Christ-Roi B
Frères et Sœurs,
Nous sommes, aujourd’hui,
le dernier dimanche de l’année liturgique
qui se couronne par la fête du Christ, Roi de l’univers.
Dans la première lecture,
le prophète Daniel nous donne une vision éblouissante :
« JE VOYAIS VENIR AVEC LES NUÉES DU CIEL
COMME UN FILS D’HOMME. »
Nous savons
que Jésus pour ne pas compromettre sa mission,
se présentait comme « le Fils de l’homme »
étant donné le caractère à la fois mystérieux et évocateur de ce vocable.
« TOUS LES PEUPLES – écrit le prophète Daniel-
TOUTES LES LANGUES LE SERVAIENT,
SA SOUVERAINETÉ EST UNE SOUVERAINETÉ
QUI NE PASSERA PAS ET SA ROYAUTÉ,
UNE ROYAUTÉ QUI NE SERA PAS DÉTRUITE. »
Cette prophétie que nous entendons comme première lecture est admirablement confirmée
par S. Jean dans le livre de l’Apocalypse.
Très belle représentation du Christ Jésus
apparaissant revêtu de la dignité royale
et, qui plus est, le souverain des rois de la terre.
Après ces deux lectures qui magnifient
LA ROYAUTÉ DU CHRIST.
Quel contraste avec l’extrait de l’évangile selon S. Jean
nous rapportant le dialogue entre Jésus et Pilate
au cours du procès qui conduira Jésus à la crucifixion
et que, paradoxalement,
Jésus proclame être son heure de gloire.
Après avoir plusieurs fois dit que son heure
n’était encore venue,
Toutefois, dans l’admirable dialogue au puits de Jacob,
JÉSUS DIRA À LA SAMARITAINE :
« L’HEURE VIENT,- ET MAINTENANT ELLE EST LÀ
OÙ LES VRAIS ADORATEURS ADORERONT
LE PÈRE EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ. »
Le DON DE L’ESPRIT permet
de connaître et d’adorer DIEU COMME PÈRE.
S. Paul écrira aux Galates(4,6) :
« DIEU A ENVOYÉ DANS NOS COEURS
L’ESPRIT DE SON FILS,QUI CRIE EN NOUS :PÈRE ! »
Jésus précise : « ADORER EN ESPRIT ET EN VÉRITÉ. »
LA VÉRITÉ !
Le passage de l’évangile de S. Jean
que nous propose la liturgie de ce jour
s’arrête sur ces paroles de Jésus : »
« QUICONQUE APPARTIENT À LA VÉRITÉ ÉCOUTE MA VOIX. »
Or la phrase qui suit immédiatement le passage d’évangile que nous venons d’entendre et que la liturgie n’a pas retenu pour ce dimanche est celle-ci :
« PILATE DIT À JÉSUS :« QU’EST-CE QUE LA VÉRITÉ? »
Cette question de Pilate
suggère à la fois
son scepticisme personnel
et l’incapacité du pouvoir politique
de se placer au point de vue de Jésus,
au point de vue de LA VÉRITÉ.
Un peu avant son arrestation,
Jésus dit à ses disciples :
« J’AI ENCORE BIEN DES CHOSES À VOUS DIRE
MAIS, ACTUELLEMENT,
VOUS N’ÊTES PAS À MÊME DE LES SUPPORTER;
Et Jésus ajoute :
« LORSQUE VIENDRA L’ESPRIT DE VÉRITÉ,
IL VOUS FERA ACCÉDER À LA VÉRITÉ TOUT ENTIÈRE…»
Revenons à l’entretien de Jésus avec Pilate,
Celui-ci demande à Jésus :
« ES-TU LE ROI DES JUIFS ? »
Jésus répond :
« MA ROYAUTÉ N’EST PAS DE CE MONDE. »
Mais Pilate ne comprend pas.
Pas plus que les juifs
qui témoins de ce que dit Jésus et de ce qu’il fait
essayent de s’emparer de lui pour le faire roi.
Mais Jésus leur échappe et il s’enfuie dans la montagne.
Ce que les juifs voudraient
c’est un roi qui chasserait le pouvoir impérial.
Non seulement les juifs mais même ses disciples,
lorsque Jésus ressuscité leur apparait
pour la première fois après sa résurrection,
comme le rapporte le début du livre des Actes des apôtres,
ses disciples lui demandent :
« SEIGNEUR, EST-CE MAINTENANT QUE TU VAS RÉTABLIR LE ROYAUME D’ISRAËL ? »
Sous entendu
la restauration nationale en chassant l’occupant romain.
Les disciples n’ont pas compris
que le Royaume de Jésus n’est pas de ce monde
tout en étant cependant dans ce monde.
Il faudra le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte
qui transformera le cœur des disciples
en UN CŒUR D’APÔTRES.
Nul ne comprendra la royauté de Jésus
Que s’il accède à la foi en sa résurrection.
Nous sommes ici devant une royauté spirituelle,
c’est-à-dire UNE ROYAUTÉ SELON L’ESPRIT DE DIEU,
munie de la seule force de l’Esprit de Dieu.
Si ce roi est libérateur,
c’est au sens profond de la libération des cœurs.
Le cœur humain,
c’est ce qu’il ya de plus profond dans le nature humaine.
