
afin que nous soyons nous, par grâce,
ce que lui est par nature : « FILS DE DIEU. »
Dans l’évangile de Matthieu,
juste avant le passage que nous avons entendu, Jean-Baptiste dit :
« MOI JE VOUS BAPTISE DANS L’EAU
POUR VOUS AMENER À LA CONVERSION ;
MAIS CELUI QUI VIENT APRÈS MOI EST PLUS FORT QUE MOI :JE NE SUIS PAS DIGNE DE LUI ÔTER SES SANDALES ; LUI VOUS BAPTISERA DANS L’ESPRIT SAINT ET DANS LE FEU. »
« DANS LE FEU » est une explicitation
du rôle de l’Esprit qui purifie
et pour le dire de façon plus précise encore :
c’est « l’Esprit Saint qui nous sanctifie. »
Ce baptême qui nous sanctifie, nous l’avons reçu.
C’est le baptême des chrétiens qui,
outre notre condition humaine nous ouvre
à la condition divine.