5ième dimanche du temps ordinaire B
Frères et Sœurs,
le livre de Job dont nous avons entendu un bref passage comme première lecture
n’est pas au sens strict de l’expression un récit historique.
Le livre de Job, toute proportion gardée,
serait plus proche du genre roman.. ;
un roman où l’auteur défend
LA THÈSE DE L’HOMME MEURTRI PAR LA SOUFFRANCE
ET QUI, en fin de compte, RESTE OUVERT À DIEU.

 

Pour décrire le drame intérieur de la personne humaine,
ce genre littéraire dont il est question
permet, au-delà des apparences,
d’aller jusqu’à la jointure de l’âme et du corps.

Job,…. c’est bien de lui qu’il s’agit,
est meurtri par delà sont son corps jusque dans son âme.
Tous les siens sont morts,
les autres, soi-disant amis, l’excommunient.
Pourtant cet homme juste… a sa fierté,
il affirme solennellement sa certitude
d’une intervention de son Rédempteur.

Cette certitude se transforme en une foi en sa propre résurrection.
Au sixième poème, c’est Job qui dit :
« JE SAIS BIEN, MOI,
QUE MON RÉDEMPTEUR EST VIVANT,
QUE LE DERNIER, IL SURGIRA SUR LA POUSSIÈRE.
ET APRÈS QU’ON AURA DÉTRUIT CETTE PEAU
QUI EST MIENNE,
C’EST BIEN DANS MA CHAIR
QUE JE CONTEMPLERAI DIEU.
MES YEUX LE VERRONT, LUI, ET IL NE SERA PAS
ÉTRANGER.
MON CŒUR EN BRÛLE AU FOND DE MOI. »

Ces malheurs qui atteignent Job sont sur mesure pour nous introduire dans le passage d’évangile selon S. Marc,
où, nous venons de l’entendre,
il est largement question de maladie, de souffrance, de malheur.

Nous avons là, en Marc 1,29, une journée type de Jésus ;
journée qui est révélatrice quant à sa mission.
Jésus vient de quitter la synagogue de Capharnaüm
où il enseignait comme nous le rapportait l’évangile entendu dimanche dernier.
Cette précision n’est pas facultative :
ENSEIGNER, annoncer la Bonne Nouvelle,
c’est la part essentielle du ministère de Jésus.
« ON ÉTAIT FRAPPÉ PAR SON ENSEIGNEMENT
CAR IL ENSEIGNAIT EN HOMME QUI À AUTORITÉ
ET NON COMME LES SCRIBES. »
En homme qui a autorité,
ce mot est forgé à partir de la même racine que le mot auteur….qui veut dire : CELUI QUI FAIT GRANDIR,
CELUI QUI RELÈVE,
CELUI QUI REMET SUR PIED.
Jésus crée, entretient DES RELATIONS
QUI VALORISENT LA PERSONNE HUMAINE.
Nous venons de l’entendre :
« À PEINE SORTI DE LA SYNAGOGUE,
JÉSUS ACCOMPAGNÉ DE JACQUES ET DE JEAN
ALLA CHEZ SIMON ET ANDRÉ :
ce sont les quatre premiers appelés auprès de Jésus.
D’emblée, S. Marc nous dit que
« LA BELLE-MÈRE DE SIMON ÉTAIT AU LIT AVEC DE LA
FIÈVRE.
SANS PLUS ATTENDRE, ON PARLE À JÉSUS DE LA
MALADE.
JÉSUS S’APPROCHA D’ELLE,
LA PRIT PART LA MAIN, ET LA FIT LEVER… »
le verbe : LEVER utilisé ici est le même
que Jésus emploie pour désigner la résurrection.
Pour Jésus, faire lever quelqu’un de souffrant
c’est le SIGNE, ou pour mieux le dire encore :
c’est la PREUVE d’UNE VIE qu’il apporte en plénitude
à la personne humaine : LA VIE DIVINE.
S. Marc nous dit :
« LA FIÈVRE LA QUITTA ET ELLE LES SERVAIT.
LE SOIR VENU, APRÈS LE COUCHER DU SOLEIL,
c’est-à-dire à la fin du sabbat, du coup
IL DEVENAIT ALORS POSSIBLE DE LUI AMENER TOUS LES MALADES ET CEUX QUI ÉTAIENT POSSÉDÉS
PAR DES ESPRITS MAUVAIS… »
Attention !
Ici, il n’y a qu’un pas pour ne voir en Jésus
que le côté GUÉRISSEUR… sans plus ;
c’est justement ce que Jésus ne veut pas être.
Être guérisseur, c’est bien.
mais révéler à tout le genre humain…
sans exception qu’il a Dieu pour Père,
c’est tout autre chose.
Or, c’est pour cela que le Verbe est venu :
nous révéler un Père plein de miséricorde.
Il y a de la marge entre être un simple guérisseur
et être l’envoyé du Père miséricordieux :
un Père dont lui, Jésus,
est l’unique chemin qui y conduit,