On pourrait dire :
c’est la part de l’homme dont Dieu se réserve.
« SI QUELQU’UN M’AIME,
MON PÈRE L’AIMERA.
NOUS VIENDRONS À LUI
ET NOUS FERONS EN LUI NOTRE DEMEURE. »
Ô combien il en coûte à Dieu…son amour pour l’humanité.
Pilate croyant satisfaire l’effervescence juive
fait flageller Jésus…mais ce n’est qu’un début.
Vient ensuite l’ignominie des soldats romains
qui parodient la royauté de Jésus.
Pour eux – et par eux- Jésus sera couronné d’épines.
en guise de sceptre, symbolisant sa souveraineté,
Jésus reçoit un roseau.
Sur les épaules une loque rouge
comme manteau de pourpre, la couleur royale.
Et, en expression d’hommage…
les crachats des soldats.
Alors Pilate présente Jésus aux juifs en disant :
« VOICI L’HOMME. »
Là, Pilate dit la vérité…
car s’il y a UN HOMME
PROFONDÉMENT HUMAIN DANS CE DRAME,
C’EST JÉSUS.
En le voyant, les grands prêtres se mirent à crier :
« CRUCIFIE-LE ! CRUCIFIE-LE ! »
C’est ainsi que pour trône royal …
Jésus sera cloué sur la croix.
Sur la croix, les bras étendus.
C’est ainsi que Jésus sera fixé dans la mort.
Et il aura
les bras largement ouverts lorsqu’il sera ressuscité…
pour accueillir tous ceux qui le reconnaîtront comme Roi.
Roi de l’univers…à commencer par cet univers qu’est le cœur humain…souvent impénétrable.
« CE QUI SORT DE LA BOUCHE PROVIENT DU CŒUR
–dit Jésus-
ET C’EST CELA QUI REND L’HOMME IMPUR.
DU CŒUR EN EFFET PROVIENNENT LES PENSÉES MAUVAISES, MEURTRES,… et le reste…
qui détruit la personne humaine mais aussi les relations interpersonnelles.
FRÈRES ET SŒURS,
étant donné les circonstances, permettez cette digression
qui n’est pas étrangère à la fête du Christ Roi
car il faut garder la confiance, en l’occurrence
la confiance dans le Christ doux et humble de cœur ;
Oui ! confiance en Jésus
Mais à l’égard de ceux qui sont sous l’emprise du Mal,
vigilance maximale.
Nous le savons, tout particulièrement ces jours-ci.
Ces jeunes terroristes sont avant tout des pauvres.
Des marginalisés sans occupation dans un monde où ils ne se sentent pas chez eux.
Les vrais responsables sont des adultes protégés
qui abusent de la fragilité des jeunes.
Il faut en être conscient en étant avant tout soucieux de
l’éducation de cette jeunesse dont leur idéal est tronqué.
Oui ! Il faut garder confiance dans le Christ vainqueur du mal par le bien,
cette confiance dans le Christ grandit la personne humaine,
ce qui donne accès à l’Amour aux couleurs de la divinité.
Un Amour qui va jusqu’à l’accomplissement de l’amour.
Cet accomplissement de l’Amour
C’est finalement le pardon.
Aux disciples se trouvant face
à une SITUATION HUMAINEMENT IMPOSSIBLE(Mc 9,27),
c’est un peu la nôtre.
Jésus leur répond« OUI ! AUX HOMMES C’EST IMPOSSIBLE
MAIS PAS À DIEU, CAR TOUT EST POSSIBLE À DIEU. »
Nous avons chanté ce matin ce psaume 129 :
« SI TU RETIENS LES FAUTES, SEIGNEUR,
SEIGNEUR, QUI SUBSISTERA ?
MAIS PRÈS DE TOI SE TROUVE LE PARDON
POUR QUE L’HOMME TE CRAIGNE. »
Pour vraiment pardonner ainsi, il faut être du côté de Dieu
où pour le dire autrement, ne faire qu’un avec le Christ Doux et humble de coeur
En effet, c’est sur la croix, les bras ouverts,
ces bras qui resteront éternellement ouverts
pour accueillir toute l’humanité,
c’est sur la croix,
ce gibet, instrument de supplice,
devenu pour nous, objet de fierté,
c’est de la croix que Jésus prononce ces paroles inouïes
et qui seront ses toutes dernières paroles avant de mourir:
« PÈRE PARDONNE-LEUR…
ILS NE SAVENT PAS CE QU’ILS FONT »
Jésus le Fils de Dieu s’adresse à son Père.
Il est aussi
Notre Père des cieux qui n’est que miséricorde
Le pardon,
premier pas incontournable pour une vraie réconciliation.
Tel est « DIEU QUI SE FAIT HOMME AFIN QUE L’HOMME DEVIENNE DIEU. » dit S. Irénée de Lyon.
Ce n’est pas nous qui sommes la mesure de Dieu…
c’est DIEU QUI NOUS ÉLÈVE À SA MESURE.
Or, «LA MESURE D’AIMER POUR DIEU
EST D’ AIMER SANS MESURE. » dit S. Bernard.
Heureux sommes-nous si, dès ici-bas,
nous accueillons, dans notre cœur, « comme locataire »
le Christ Roi
pour nous façonner un cœur miséricordieux
comme Notre Père est miséricordieux.