Dimanche de Pâques B - 2012
Frères et Sœurs,
CE MATIN-LÀ…au lendemain du sabbat
c’est-à-dire le premier jour de la semaine
puisque chez les juifs,
la semaine se termine avec le sabbat.
Donc, le lendemain,
qui allait devenir le dimanche :
LE JOUR DU SEIGNEUR POUR LES CHRÉTIENS…
Ce matin du jour de Pâques,
on court à Jérusalem !
C’est d’abord Marie-Madeleine :
« ELLE SE REND AU TOMBEAU DE GRAND MATIN
nous dit l’évangile en précisant
« QU’IL FAIT, ENCORE SOMBRE. »
Jérusalem est encore endormie,
c’est le moment pour Marie-Madeleine d’aller silencieusement se recueillir près du tombeau…
pleurer celui qui lui a peut-être rendu
ou mieux qui lui a donné un sens à sa vie.
Mais quel ne fut pas son étonnement :
« LA PIERRE A ÉTÉ ENLEVÉE DU TOMBEAU. »
Aussitôt, « ELLE COURT ANNONCER LA FÂCHEUSE NOUVELLE À SIMON-PIERRE. »
Car pour elle, il n’y a pas d’autre possibilité :
ON A ENLEVÉ LE CORPS DÉFUNT.
En courant elle doit vraisemblablement penser :
« Jésus a tant souffert avant de mourir,
et, une fois mort…on lui en veut encore. »
« A Simon-Pierre elle déclare profondément émue :
« ON A ENLEVÉ LE SEIGNEUR DU TOMBEAU, dit-elle
ET NOUS NE SAVONS PAS OÙ ON L’A MIS. »
Sans hésiter,
« SIMON-PIERRE AINSI QUE JEAN
QUI ÉTAIT À SES CÔTÉS SE RENDENT AU TOMBEAU. »
Eux aussi courraient !
Suivons-les !
Suivons surtout Jean…
non pas parce qu’étant le plus jeune il arrive le premier au tombeau,…
mais parce que Jean,
-LE DISCIPLE QUE JÉSUS AIMAIT-
c’est ainsi qu’il se désigne dans son évangile,
peut-être par modestie pour ne pas citer son nom.
Bref ! suivons Jean
parce que c’est lui qui permet d’entrer
- non pas dans le tombeau…
mais d’entrer dans le mystère incommensurable
dans cette situation
qui vient de se produire à propos de Jésus.
Car,
si Pierre détient les clefs du Royaume des cieux,
Jean détient la clef du mystère pascal.
LE MYSTÈRE !
pour bien comprendre ce que recouvre ce terme :mystère
comparons le à son contraire;
le contraire du mot MYSTERE c’est le mot problème.
Un problème
on l’aborde de l’extérieur
pour en saisir les données afin d’y trouver une solution.
Il en va tout autrement d’un mystère dans un contexte religieux qui est bien le cas ici.
Si le problème est une donnée qui reste extérieur à soi ;
le mystère, il faut nécessairement entrer dedans pour en saisir le sens.
Par exemple,
pour saisir la beauté d’un vitrail d’une église,
il faut entrer dans cette église pour en percevoir la beauté colorée du vitrail…
Ainsi,
il faut entrer dans le mystère
pour en saisir la signification.
S. Jean
ayant laissé l’apôtre Pierre entrer avant lui dans le tombeau
y entre à son tour.
L’évangéliste ajoute en parlant de lui-même :
« IL VIT ET IL CRU »
«Il regarde le linceul resté là,
et le linge qui avait recouvert la tête,
non pas posé avec le liceul,
mais roulé à part, à sa place . »
Cela, Pierre l’a vu aussi.
Peut-être que Jean, plus clairvoyant,
plus perspicace,
comprend que si le corps avait été enlevé,
comment serait-il possible
que le linge soit resté là à sa place alors que le corps n’y est plus.
Pour Jean,
est-ce le signe péremptoire
que le corps n’a pas été enlevé par malveillance.
Mais, qu’est-il advenu du corps de Jésus ?
Peut-être bien que saint Jean, ce grand contemplatif,
se recueille ;
il rentre en lui-même…
C’est dans le silence intérieur
que la lumière surnaturelle jaillit.
Et Jean sait…pour en avoir fait l’expérience
combien l’amitié de Jésus, pour lui,
lui donnait des raisons de vivre.
Il sait aussi,
bien avant « le petit prince » de Saint-Exupéry…
« que l’on ne voit vraiment bien qu’avec le cœur. »
Jean a vu avec les yeux du cœur
ce qui faisait vivre Jésus
et Jean en connait les raisons
ou plus précisément
Jean connait LA RAISON DE VIVRE DE JÉSUS :
C’EST SON PÈRE !
Nous pouvons, d’une part,
percevoir quelle est l’affection que Jésus a pour son père,
et qu’elle est, d’autre part,
la tendresse paternelle pour
CELUI EN QUI LE PÈRE A MIS TOUT SON AMOUR.
Jean, en entrant dans le mystère de l’amour,
« JEAN A VU ET IL A CRU. »
N’est-ce- pas la grâce du contemplatif que de contempler spirituellement l’invisible.
et quiconque a gardé un cœur d’enfant a ce pouvoir merveilleux d’être là comme s’il contemplait l’invisible.
JEAN A VU
L’AMOUR DU PÈRE POUR SON FILS
ET C’EST CET AMOUR-LÀ QUI A RESSUSCITÉ JÉSUS.
Dans l’évangile de Jean,
les tout derniers mots de Jésus avant de mourir sur la croix sont : « TOUT EST ACCOMPLI ».
Jésus ressuscitant le matin de Pâques,
le matin du « passage »,
Jésus peut dire à son Père:« PÈRE,MISSION ACCOMPLIE »
Pour « NOTRE PÈRE QUI EST AUX CIEUX »
le plus beau geste qu’il attendait de son Fils,
n’était-ce pas de voir se réaliser en Jésus
la réconciliation de l’humanité avec son Dieu.
Mais réconciliation humano-divine à quel prix ?
Par combien de souffrances pour le Fils ?
Et combien de souffrance pour le Père ?
Nous savons bien que quiconque aime de tout son cœur se rend vulnérable à la souffrance.
Il en va de l’amour
comme du grain de blé tombé en terre..
qui, en renonçant à lui-même donne beaucoup de fruit.
un fruit de vie.
La vie, c’est le signe et le fruit d’un amour digne de ce nom..
Frères et Sœurs,
nous savons bien que l’amour vrai
est source de vie
et peut-être…plus étonnant encore,
l’amour peut être la cause d’une authentique résurrection.
Ressusciter c’est passer
– passer c’est le sens du mot « Pâques »-
Ressusciter
c’est passer de la vie humaine à la vie divine ;
c’est là tout le sens de notre baptême.
N’oublions pas,
n’oublions jamais la leçon de Pâques,
c’est une leçon de vie…divine.
Et, pour l’heure,
nous allons nous tourner vers le Père…pour lui rendre grâce
par le Fils
avec lui
et en lui…
parce que personne ne va au Père sans passer par lui.
Enfin, nous repartirons de cette célébration
avec nos raisons de vivre intensément…
gardant au cœur cette confidence de Jésus :
« COMME LE PÈRE M’A AIMÉ,
MOI AUSSI – dit Jésus- JE VOUS AI AIMÉ.
« AIMEZ-VOUS LES UNS-LES-AUTRES
DE L’AMOUR DONT JE VOUS AI AIMÉ. »
Alors,…vraiment…notre joie est la joie de vivre !
c’est la joie de Pâques.