Cette révélation du Père est essentielle, pour Jésus,
et elle risquerait d’être compromise
en ne découvrant en Jésus qu’un guérisseur.
C’est pourquoi Jésus évite de tomber dans le piège.
En effet, pour Jésus,
tous les humains sont appelés à être enfants de Dieu.
Vocation que S. Jean confirme avec fermeté
lorsqu’il écrit : « NOUS SOMMES ENFANTS DE DIEU
ET NOUS LE SOMMES VRAIMENT. »
Bien sûr, Jésus fera, occasionnellement,
des guérissons tantôt pris de pitié et de compassion,
tantôt ce sera pour confirmer sa mission,
mission qui, elle, est d’un tout autre ordre.
Au chapitre suivant,
en S. Marc, mais aussi en S. Matt. et en S. Luc,
il est question de la guérison d’un paralysé.
un bel exemple qui nous montre JÉSUS JUSTIFIANT
la personne humaine en la libérant de son péché :
« VOYANT LEUR FOI, JÉSUS DIT AU PARALYSÉ:
« MON FILS, TES PÉCHÉS SONT PARDONNÉS. »
« QUELQUES SCRIBES ÉTAIENT ASSIS LÀ
ET RAISONNAIENT EN LEURS CŒURS :
« POURQUOI CET HOMME PARLE-T-IL AINSI ?
IL BLASPHÈME.
QUI PEUT PARDONNER LES PÉCHÉS SINON DIEU SEUL ? »
CONNAISSANT AUSSITÔT EN SON ESPRIT
QU’ILS RAISONNAIENT AINSI EN EUX-MÊMES,
JÉSUS LEUR DIT :
« POURQUOI TENEZ CES RAISONNEMENTS EN VOS
CŒURS. »
QU’Y A-T-IL DE PLUS FACILE, DE DIRE AU PARALYSÉ :
« TES PÉCHÉS SONT PARDONNÉS,
OU BIEN DE DIRE :
« LÈVE-TOI, PRENDS TON BRANCARD ET MARCHE.
EH BIEN,- ajoute Jésus- AFIN QUE VOUS SACHIEZ QUE
LE FILS DE L’HOMME A AUTORITÉ POUR PARDONNER LES PÉCHÉS SUR LA TERRE – IL DIT AU PARALYSÉ :
« JE TE LE DIS :
LÈVE-TOI, PRENDS TON BRANCARD ET VA DANS TA
MAISON. L’HOMME SE LEVA… »
Le malheur sous toutes ses formes trouve sa source
dans cette FORCE MALÉFIQUE ou encore DIABOLIQUE
c.à.d. UNE FORCE QUI DIVISE
tandis que L’ESPRIT SAINT, d’une tout autre nature, est
cette FORCE QUI CONSTRUIT ET FORTIFIE L’UNITÉ.
« QU’ILS SOIENT UN- dira Jésus en parlant de ses disciples- COMME TOI TU ES EN MOI ET MOI EN TOI…

À l’égard de cette foule de souffrants…
Jésus ressent le besoin de prendre de la distance
non pour fuir cette foule
car c’est d’abord pour elle qu’il est venu.
S’il prend de la distance…
c’est pour rester par-dessus tout
dans l’intimité avec son Père afin de mieux revenir vers
les autres…TOUS LES AUTRES pour qui il est envoyé.

Nous venons de l’entendre dans l’évangile:
« LE LENDEMAIN, nous dit S. Marc,
BIEN AVANT L’AUBE, JÉSUS SE LEVA.
IL SORTIT ET ALLA DANS UN ENDROIT DÉSERT,
ET LÀ IL PRIAIT.
SIMON ET SES COMPAGNONS SE MIRENT À SA
RECHERCHE.
QUAND ILS L’ONT TROUVÉ, ILS LUI DISENT :
« TOUT LE MONDE TE CHERCHE. »
MAIS JÉSUS LEUR RÉPOND :
« PARTONS AILLEURS, DANS LES VILLAGES VOISINS,
AFIN QUE LÀ AUSSI JE PROCLAME LA BONNE NOUVELLE DU ROYAUME;
CAR C’EST POUR CELA QUE JE SUIS SORTI. »
Voilà,pourrait-on dire,une journée de Jésus à capharnaüm
Tout d’abord,
UN ENSEIGNEMENT dans la synagogue le jour du sabbat,
après quoi il vient chez Simon
et GUÉRIT LA BELLE-MÈRE de celui qui deviendra Pierre.
il reste un moment avec ses premiers amis de mission :
l’amitié se forge avec le temps.
Ensuite, les mille et une attentions de SA MISÉRICORDE
et sa journée se termine par un long temps de PRIÈRE :
c’est dans LA PRIÈRE que se trouve le secret pour Jésus!
De cette journée à Capharnaüm comme de tant d’autres on pourrait dire :
JÉSUS EST PASSÉ EN FAISANT LE BIEN.
FRÈRES ET SŒURS,
la première lecture et celle de l’évangile sont fortement marquées par la souffrance, le malheur…
Pourquoi tant de souffrances…. en ce temps-là
et pourquoi tant de souffrances en notre temps ?
Ce n’est pas en Dieu qu’il faut trouver la cause
Dieu est toujours du côté de la victime.

Et Jésus dans la prière du « Notre Père »
met sur nos lèvres : « DÉLIVRE-NOUS DU MAL. »
du mal qui est l’apanage du Malin.
La science médicale, entre autres,
permet des progrès considérables
dont on ne peut que féliciter les hommes de science et ceux de la tehnique….
mais qu’on le veuille ou non
LE MAL EST LÀ COMME INSCRIT DANS NOS GÈNES.
Devant le mal qui reste un mystère,
regardons la croix et le Christ crucifié :
GRÂCE À LUI, LE MAL ET SON CORTÈGE MORTIFÈRE N’ONT PAS DE PLACE DANS LE ROYAUME.
Ce royaume qui n’est pas de ce monde
le Christ nous convie à le chercher.
Le dernier mot, on pourrait le laisser à Paul Claudel.
« LE CHRIST, dit Claudel,
N’EST PAS VENU SUPPRIMER LA SOUFFRANCE,
IL N’EST MÊME PAS VENU L’EXPLIQUER…
IL EST VENU LA REMPLIR DE SA PRÉSENCE. »